MUTEK : 20 ANS DE CRÉATION NUMÉRIQUE

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En vingt ans, le festival de musique électronique et d'art numérique MUTEK est devenu un incontournable du genre dans le monde. De l'expérimentation aux musiques électroniques enivrantes en passant par des performances audiovisuelles spectaculaires, la création assistée par ordinateur prend plusieurs formes dans le Quartier des spectacles du 20 au 25 août prochains.

Préparez-vous à entendre et à voir des concerts gratuits chaque fin de journée sur l'Esplanade de la Place des Arts, des explorations électro-numériques autant que de grandes soirées musicales dans divers lieux, dont le MTELUS, les Studios des 7 Doigts et le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.

Rencontre avec le directeur général et artistique du festival, Alain Mongeau, en compagnie de Katharina Meissner, responsable du développement stratégique.

QUELS ONT ÉTÉ LES MOMENTS MARQUANTS DU FESTIVAL EN 20 ANS ?

Katharina Meissner (KM) : Lorsque le festival a commencé au début des années 2000, son but était de mettre en valeur de nouvelles pratiques artistiques - la création numérique et la musique électronique - qui n'étaient pas très bien connues en général. L'un des changements importants dans l'évolution de MUTEK a été sa sortie dans l’espace public, il y a environ 10 ans. On quittait les activités uniquement offertes dans la noirceur des salles en soirée. On a été les premiers à faire du mapping sur les immeubles à Montréal, par exemple. Après un premier tour de piste mémorable sur la place des Festivals en 2010 avec le spectacle de Señor Coconut, la scène extérieure de notre série Expérience présentée gratuitement au cœur du Quartier des spectacles a graduellement pris de l’importance. Tout cela nous a permis de sortir de notre niche de connaisseurs pour exposer le travail des artistes à un public plus large.

QUELLE EST LA PLACE DU FESTIVAL MONTRÉALAIS SUR LA SCÈNE MONDIALE DES FESTIVALS DE MUSIQUE ÉLECTRONIQUE OU D'ART NUMÉRIQUE ?

Alain Mongeau (AM) : À nos débuts, il y avait une poignée de festivals comme le nôtre à travers le monde, à Barcelone ou à Détroit, par exemple. Aujourd'hui, il doit y en avoir une bonne dizaine par fin de semaine ! Ce qui fait notre force et nous distingue, ce sont la qualité et l'éthique de travail qu'on se donne pour mettre les artistes en évidence tout en créant des liens entre les artistes internationaux et locaux. On a développé une signature unique qui fait de MUTEK un événement de référence sur la planète. D’ailleurs, près de la moitié des festivaliers sont des touristes étrangers.

C'est un peu la même chose qui se passe ailleurs avec les éditions MUTEK à l’international. MUTEK est en effet présent dans 6 autres villes : Mexico, Barcelone, Tokyo, Dubaï, Buenos Aires et San Francisco. Par exemple, à Mexico où le festival est présent depuis 15 ans, le festival s’est parfaitement implanté et joue un rôle de catalyseur. MUTEK permet d’établir des ponts entre Montréal et ces différentes villes. Notre réseau international sert donc pour les artistes, compagnies et organisateurs d'ici.

POURQUOI ÉTAIT-IL IMPORTANT D'INTÉGRER LE FORUM IMG AU FESTIVAL CETTE ANNÉE ?

AM : On a toujours eu un volet diurne - activités et conférences - pendant le festival, mais c'était souvent des choses qui découlaient des artistes présents pour la programmation nocturne. Il y a environ cinq ans, on a commencé à développer un événement de trois jours au printemps, MUTEK_IMG, qui nous permettait d'explorer de façon plus large et décloisonnée la création numérique. Cette année on s’est dit qu’on viendrait greffer le Forum IMG pendant la semaine MUTEK pour venir amplifier l’effet du festival. Ce volet professionnel IMG a été l’objet de tout un travail de recherche et de structuration de contenu pour lequel près d'une centaine d'intervenants ont été invités. Ça vient ajouter une autre dimension plus discursive et prospective, souvent liée à l'éthique ou à des réflexions critiques, par exemple. Il y a aussi un côté réseautage qui permet la démultiplication de rencontres entre les professionnels internationaux et les créateurs d’ici.

QUELLE SERA LA PARTICULARITÉ DE LA PROGRAMMATION DU 20^E ANNIVERSAIRE ?

AM : L'ancrage du festival dans différents lieux du Quartier des spectacles, pour moi, représente une particularité de MUTEK en général, donc de cette 20^e édition. Le quartier général du festival est dans le nouvel édifice des 7 Doigts de la main situé sur le boulevard Saint-Laurent. On est à la Place des Arts pour quatre soirées spectaculaires du volet A/Visions et pour les cinq soirées de notre volet extérieur gratuit Expérience. On retourne au Musée d'art contemporain (MAC) aussi. Il y a toutes sortes de clins d’œil dans la programmation et le déploiement du festival qui racontent les vingt dernières années et qui viennent mettre la table pour les vingt prochaines années.

KM : Cette année, avec l'intégration du Forum IMG dans le festival, pour la première fois on a aussi une exposition consistante d’installations interactives à la SAT et à l’Espace culturel Georges-Émile Lapalme de la Place des Arts. Et l’on retourne au MAC, comme Alain a dit, avec l'un des plus gros projets d'installation de l’histoire du festival, l’Hexadome, un dispositif de 6 écrans et 52 haut-parleurs pour lesquels 10 œuvres immersives ont été spécifiquement créées.

AM : On fait également une incursion dans la Pyramide PY1 du Vieux-Port pour notre soirée d’ouverture avec une expérience sonore immersive de l’artiste Berlinois Monolake. Ça continue de refléter cette volonté de MUTEK de travailler avec de nouveaux partenaires. C'est pour cela qu'on est contents d'être aux studios des 7 Doigts aussi. On a aussi beaucoup de contenu inédit. Sur les 90 performances qu'on présente, il y en a au moins la moitié qui sont des premières au pays, en Amérique du Nord ou dans le monde.

MUTEK
Du 20 au 25 août 2019