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Splinter : l’art de communiquer avec le plus grand que soi

19 mars 2021

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On les dirait tout droit sortis de terre. Sur la place des Festivals, six monolithes édifient une mystérieuse architecture. Ils n’attendent que vous pour s’animer et entamer spontanément une envoûtante chorégraphie lumineuse et sonore, changeante au gré de vos mouvements. Rencontre les concepteurs de Splinter : Hugo Laliberté et Jonathan Jeanson cofondateurs du studio Ottomata et Pierre-Luc Gauthier, directeur de production chez Jack World.

POUR UN TEL PROJET, IL FALLAIT UNIR LES FORCES. COMMENT EST NÉ LA COLLABORATION ENTRE VOS DEUX ENTREPRISES ?

HL : La plupart des projets de la série Luminothérapie au Quartier des spectacles sont réalisés en collaboration : il est tout à fait naturel de s’allier pour réaliser des œuvres interactives de cette ampleur. Chez Ottomata, on est spécialistes en interactivité et en immersion, mais il nous fallait l’expertise de Jack World pour mener à bien la fabrication et l’exécution. La dimension matérielle est fondamentale dans le projet Splinter, et nous, on est davantage doués pour la dimension technologique.

PLG : Une fois que nos amis d’Ottomata ont bien établi le concept, chez Jack World, on s'occupe d'en faire la conception technique. Nos dessinateurs ont rapidement élaboré les monolithes sur papier, ils ont réalisé la conception 3D et on passe graduellement à l'étape de fabrication. Nous avons aussi pensé la mise en place des monolithes sur le site et de procéder à leur installation.

SPLINTER PROPOSE UN MONDE MYSTÉRIEUX D’OMBRES ET D’ENTITÉS EN MOUVEMENT SUR DES MONOLITHES. D’OÙ VIENT CETTE IDÉE ?

HL : L’inspiration première est la science-fiction. Les univers de science-fiction nous enthousiasment et, pour nous, ils font écho au mystère entourant la fabrication des monolithes par les humains, des milliers d’années avant Jésus-Christ, dans un monde où l’atteinte d’une telle précision technique nous paraît improbable. Les entités sont ainsi des représentations d’un monde qui ne fonctionne pas selon les codes humains, ce qui qui les dépassent. On a entre autres pensé, en cours de création, au monolithe noir de 2001, L'Odyssée de l’espace, ou encore au mythique personnage de HAL.

QU’EST-CE QUI VOUS INTÉRESSE DANS L’ASPECT MONUMENTAL DU MONOLITHE ?

JJ et HL : On est notamment fascinés par le site de Stonehenge, par ces monuments construits là dans un souci d’ampleur et de grandiloquence, sans que l’humain d’aujourd’hui n’arrive à comprendre exactement leur fabrication. C’est la même chose pour les pyramides d’Égypte. Pour nous, il s’agit de refléter ce monumentalisme et de permettre aux gens d’entrer dans un monde grandiose, dans une relation avec le plus-grand-que-soi. Il s’agit de faire éprouver le sentiment d’être poussière devant un monument immense. On voulait jouer sur une échelle contrastée entre le très petit et le géant.

POUR CONCRÉTISER LE TOUT, ON SUPPOSE DE NOMBREUSES HEURES DE TRAVAIL ET UN PROCESSUS COMPLEXE ?

PLG : C’est une œuvre complexe qui se constitue d’écrans et de capteurs laser, lesquels captent les mouvements des mains des passants sans que ceux-ci aient à toucher l’écran, pour les transformer en sons et lumières, via un logiciel développé par Ottomata, qui fonctionne sur un ordinateur dissimulé à l’intérieur de la structure. Il y a un système de chauffage et d’électricité qui permet un fonctionnement maximal en hiver. Il a fallu au moins 400 heures de conception par les dessinateurs-concepteurs, puis 650 heures de fabrication, incluant la découpe des pièces, leur assemblage et soudage, leur installation. À cela, il faut ajouter du temps pour la découpe laser, la peinture et une importante période de conception logistique pour concevoir un processus facile permettant de transporter l’œuvre partout dans le monde.

COMMENT NOUS SUGGÉREZ-VOUS D’AGIR POUR PROFITER DE L’EXPÉRIENCE AU MAXIMUM ?

PLG : On recommande de prendre le temps d'interagir avec les monolithes. Les tableaux changent avec le temps, ainsi que l’environnement sonore qui se transforme souvent. Déplacez-vous, ne restez pas toujours devant le même monolithe, essayez plusieurs positions. Il ne faut pas hésiter à explorer toutes les possibilités pour vous imprégner complètement de l’environnement.

JJ et HL : Notre intention est aussi que les gens se coordonnent et interagissent de façon à créer quelque chose ensemble, quelque chose de plus grand qu’eux. Je ne veux pas tout dévoiler, mais disons qu’il est possible que des signaux soient parfois lancés pour encourager cette collaboration et inviter l’utilisateur à porter son attention à l’environnement plus large Arrivé à un certain moment dans la découverte des tableaux, si assez de personnes agissent en même temps, ça devrait déclencher un paroxysme. Dans l’environnement sonore, on a prévu aussi que des fréquences insolites puissent être atteintes à certains moments, en fonction des mouvements des gens. Les monolithes agiront parfois de manière inusitée.

L’œuvre interactive Splinter est à expérimenter sur la place des Festivals jusqu’au 28 mars, en première mondiale dans le cadre de Luminothérapie | Cœur battant et de MONTRÉAL EN LUMIÈRE.

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