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«560 km» : point de rencontre à l’éveil du printemps

13 mai 2016

Texte principal du billet

Les citadins pourront entrer dans la danse des draveurs, ces travailleurs qui ont marqué l’histoire du Québec en descendant les rivières du Québec. Jusqu’au 29 mai, sur la rue Sainte-Catherine, des centaines de billots de bois seront installés le temps d’un aménagement artistique.

560 km, propose une façon originale d’occuper l’espace piétonnier au cœur du Quartier des spectacles. Plus qu’un mobilier urbain, l’installation propose aux passants de se reconnecter avec la nature et de redécouvrir un pan important de notre histoire.

Discussion avec l’architecte et cofondateur de la firme KANVA, Rami Bebawi et la scénographe Laurence Boutin-Laperrière.

560 km, c’est quoi?

Laurence Boutin-Laperrière : C’est 1 000 billots de bois installés sur la rue Sainte-Catherine, entre les rues De Bleury et Clark. Comme à l’époque où les billots flottaient sur les rivières et le fleuve, le bois occupe la rue et les passants se mêlent à ces impressionnants billots, les sentent, les touchent. Nous souhaitions faire référence à la drave, une pratique courante au Québec jusqu’en 1996.


D’où est venue cette idée de la drave?

Rami Bebawi : Nous nous sommes intéressés à l’histoire de la rue Sainte-Catherine et à son importance pour Montréal. Nous y avons vu un parallèle intéressant avec le fleuve, les deux étant des axes importants pour la métropole. Ces derniers ont contribué au développement de Montréal. Nous intervenons en mai, période où, après le dégel, les bucherons sortaient de la forêt pour faire circuler le bois sur les rivières et le fleuve. Nous avons repris le vocabulaire des draveurs pour en faire une réinterprétation artistique.

Comment avez-vous réussi à transposer cette idée en plein centre-ville au Quartier des spectacles?

R.B. : Nous avons d’abord fait beaucoup de maquettes, de dessins… Nous avons même acheté des sacs de buches pour tester le concept! Mais ce qui nous a été le plus utile a été de visiter différentes scieries. Ça nous a aidés à comprendre comment nous pouvions illustrer, en pleine rue, les différentes étapes de la drave : préparation du bois, descente des billots sur les rivières, arrivée du bois à la papeterie… leur collaboration, a été essentielle pour concrétiser l’idée.

L.B.L. : La scierie, c’est un monde assez impressionnant. Tout est surdimensionné : les camions, les quantités de bois, même les hommes et les femmes qui y travaillent! Tout y est à une autre échelle.

Qu’est-ce que vous voulez que les gens retiennent de 560 km?

R.B. : Le fait d’amener quelque chose de très naturel et brut en ville va peut-être entrainer une certaine réflexion sur notre lien avec la nature. Nous ne voulons pas que les passants se contentent de photographier l’installation. Nous souhaitons qu’ils regardent, sentent, touchent, frôlent, occupent…

L.B.L. : L’importance de cette installation, c’est d’abord d’entrer en contact avec le matériau. Puis, il y a ce devoir de mémoire, de revenir sur la drave, qui a été importante pour l’histoire du Québec. Quand on regarde les films de l’ONF comme La drave, avec Félix Leclerc, ou La valse du maitre draveur, on comprend toute l’agilité de ces travailleurs, qui sautaient d’un billot à l’autre comment s’ils dansaient. C’est fascinant.

Qu’arrivera-t-il avec les billots à la fin de l’installation?

R.B. : Ils seront retournés à la scierie et seront transformés de A à Z. Il n’y a aucun gaspillage. Il faut savoir qu’avant la transformation, les billots sont toujours séchés à l’extérieur, à la scierie. Cette étape se déroule cette fois plutôt sur la rue Sainte-Catherine!

Pourquoi est-ce important pour vous d’investir la rue?

R.B. : Parce qu’il faut décloisonner l’art et la rendre accessible à tous. Le Quartier des spectacles l’a bien compris en offrant aux visiteurs un musée à ciel ouvert rempli d’œuvres interactives. Nous croyons aussi que chaque intervention doit raconter une histoire. Nous créons ainsi des lieux que les gens ont envie de s’approprier.

L.B.L. : Créer des endroits hors du quotidien où les gens peuvent se rassembler, c’est essentiel. Avec 560 km, le public pourra profiter du printemps, manger une crème glacée sur un billot, renouer avec la beauté de la nature.

560 km en quelques chiffres

1 000 : nombre de billots de bois installés sur la rue Sainte-Catherine
De 12 à 16 : la longueur, en pieds, des billots
De 10 à 14 : le diamètre, en pouce, des billots
560  : c’est la longueur, en kilomètres, de la rivière Saint-Maurice, qui a inspiré le nom de l’installation. C’est la dernière rivière sur laquelle la drave a été pratiquée.

560 km

Du 5 au 29 mai
Sur la rue Sainte-Catherine, entre Clark et de Bleury

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