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UN VOYAGE INITIATIQUE SUR LE TERRITOIRE DE MONTRÉAL

8 octobre 2019

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Il y a quelques mois, le Partenariat du Quartier des spectacles a lancé une invitation à Caroline Monnet : une carte blanche pour créer une projection architecturale sur le pavillon Président-Kennedy de l'UQAM. L'artiste multidisciplinaire, qui a le vent dans les voiles, proposera sa première œuvre d’animation en solo, intitulée Mooniyang, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma, dès le 9 octobre.

Elle nous a invités dans son atelier pour nous en dire plus sur cette projection et sur les nombreux autres projets qui l’occupent ces temps-ci.

Caroline Monnet : Bienvenue dans mon atelier ! Je viens ici tous les jours, j’y fais autant de la peinture, du dessin, que de la sculpture en ciment. Avec des matériaux industriels de construction ou simplement avec un ordinateur, je travaille par vagues où je me concentre à temps plein sur un projet avant de plonger dans un autre tout en jonglant sur plusieurs autres idées de projets en même temps. C’est une pratique qui est très active et c’est ce que j’aime ! L’utilisation de différents médiums me permet d’explorer et de sortir de ma zone de confort.

COMMENT TOUT A COMMENCÉ ?

CM : Après mes études en sociologie et en communication à l’Université d’Ottawa et l'Université de Grenade en Espagne, j’ai commencé à faire du cinéma expérimental et documentaire. Par la suite, j’ai commencé à explorer la peinture, la sculpture et l’installation. Depuis peu, je travaille pour la première fois la fiction avec mon premier long métrage.

QU’EST-CE QUE LE CINÉMA T’APPORTE VERSUS LES ARTS VISUELS ?

CM : Ce sont deux formes d’art différentes, mais qui pour moi, s’informent entre elles. L’art visuel a quelque chose de plus physique dans l’urgence de créer un objet, c’est plus immédiat comme relation et c’est ce qui me manque lorsque je travaille en cinéma. Mais l’inverse est aussi vrai, lorsque je suis en atelier, le travail d’équipe me manque.

L’IDENTITÉ AUTOCHTONE EST AU CENTRE DE TON TRAVAIL. COMMENT S’Y DÉCLINE-T-ELLE ?

CM : Mes thématiques servent toujours à briser les préconceptions et les stéréotypes autochtones, à mettre de l’avant une représentation positive dans une optique contemporaine et moderne, dans le but de créer des ponts entre les communautés.

Ma quête identitaire a changé en 10 ans. Quand j’ai commencé, on avait beaucoup plus de difficulté à parler d’autochtonie. Ce n’est pas quelque chose dont on était fier et ce n’était pas un sujet de discussion de société. L’esprit de revendication qui m’habitait au début de ma vingtaine n’est plus le même aujourd’hui. Je suis maintenant plus dans une démarche d’expression de soi plutôt que de définition de soi.

EST-CE LE CAS DANS MOONIYANG?

CM : Mooniyang signifie Montréal en Anishnaabe. On y explore de façon abstraite le territoire de Montréal à travers les marques laissées au fil des années par le savoir-faire autochtone trop longtemps censuré. La façade du Pavillon Président-Kennedy de l’UQAM est intéressante puisqu’il faut jouer avec l’architecture de l’édifice déjà morcelée. Plaquer le béton de motifs traditionnels Anishnaabe, les déconstruire pour les reconstruire dans une animation kaléidoscope en noir et blanc qui passe des messages subliminaux en plein cœur de Montréal, constituait un beau défi !

PARLANT DE DÉFIS, QUELS ONT ÉTÉ CEUX RENCONTRÉS POUR MOONIYANG ?

CM : Les défis étaient principalement techniques, comme dans la plupart des arts médiatiques. J’ai collaboré avec Frances Adair Mckenzie, avec qui j’ai souvent travaillé, et qui m’a beaucoup aidée pour tout ce qui est technique. Le défi en animation est aussi de trouver le rythme et les transitions, puisque c’est en mouvement. Tout doit être fluide afin d’emmener le spectateur à vivre une expérience sensorielle et à scruter dans son inconscient sans qu’il ne sente le début et la fin.

QUE SOUHAITES-TU CRÉER CHEZ LE PASSANT ?

CM : Je souhaite d’abord qu’il s’arrête et prenne le temps de regarder l’œuvre au complet. J’ai envie que ce soit un voyage initiatique, un voyage sensoriel. Je souhaite qu’à la fin de l’expérience, il se sente plein d’énergie pour accomplir de grandes choses ou même changer le monde. Je vois Mooniyang comme un passage transitoire. Une aventure avec un avant et un après qui fera passer de l’inaction à l’action.

QUELLE EST TA RELATION AVEC LE FESTIVAL DU NOUVEAU CINÉMA ?

CM : Le FNC a programmé mon tout premier film en 2009 et nous avons une relation qui perdure avec le temps. Ce sont de grands amis ! C’est surtout un festival important dans le paysage montréalais. Ils ont pour mission de mettre de l’avant du cinéma qui sort des conventions. C’est du bonbon pour une artiste visuelle comme moi d’en faire partie, voilà pourquoi j’étais contente que ma projection y soit associée.

Mooniyang
Du 9 octobre au 24 novembre 2019

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