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Le gardien du septième art fête ses 50 ans

25 avril 2013

Texte principal du billet

Depuis 50 ans, la Cinémathèque québécoise se charge de préserver le patrimoine audiovisuel mondial et de le mettre en valeur pour le plus grand plaisir des cinéphiles. L’établissement a pignon sur rue dans le Quartier des spectacles, sur le boulevard de Maisonneuve, et dispose d’un vaste Centre de conservation à Boucherville qui abrite près de
50 000 œuvres.

Rencontre avec Iolande Cadrin-Rossignol, directrice générale de la Cinémathèque.

090227_Cinémathèque-québécoise-conception-Lightemotion-Parcours-lumiere-du-Quartier-des-spectacles-Crédit-photo-Martine-Doyon-PQDS.jpg Crédit photo : Martine Doyon

Qu’avez-vous prévu pour souligner votre demi-siècle d’existence?

Nous présentons une nouvelle exposition permanente intitulée Secrets et illusions -  La Magie des effets spéciaux.  Elle permet entre autres de voir à travers l’histoire comment Montréal est devenu une plaque tournante dans le domaine.  En parallèle, il y aura jusqu’au 3 mai une rétrospective de Ray Harryhausen, l’un des plus grands créateurs d’effets spéciaux du 20e siècle. S’enchaîneront ensuite de nombreuses autres rétrospectives : de notre illustre créateur André Forcier, de Orson Welles… En mars 2014, cinq programmes présenteront le long voyage empli d’innovations et de souffle poétique de l’art vidéo québécois.

À quel type de public s’adresse la Cinémathèque québécoise?

Il y a à mon avis de quoi satisfaire tous les publics, car la programmation est très variée. Elle va du cinéma d’animation, à la présentation de films muets avec un pianiste qui l'accompagne, en passant par des rétrospectives d’ici et d’ailleurs, et des projections de films récents.

Nous ne sommes pas en concurrence avec les cinémas autour de nous, car nous occupons un créneau spécialisé. Nous présentons des œuvres d’hier et d’aujourd’hui qu’on ne retrouve pas dans les autres salles, sur Internet, ou dans les clubs vidéo. Par exemple, on pourra voir ici des films italiens récents qui ne sont pas des superproductions, ce qui est rare ailleurs.

Salle-Fernand-Seguin.jpg Crédit photo : Martine Doyon

Le patrimoine audiovisuel est tellement vaste, comment sélectionnez-vous les œuvres à préserver?

Nous privilégions évidemment les productions québécoises et canadiennes. Depuis 2006, toutes les œuvres produites au Québec avec l’aide de l’État sont assujetties au Dépôt légal. Une copie est donc automatiquement déposée à la Cinémathèque. Avant 2006, nous fonctionnions sur la base de dépôts volontaires par les cinéastes, les réalisateurs ou les producteurs.

Nous recevons aussi  beaucoup de productions canadiennes car il n’y a pas d’autre cinémathèque qui pratique la conservation au Canada. Il est certes possible de déposer des œuvres à Bibliothèque et Archives Canada, mais dès lors, les œuvres ne peuvent plus en sortir. La  Cinémathèque, quant à elle, a le mandat de faire voir ces trésors et de les faire circuler.

Et pour les œuvres de l’étranger?

Nous nous intéressons à ce qui se passe en dehors des grands circuits commerciaux traditionnels. Ce n’est pas que nous méprisions les œuvres qui y sont présentées, mais nous savons qu’elles seront vues. La priorité est donc mise sur ce qui nous parviendrait naturellement de façon plus fragmentaire.

La Cinémathèque étant intégrée à un réseau international de cinémathèques, nous sommes régulièrement alimentés en cinéma étranger et à l’inverse, nous faisons rayonner le cinéma québécois à l’international.

Quelle est la différence entre la Cinémathèque québécoise et l’Office national du film (ONF)?

La principale est que l’ONF est un producteur, ce que n’est pas la Cinémathèque. Hormis quelques cas exceptionnels, nous ne sommes pas propriétaires des œuvres que nous entreposons.

Cafe-bar.jpg Crédit photo : Martine Doyon

Avec les habitudes de consommation des jeunes, qui se tournent beaucoup vers Internet pour regarder des films, êtes-vous confiante dans le renouvellement des publics pour le cinéma?

Oui et je ferai le parallèle avec les musées pour vous expliquer pourquoi. Il y a des reproductions d’œuvres partout sur Internet. Néanmoins, il y a toujours des musées. Car voir une œuvre de près suscite de l’émotion, tout comme voir un bon film dans une vraie salle de cinéma.

La Cinémathèque québécoise a été l’un des premiers lieux à être doté d’un éclairage architectural et à faire partie du Parcours lumière du Quartier des spectacles. À l’occasion du 50e anniversaire, elle se refera une beauté lumineuse...

En effet! À l’automne, une œuvre créée par Michael Snow sera intégrée à la façade dont la mise en lumière a récemment été bonifiée. Cet éclairage est un attrait en soi la nuit tombée et il permet à la Cinémathèque de sentir qu’elle fait bel et bien partie du Quartier.

Pour terminer, quand vous pensez au Quartier des spectacles, quelle image vous vient en tête?

Une grande image! Je vois une image plus grande que celle de la majorité des gens, car je sais que la Cinémathèque fait partie du Quartier. Encore aujourd’hui, beaucoup de personnes croient que le Quartier des spectacles se limite à la place des Festivals. Le Quartier des spectacles est selon moi, le plus beau projet à Montréal depuis l’expo 67. Nous comptons y contribuer de manière très proactive!

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