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Le festival Art Souterrain fête ses 15 ans, sur le thème de… la fête !

17 mars 2023

Texte principal du billet

Depuis 15 ans, le festival Art souterrain investit les espaces publics montréalais pour mettre en valeur l’art contemporain. Du 18 mars au 9 avril, Art Souterrain invite le public à trois semaines de fête à travers cinq lieux d’exposition, une foule d’activités et d’expériences gratuites.

Rencontre avec le directeur général et fondateur Frédéric Loury qui nous en dit plus.

Pouvez-vous nous rappeler la genèse et la mission d’Art Souterrain ?

Quand j’ai eu l’idée de fonder le festival, j’étais déjà propriétaire d’une galerie d’art et je présentais aussi des expositions extérieures dans le cadre de la Nuit Blanche. Au lieu de continuer à organiser des événements variés, j’ai eu envie de poser un geste plus fédérateur qui contribuerait à la démocratisation de l’art contemporain. J’ai alors pensé à exploiter le réseau souterrain de Montréal qui, comme on le sait, frappe l’imaginaire de nombreux Français·es comme moi !

Comment Art Souterrain a-t-il évolué par la suite ?

La première édition ne durait qu’une nuit et rassemblait environ 80 artistes. J’étais entouré d’une trentaine de stagiaires et nous étions tous bénévoles. Mais l’événement eut du succès et l’engouement spectaculaire des Montréalais·es ne s’est jamais démenti. Nous sommes restés fidèles à notre mission première, c’est-à-dire répondre à la volonté du public de se rapprocher de l’art contemporain, miser sur des espaces d’exposition non institutionnels et célébrer chaque année la richesse des arts visuels.

Pourquoi avoir choisi « la fête » comme thème de l’édition actuelle ?

Aussi étrange que cela puisse paraitre, cette décision remonte à deux ou trois ans car nous préparons toujours le festival longtemps à l’avance. À cette époque, nous étions en début de pandémie, en plein confinement et j’ai songé que 3 ans plus tard, le thème de la fête pourrait être approprié. Je ne m’étais même pas rendu compte que cela coïnciderait avec le 15e anniversaire d’Art souterrain ! Cela dit, la fête n’est pas un thème monolithique et nous l’embrassons avec toutes ses aspérités.

Une fois le thème choisi, quelle a été votre démarche ?

Je voulais explorer le concept de la fête tout en restant concentré sur son expression historique à travers les Amériques, notamment comme mode de résistance. La première personne à qui j’ai pensé est Jean-François Prost, architecte de formation, qui a déjà publié un livre sur le sujet. Nous sommes ensuite allés chercher un commissaire brésilien, Ayrson Heráclito, une sommité dans le milieu de l’art contemporain, qui maîtrise le sujet des résistances, de la décolonisation et du maintien des traditions ancestrales. Enfin, pour compléter le trio de commissaires, nous avons fait appel à Eddy Firmin, professeur à l’Université Concordia et auteur d’ouvrages sur les impacts associés à la décolonisation.

Comment l’édition actuelle va-t-elle se décliner ?

Art Souterrain a lieu cette année dans 5 édifices du centre-ville. L’épicentre du festival est la Place Ville-Marie et son quartier général se trouve dans l’ancien magasin Tristan. C’est là qu’aura lieu la soirée d’ouverture, samedi le 18 mars, où le grand public est invité à venir célébrer tout en assistant à de nombreuses performances artistiques spectaculaires. Le festival se tiendra également au Centre de commerce mondial de Montréal, à l’Édifice Jacques-Parizeau, au Palais des Congrès de Montréal et à la Place de la cité internationale. Et nous comptons aussi sur un nouvel allié, le 1 000 de la rue Gauchetière. L’édition actuelle présente des installations, des photographies, des peintures, des œuvres vidéo d’une quarantaine d’artistes provenant d’Amérique du Sud, centrale et du Nord. Et fidèle à sa tradition, le festival continue d’exploiter les non-lieux et les faces cachées du centre-ville et d’en révéler les espaces insoupçonnés.

Quels conseils donnez-vous aux festivaliers pour qu’ils vivent la meilleure expérience possible ?

J’aime l’analogie du buffet : l’important n’est pas de remplir une fois son assiette à ras bord mais de se resservir souvent. Je suggère aux gens d’enfiler des chaussures confortables, de se munir d’une gourde et de prendre le métro. Je les invite à prendre leur temps et à lire les cartels sur lesquels des codes QR permettent d’entendre les artistes présenter eux-mêmes leurs œuvres.

Une fois sur place, on peut consacrer une bonne heure de visite par édifice. La fin de semaine, des médiatrices, facilement identifiables, peuvent vous conseiller et des visites guidées sont offertes. Aussi, il faut savoir que nous avons deux journées thématiques par semaine : le mardi, consacré aux rencontres et aux conférences (qu’on peut également suivre de chez soi sur Facebook Live), et le jeudi, où des activités festives ont lieu toute la journée.

Avez-vous un coup de cœur parmi les nombreuses œuvres exposées ?

L’œuvre monumentale de Chun Hua Catherine Dong, Soft Porcelaine, est une structure gonflable représentant un ours agenouillé, à la tête inclinée et aux yeux fermés qui me semble particulièrement frappante. Elle réunit l’aspect gonflable associé à la fête et le côté amusant de l’enfance, tout en portant un message d’espoir et de vulnérabilité.

En terminant, comment entrevoyez-vous l’avenir d’Art Souterrain ?

J’ai l’impression que le festival arrive à l’âge adulte. Alors qu’on sort enfin des contraintes pandémiques, nous ouvrons un nouveau chapitre où nous sommes plus conscients de notre place sur la scène artistique montréalaise et de nos responsabilités. La transition écologique est maintenant une priorité. Et si nous avons toujours valorisé les communautés de genre et d’origine, nous allons continuer à favoriser la multiplicité des voix et des regards.

Festival Art Souterrain
Du 18 mars au 9 avril

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