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La mission sociale de la SAT
16 juillet 2013
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Texte principal du billet
La place de la Paix, sise sur Saint-Laurent entre Sainte-Catherine et René-Lévesque, n’a pas toujours joui d’une excellente réputation. Mais la Société des arts technologiques (SAT), voisine du parc, a choisi depuis son arrivée sur le boulevard Saint-Laurent, en 2002, de prendre en main la métamorphose du lieu et d’y favoriser une meilleure cohabitation avec les itinérants du secteur. Et il ne s’agit là que d’une petite facette de la mission sociale qu’elle s’est donnée.
Depuis sept ans déjà, la SAT présente une programmation qui allie projections en plein air, prestations de DJ et BBQ à la place de la Paix. Cette année encore, en collaboration avec le Quartier des spectacles, on y organise une série de 22 événements gratuits qui viendront dynamiser le parc jusqu’au 29 août. En savoir plusRencontre avec Monique Savoie, présidente fondatrice et directrice artistique de la SAT.
Monique Savoie, présidente fondatrice et directrice artistique de la SAT. Photo : Shayne Laverdière La Cavalerie. Place de la Paix. Photo : Sébastien Roy - Société des arts technologiques [SAT].
Qu’est-ce qui a poussé la SAT à proposer une programmation à la place de la Paix?
Melvin Charney (l’architecte à qui on doit l’œuvre de la place Émilie-Gamelin et le jardin des sculptures du Centre canadien d’architecture), qui a conçu la place de la Paix, disait que celle-ci vivrait lorsqu’il y aurait un greffon dans le secteur. Quand nous sommes arrivés, le bâtiment que nous occupons possédait un mur aveugle sur le parc. Nous l’avons abattu et remplacé par de grandes vitres. Un des objectifs de la SAT se voulait d’établir un contact entre le dehors et le dedans. Nous souhaitions nous montrer plus généreux avec la rue. On appelle ce lieu place de la Paix même si on est conscient que celle-ci n’est pas toujours au rendez-vous. Mais la SAT savait où elle s’installait, qu’il s’agissait d’un quartier difficile. Notre mission visait aussi à régénérer cette portion de Saint-Laurent. Le fait d’y organiser des activités a permis de créer une cohabitation entre ceux qui sont là de façon permanente et les gens de passage.
Les soirées de cinéma en plein air se sont rapidement imposées comme un incontournable du secteur.
Nous avons essayé différents types d’animation pour nous rendre compte que ce qui fonctionnait le mieux, c’était de concevoir une sorte de ciné-parc sans voitures. Nous invitons aussi des chefs pour permettre au public de casser la croûte et des DJ pour animer la place. Nous nous assurons ainsi de ne pas perdre les travailleurs qui pourraient être portés à retourner à la maison et y demeurer par la suite.
Photo : Sébastien Roy - Société des arts technologiques [SAT]
La cohabitation avec les sans-abris s’est-elle déroulée sans heurts?
Il s’est créé une sorte d’écosystème. Quand nous ne sommes pas là, ils constituent une majorité visible, et quand nous présentons nos événements, ils deviennent une minorité invisible. Il n’y a pas eu de confrontation, et nous n’avons pas dû augmenter la surveillance dans le parc. Nous connaissons presque tous les itinérants par leur nom maintenant. Il règne un climat de tolérance que les «résidants permanents» apprécient. Lors des projections, je constate que bon nombre d’entre eux ont pris la peine de se laver pendant la journée et qu’ils se sont mis beaux. C’est comme s’ils recevaient de la visite. Ils nous ont acceptés, comme nous les acceptons, parce qu’à notre façon, nous sommes aussi en marge.
Vous parlez de marge… Pour certains, les arts numériques, c’est encore un peu flou. Que pouvez-vous nous en dire?
L’ordinateur est un instrument qui nous permet de créer et de réseauter. L’art numérique nous donne la possibilité de former une génération neuve de créateurs et d’auteurs, et pas seulement de consommateurs. Il faut se demander comment on peut utiliser les nouveaux outils pour concevoir des contenus, mais également pour habiter ces environnements.
Terrasse. Photo : Sébastien Roy - Société des arts technologiques [SAT]
En ce sens, la SAT n’est pas seulement un lieu de diffusion, mais aussi un centre de recherche.
Oui. Pour une sixième année, nous avons organisé un camp de jour où les jeunes peuvent s’initier à la composition de musique électronique. À la fin, les parents voient que la passion de leur enfant comporte un aspect créatif et expressif, qu’il ne faisait pas que jouer sur son ordinateur. Nous avons aussi établi un partenariat avec la Commission scolaire de Montréal. Nous formons les professeurs d’art plastique, qui passent de la pâte à modeler au numérique!
Nous travaillons également avec le CHU Sainte-Justine. Nous essayons d’outiller les médecins et d’acheminer la technologie vers les enfants. Un jeune hospitalisé peut passer des heures à regarder le plafond. Ne pourrait-on lui donner une tablette graphique qui occuperait l’autre côté de son plateau-repas? Serait-il possible d’utiliser des projections sur les murs – par exemple, des icebergs dans la chambre d’un enfant brûlé – à des fins thérapeutiques?
Il se passe aussi beaucoup de choses à l’intérieur des murs de la SAT.
La Société des arts technologiques regroupe plusieurs espaces de vie dans un même lieu. Au troisième étage, la Satosphère, avec son dôme et sa configuration, plonge le visiteur dans un environnement immersif unique au monde. On peut s’attendre à tout! Nous y avons également installé le Labo culinaire, parce que nous voulions offrir une expérience sensorielle complète, de même qu’une terrasse, pour rappeler notre volonté de connecter le dedans et le dehors. Il nous importe de proposer plusieurs espaces physiques.
Photo : Sébastien Roy - Société des arts technologiques [SAT]
Quelle image vous vient en tête quand vous pensez au Quartier des spectacles?
Le Quartier des spectacles a accompli un travail extraordinaire pour rassembler les acteurs du secteur autour d’une même table. On a créé entre eux une nouvelle relation de voisinage. Parce qu’avant, les gens ne se connaissaient pas tant que ça. Un beau travail de réseautage a permis d’en faire de vrais partenaires.
Programmation place de la Paix – Cinéma, DJ et chefs invités Jusqu’au 29 août
Publié le 16 juillet 2013
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