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Un nouveau directeur musical à l’OSM  

22 janvier 2021

Texte principal du billet

Dès sa première rencontre avec l’OSM en 2018, la chimie a opéré. Sa connexion quasi-cosmique avec les musiciens montréalais, doublée d’une feuille de route exemplaire, ont fait de Rafael Payare un choix évident pour succéder à Kent Nagano à la direction de l’Orchestre. Portrait du prodige d’origine vénézuelienne, apparu sur le radar international il y a seulement quelques années.

Le neuvième directeur musical de l’histoire de l’OSM, premier Sud-Américain à occuper ce poste, avait fait forte impression au Québec dès sa première visite. Invité à diriger pour la première fois un concert de l’OSM en septembre 2018, il éblouit les spectateurs et la critique.

Rafael Payare s’en souvient avec émotion. « Dès la première répétition, déclare-t-il, j’ai senti une connexion très forte avec les musiciens, comme si nous nous connaissions depuis longtemps et que les possibilités étaient infinies. J’avais l’impression de vivre une expérience musicale très spéciale, puissante et même magique. J’ai senti un lien et une confiance nous permettant de prendre des risques musicaux, des sentiments qui ont continué de croître lors des répétitions subséquentes et des concerts. »

Est-ce le caractère latin des Montréalais, qui se sentent naturellement en filiation avec la culture sud-américaine ? Est-ce la manière subtile qu’a Rafael Payare de combiner une forte expressivité à des interprétations nuancées, que l’on dit parfaitement respectueuses de la dramaturgie des pièces ? Est-ce la posture ferme et la chevelure abondante, qui lui donnent des airs de rockstar et un charisme irrésistible ?

Un peu tout cela, certes. Et aussi un goût prononcé pour l’émotion : Payare est un chef qui, de l’avis général, dirige avec ses tripes. À la recherche du petit supplément d’âme et de l’élan vital dans chaque morceau, il dirige l’orchestre sur la pointe des pieds, faisant spectacle de sa présence irradiante sans jamais sombrer dans l’excès. Un chef qui a le sens du « show », mais qui aime tout autant la dentelle et la délicatesse.

Et, pour succéder à l’attitude souriante mais rigoureuse de Kent Nagano, la personnalité solaire et sympathique de Rafael Payare s’imposait. Loin d’être un chef autoritaire qui confondrait exigence avec sévérité, il est décrit par les musiciens de l’OSM comme un être sensible et chaleureux, qui croit à un nivellement par le haut fondé sur la bienveillance et la connivence.

Un parcours international fulgurant

Corniste de formation ayant joint l’Orchestre national du Venezuela dès l’âge de 14 ans, Payare a très rapidement découvert son intérêt pour la direction d’orchestre. En regardant travailler le chef italien Giuseppe Sinopoli, connu pour ses petites lunettes de professeur et pour un style explosif, le jeune musicien vit une épiphanie. Il s’imagine alors atteindre le statut de chef à ses vieux jours. Mais le destin en voudra bien autrement : il est nommé directeur musical de l’Ulster Orchestra, en Irlande du Nord, en 2014 (il avait 34 ans), puis il prend la tête du San Diego Symphony en 2018.

Sa renommée internationale avait commencé quelques années plus tôt à Vienne et à Paris, ou encore à Munich, Chicago et Pittsburgh, où des orchestres l’invitent régulièrement à diriger concerts et programmes spéciaux. Au cœur de ce foisonnement, son passage remarqué à l’Orchestre Philharmonique de Vienne en janvier 2015 est unanimement louangé. Le grand chef américain Lorin Maazel lui avait ouvert les portes de cette vénérable institution par de chaudes recommandations. Une belle histoire de reconnaissance et de filiation entre deux grands artistes de notre temps.

Il s’est aussi beaucoup illustré à l’opéra, partout en Europe.

Une vision pop de la musique classique

Issu d’une famille de classe moyenne qui n’était pas spécialement mélomane, Rafael Payare sait l’importance des initiatives de démocratisation de la musique auprès du grand public. Issu du programme vénézuélien El Sistema, mondialement connu pour ses formations accessibles à toutes les classes sociales, il retrouvera cet esprit à Montréal, où l’OSM fait tout pour se décloisonner, notamment avec son festival Virée classique.

Proche des gens et décrit comme un homme sincère et convivial, Rafael Payare promet de s’adonner avec plaisir aux conversations spontanées avec le public dans le hall de la Maison symphonique. Et en français s’il-vous-plaît. « Je ne parle pas encore le français aussi bien que je le voudrais, dit-il, mais je travaille fort pour m’imprégner de la beauté et des nuances de cette magnifique langue. En plus des cours intensifs auxquels je suis inscrit, je peux compter une professeure additionnelle exigeante, ma fille, qui va à l’école française à San Diego. Même si elle n’a que quatre ans, elle surveille très attentivement les progrès de son papa, en particulier ma prononciation ! »

Des concerts en ligne

Une série de cinq nouveaux concerts est diffusée sur OSM.CA jusqu’au 13 avril 2021, dont les deux premiers rendez-vous permettront aux mélomanes de voir Rafael Payare en action.

 Il dirige d’abord le Concerto no 24 de Mozart interprété par le pianiste Charles-Richard Hamelin (un concert déjà accessible en ligne). Dès le 2 février, on pourra aussi le voir diriger un programme triple contenant la Symphonie no 7 de Dvořák, la Mediodía en el Llano de son compatriote vénézuélien Estévez, et le Concerto no 2 de Chostakovitch.

Alexander Shelley, directeur musical de l’Orchestre du CNA, sera quant à lui au pupitre du concert Amours Symphoniques, de Tchaïkovski à Bernstein, alors que Thomas Le Duc-Moreau dirigera le conte musical L’histoire du soldat de Stravinsky, et que la jeune cheffe finlandaise Dalia Stasevska dirigera un programme composé d’œuvres de Sibelius et Chostakovitch.

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