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L'Orchestre Symphonique de Montréal souffle 90 bougies

12 avril 2024

Texte principal du billet

Véritable ambassadeur de la métropole sur la scène internationale, l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM) est aussi l’une des plus vieilles institutions culturelles montréalaises. Depuis sa fondation en 1934, l’OSM a formé – et comblé – des générations de mélomanes, tout en servant d’incubateur de talents à de nombreux musicien·ne·s et chef·fe·s d’orchestre de renommée mondiale.

Rencontre avec la directrice générale Madeleine Carreau de l’OSM, afin d’en savoir plus sur le passé, le présent et le futur de cette prestigieuse institution.

Un texte de Sébastien Tétrault

L’Orchestre Symphonique de Montréal fête cette année ses 90 ans. Que représente cet anniversaire ?

C'est très spécial pour un pays jeune comme le Québec de pouvoir se targuer de compter sur un orchestre d’une telle envergure depuis déjà près d’un siècle. Que l’OSM soit l’une des plus anciennes institutions culturelles de la ville prouve que la culture est depuis longtemps un vecteur de développement pour Montréal.

Dans quel contexte l'OSM a-t-il vu le jour ?

Avant la création de l’OSM - qui s’appelait à l’origine la Société des Concerts Symphoniques - il existait déjà un orchestre montréalais qui jouait dans l’Ouest de la ville, et qui était essentiellement anglophone. C’est Antonia Nantel, l’épouse d‘Athanase David, le secrétaire général de Maurice Duplessis, qui a initié la création de l’OSM. Elle jugeait important de donner une chance aux musicien·ne·s francophones de jouer dans un orchestre. Cette femme passionnée de musique était à la fois une pionnière et une visionnaire. C’est la première à avoir compris que Montréal était un terreau fertile pour des manifestations culturelles de grande envergure. Antonia Nantel a convaincu le musicien Wilfrid Pelletier, alors chef d’orchestre du prestigieux Metropolitan Opera de New York, de venir diriger le nouvel orchestre montréalais. Wilfrid Pelletier a accepté à condition que des concerts gratuits soient donnés aux enfants. Ainsi, l’OSM fut le premier orchestre à proposer des matinées jeunesse en Amérique du Nord !

Comment l'OSM a-t-il évolué au fil des décennies ?

Musicalement, en augmentant son répertoire. Ensuite, en attirant de grands artistes comme Stravinsky, Messiaen et Charles Munch. L’OSM n’a jamais eu peur de donner une chance à un jeune prodige. Je pense notamment à Zubin Mehta, qui n’avait que 26 ans lorsque l’OSM l’a engagé et qui est devenu l’un des plus grands chefs d’orchestre du monde - toujours actif aujourd’hui à l’âge de 87 ans ! L’OSM s’est aussi imposé comme un ambassadeur incomparable. Depuis sa tournée russe de 1962, initiée par le premier ministre canadien Diefenbaker comme une main tendue à l’URSS dans le contexte tendu de la guerre froide, l’OSM a été présent sur la scène internationale. Il a également été de tous les événements marquants au pays : Jeux Olympiques, Expo 67, etc.

En plus de révéler de grands talents au monde entier – je pense notamment à Charles Dutoit, qui était un inconnu avant de venir à Montréal – l’OSM a toujours fait preuve d’innovation. Quand on parle d’enregistrement digital, par exemple, saviez-vous que c’est l’OSM qui a enregistré le deuxième CD de musique classique de l’histoire, en 1982 ?

Dans un monde où tout va de plus en plus vite et les moyens de découvrir de la musique sont multipliés, comment l’OSM renouvelle-t-il sa clientèle ?

La pandémie nous a ouvert au monde numérique. Nous procédions déjà à la capture de certains concerts, mais le fait d’élaborer un réel programme de captations Web nous a permis de rallier un nouveau public. Nous avons également comblé un vide en lançant La Virée Classique, le premier festival montréalais de musique classique, qui nous permet de rejoindre annuellement des milliers de personnes pendant trois jours. Enfin, l’OSM s’adapte également aux nouvelles technologies, en exploitant les bases de données, en utilisant des logiciels performants et en étant présent sur les plateformes d’écoute comme Spotify ou encore plus récemment, Apple Music Classical.

Comment entrevoyez-vous l'avenir de l'OSM ?

À mes yeux, l’avenir s’annonce radieux. Notre chef Rafael Payare est sous contrat jusqu’en 2027. Il faut savoir que lorsque l’OSM choisit un nouveau chef, celui-ci se présente avec son bagage. Charles Dutoit était féru de musique française et russe. Kent Nagano, bien qu’étant américain d’ascendance japonaise, était un spécialiste de la musique allemande. Rafael Payare connait très bien, quant à lui, la musique du 20e siècle et la musique latine. Chaque chef contribue ainsi à élargir le répertoire de l’orchestre et à attirer un nouveau public. Depuis que l’OSM a Rafael Payare comme chef, il compte plus de spectateurs d’origine latino-américaine que jamais. Il ne faut pas oublier que la moitié des montréalai·s·ses ne sont pas d’origine canadienne et qu’une des missions de l’OSM est d’incarner cette grande diversité culturelle.

Et de quelle façon va-t-on souligner le 90e anniversaire de l'OSM ?

Il y aura un grand concert d’orgue, car cette année marque aussi la dixième saison depuis l’acquisition du grand-orgue Pierre-Béique, ainsi que des résidences d’artiste et de mini-festivals. Je dirais aussi que cette saison est quelque peu rehaussée sur le plan du répertoire. Mais de manière générale, on peut dire qu’on célèbre cet anniversaire de manière sobre. Il s’agit surtout de démontrer aux montréalais·se·s que cela fait 90 ans qu’ils bénéficient d’une institution culturelle de cette qualité ! L’OSM fait partie des plus grandes entreprises culturelles au Canada. Seule compagnie artistique de renommée internationale à porter « Montréal » dans son nom, l’OSM est un ambassadeur de choix qui nous fait honneur aux quatre coins du monde !

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