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Art & IA : résidence artistique en recherche/création et intelligence artificielle

Lauréat

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La proposition L’éclat du rire de l’auteur et artiste en multimédia Etienne Paquette, de la conceptrice multidisciplinaire et scénographe Mélanie Crespin et de la clown et créatrice de spectacles de rue Muriel de Sangroniz a particulièrement charmé le jury par l’universalité du propos; en effet, le rire transcende les frontières, traverse le temps et rassemble les générations.

L’éclat du rire

L’éclat du rire - Étienne Paquette, Mélanie Crespin et Muriel de Sangroniz

Lauréat

L’éclat du rire

Expérience étonnante et contagieuse rappelant que vivre ensemble, c’est aussi rire ensemble, L’éclat du rire révélera toute la richesse, la dimension collective, le pouvoir de libération, de même que les registres et potentiels sonores, esthétiques et dramatiques du simple fait de s’esclaffer.

Dans le cadre de la résidence, le collectif entend poursuivre un questionnement sur le rôle des systèmes intelligents en enseignant à une IA à identifier les rire de citoyens et à y répondre en les répercutant ou en les imitant. Pourrait-on, paradoxalement, offrir plus d’humanité, de poésie ou même créer un espace de résistance dans nos villes grâce à l’intelligence artificielle ?

« C’est pour nous une opportunité exceptionnelle que de réaliser ce laboratoire de recherche et création au moyen d’une technologie de pointe et de collaborer avec des chercheurs exceptionnels. L’expérimentation nous permettra de participer à la démocratisation de l’IA auprès du grand public et de contribuer à ajouter une nouvelle dimension artistique et sociale à la recherche en IA. Nous sommes très heureux et abordons cette résidence avec un immense intérêt mêlant sérieux, plaisir… et rire ! »

  • Etienne Paquette, Mélanie Crespin et Muriel de Sangroniz

LA DÉMARCHE ARTISTIQUE

Les intelligences artificielles de ce monde savent rire et sans doute pleurer, mais elles n’ont pas besoin de l’humour ou de la tristesse pour le faire. Le son des émotions leur suffit. Dans le cadre de ce laboratoire artistique en intelligence artificielle, nous poursuivons un questionnement sur le rôle des systèmes intelligents dans nos villes en enseignant à une IA à identifier les éclats de rires des citoyens et à y répondre en les répercutant ou en les imitant. En marge de la ville intelligente qui optimise les fonctionnements, nous proposons l’expérience futuriste d’une ville sensible où l’IA jouerait un rôle perturbateur, créateur de contrastes et d’interférences émotionnelles.

Le rire de chaque individu a quelque chose d’unique, mais qu’est-ce que le rire d’une intelligence artificielle qui se nourrit de milliers de rires humains? Considéré comme une manifestation pré-langagière, le phénomène sonore du rire - le rire sans l’humour - remonte aux toutes premières formes d’expression corporelle de l’être humain. Le rire est une expression du vivant. Quel sentiment d’étrangeté nous saisit lorsqu’un système inanimé rit? Comment un système logique évolue-t-il en relation avec ce qu’il apprend de l’expérience émotionnelle des gens? Notre recherche vise à explorer et à comprendre l’esthétique du rire, la palette des émotions que le rire traduit, peut-être aussi l’infinie solitude du rieur.L’intelligence artificielle contribuera sans doute dans les prochaines années à rendre nos villes plus fonctionnelles et adaptées aux besoins de chacun. Or, l’art n’est pas optimisation, il est même un peu le contraire: il est jeu, accident, surprise, transgression, subversion parfois aussi; il peut réunir les gens et tout à la fois susciter des questionnements individuels qui forcent à s’interrompre, à se distancer. Dans nos villes, l’art ouvre des espaces de poésie, propose des moments de décrochage, suscite des réflexions sur nos manières d’habiter et de vivre ensemble. Une intelligence artificielle peut-elle également jouer un rôle artistique dans la ville?

L'ÉQUIPE DE CRÉATION

Biographie Etienne Paquette

Artiste en multimédia et auteur

Étienne Paquette crée des installations immersives à caractère sculptural ou monumental qui transportent les visiteurs dans un ailleurs fantastique. Il travaille également comme concepteur, scénariste, réalisateur et directeur artistique dans les domaines du multimédia et de l’exposition muséale. De plus en plus transdisciplinaire, sa pratique est faite d’explorations narratives proposant au public différentes manières de prendre part aux histoires. À chaque création son espace, ses matériaux, ses technologies, ses questions, son tissu de sensations. Au cours des dernières années, Étienne a travaillé de façon indépendante avec plusieurs organisations, comme l’ONF, le Musée McCord-Stewart, le Musée national des beaux-arts du Québec, Espace pour la vie et le Quartier des spectacles (QDS). Il est notamment l’un des créateurs d’ Au-delà des glaces (ONF/Musée canadien de la nature, 2017), de Porteurs de lumière (Insectarium de Montréal, 2015) et de Mégaphone (Moment Factory/ONF/QDS, 2013). Son travail a été commenté dans des magazines internationaux et a fait l’objet de publications scientifiques, entre autres aux presses du MIT. Étienne est titulaire d’un doctorat en communication de l’UQAM.

Biographie Muriel de Sangroniz

Créatrice de spectacles de rue et clown et co-directrice artistique de Toxique Trottoir

Plongée dans la marmite du théâtre depuis son plus jeune âge c’est d’abord comme comédienne, puis comme auteure et metteure en scène, notamment au sein du Théâtre qui monstre énormément, que Muriel de Zangroniz a pu affirmer son tempérament de créatrice. Si, possédée par le clown, le rire a toujours été le vecteur privilégié de ses spectacles, c’est pour que l’art, miroir de foire, forcément déformant, questionne nos humanités ici et maintenant. Ainsi, Mu croit en un art social et engagé qui permet de tisser des liens dans les communautés. Rencontres culturelles et intercuturelles, rencontre de femme puisque son parcours de vie en a fait une citoyenne du monde et que c’est dans le rapprochement des différences pour ’un apprendre à mieux vivre ensemble’ qu’elle trouve le sens le plus profond de sa démarche. À ces aller-retour entre le social et le culturel, du Conservatoire d’Art dramatique au Théâtre de l’Opprimé, c’est avec Toxique Trottoir et le spectacle de rue qu’elle a trouvé la discipline qui lui ressemble. Fondatrice et co-directrice de l’organisme, elle pratique, depuis 2004, un art dont l’enjeu est d’abord la rencontre avec les autres et qui exhorte à la transformation de la réalité. À travers Toxique Trottoir, elle crée des spectacles aux formes multiples conçus pour l’espace public. Sa pratique s’inscrit dans un désir de transformer provisoirement et localement les façons dont les citoyens vivent leur urbanité et à transcrire de façon tangible de nouvelles résonances dans des lieux du quotidien. Elle propose des spectacles au visuel fort qui change le rapport à la ville et au quotidien et construit entre spectateurset artistes un dialogue créatif et inclusif. À travers une relation originale avec le public par l’interactivité et l’interpellation des spect-acteur, elle propose des créations pour tous, pour une mixité sociale, interculturelle et intergénérationnelle et des citoyens qui majoritairement ne fréquentent que peu ou pas les sphères culturelles.

Biographie Mélanie Crespin

Conceptrice multidisciplinaire et scénographe

Au fil de ses expériences en design, de ses rencontres et de sa sensibilité, Mélanie Crespin développe une démarche de création scénographique originale, en nuançant les limites qui existent entre la scénographie, le design et l’installation artistique. Cette approche permet de proposer aux visiteurs et aux usagers plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation d’un objet, d’un espace, d’une œuvre et d’enrichir subtilement un propos. Avec une démarche empreinte de métaphores et de lyrisme, elle cherche à incarner par chaque geste spatial des concepts façonnant une expérience immersive et touchante, invitant ainsi le visiteur à s’interroger sur ce qui lui est donné à voir et à expérimenter. Lors de ses formations en arts appliqués et à l’École européenne supérieure d’art de Bretagne en France, Mélanie fonde ses premières recherches installatives autour de l’art des jardins et du paysage dont elle tirera toute son inspiration. Lors de la création d’un jardin/exposition, elle découvre tout le potentiel créatif et éducatif que permet la scénographie d’exposition. Lorsqu’elle arrive à Montréal en 2008, Mélanie cherche à peaufiner son approche dans le domaine à travers les projets de la firme gsmprjct°. Depuis 2011, en tant que travailleur autonome, elle contribue à la création d’expositions où elle marie la dimension installative au design muséal. Elle compte parmi ses collaborateurs plusieurs musées montréalais dont Espace pour la vie, le Centre des sciences de Montréal, le musée McCord et le musée Pointe-à-Callière. Ces deux dernières institutions se sont chacune vues remettre un prix d’excellence, décerné par la Société des Musées du Québec, pour des expositions dont Mélanie signe les scénographies (« Notman, photographe visionnaire », musée McCord, 2017 et « Ici a été fondée Montréal », musée Pointe-à-Callière, 2018). L’exposition «Ici a été fondée Montréal» s’est distinguée cette année aux Grands Prix du Design en remportant le prix «design d’exposition». Parallèlement à sa pratique en milieu muséal, Mélanie collabore à la création d’installations artistiques, notamment avec l’ONF et le Partenariat du Quartier des spectacles. Elle collabora avec Étienne à la conception du design scénographique d’Instrument à Vent en 2018.