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Les 25 ans du Mois de l’histoire des Noirs : regarder derrière, agir sur le présent

3 février 2016

Texte principal du billet

L’histoire noire du Québec ne date pas d’hier. En fait, elle remonte au début de l’histoire blanche européenne en Amérique. Pendant tout février, pour la 25e fois, le Mois de l’histoire des Noirs souhaite célébrer ce riche héritage et il le fait en musique, en cinéma, en théâtre et par des expositions thématiques.

Discussion avec l’artiste hip-hop et historien Webster, l’un des trois porte-parole de la 25e édition. Puis, coup d’œil sur les événements en vedette dans le Quartier des spectacles avec, entre autres, l’acteur Frédéric Pierre et le commissaire Ralph Boncy qui participent à deux activités phares de l’évènement.

Qu’avons-nous appris au cours des 25 éditions de Mois de l’histoire des Noirs au Québec?

Nous pouvons retenir ce désir d’une plus grande cohésion sociale et celui de vouloir montrer une face de notre histoire moins connue. Les Noirs sont ici depuis le début de la colonie. Le premier résidant africain de Québec, Olivier Le Jeune, esclave de Guillaume Couillard, est arrivé en 1629. Depuis, il y a toujours eu des Noirs sur le territoire. C’est le rôle du Mois que de ramener cette notion d’histoire. Nous pouvons agir sur le présent, tout en se basant sur le passé.

Vous vous présentez comme un «SénéQueb métis pure laine». Pourquoi ?

Étant métis, d’un père sénégalais et d’une mère québécoise, j’ai réalisé dès mon jeune âge que je n’étais pas tout à fait Sénégalais, pas tout à fait Québécois, mais un peu tout ça... Le SénéQueb, c’est mon appropriation culturelle de ces deux réalités. Avec le Mois de l’histoire des Noirs, je souhaite montrer que nous partageons tous cette réalité d’être métis, de quelque façon que ce soit. L’histoire dite noire appartient aussi aux blancs, comme l’histoire blanche appartient aux Noirs.

Le Mois de l’histoire des Noirs sera-t-il toujours nécessaire?

Un jour, il va falloir se décoller du terme «histoire des noirs» pour parler tout simplement de l’histoire. À l’école, il est beaucoup question de «l’histoire blanche» et les histoires amérindienne et noire sont presque en note de bas de page. Nous avons besoin de revamper nos manuels scolaires et nos manières de penser pour parler de l’histoire de tous.

Le Mois de l’histoire des Noirs se vit beaucoup par des manifestations artistiques. Pourquoi, croyez-vous?

Communiquer un message ou une réflexion en utilisant l’art est moins rigide que de le faire avec des discours, des conférences, qui, soit dit en passant, sont aussi nécessaires et de bons moyens pour l’échange et la rencontre. L’art permet de passer par autre chose que la revendication. La militance ou simplement la sensibilisation sont plus douces à travers l’art. Les gens peuvent également se reconnaître à travers les récits et les personnages. Nous jouons sur l’imagination, nous sommes dans un rapport d’âme à âme, de cœur à cœur.


Activités dans le Quartier des spectacles


Théâtre

RACE

Place des Arts
Du 17 février au 26 mars

La pièce de David Mamet met en scène deux avocats, l’un noir, l’un blanc, qui hésitent à défendre un riche homme blanc accusé de viol sur une jeune femme noire pauvre. «C’est une pièce qui traite des préjugés. Ceux concernant la race, mais aussi ceux entre les hommes et les femmes. L’auteur s'interroge sur nos perceptions, souligne l’acteur Frédéric Pierre qui tient l’un des rôles principaux de ce huis clos. Le Mois de l’histoire des noirs nous amène à réfléchir, à voir autre chose, à percevoir différemment. L’art sert à divertir, mais aussi à apprendre, à se questionner», poursuit-il.

Expositions

ÉGÉRIES NOIRES

Place des Arts
Du 5 au 28 février – Gratuit

«Nous avons cherché des femmes qui étaient des artistes, mais aussi des muses. Nous ne nous sommes pas arrêtés au nombre de disques vendus, mais bien à leur talent, leur histoire et leur implication», explique le journaliste et commissaire de l’exposition, Ralph Boncy. Il en ressort le portrait de 12 femmes qui ont laissé leur trace dans l’univers musical canadien, que ce soit en opéra, en jazz ou en hip-hop. L’événement met autant en lumière Jeri Brown et Molly Johnson que Régine Chassagne, d’Arcade Fire, et J.Kyll, de Muzion. L’expo est complétée par six œuvres visuelles sur la musique noire, réalisées par autant d’artistes.


INSPIRATION AFRICAINE

Monument-National
Jusqu’au 28 février – Gratuit

Le festival Vues d’Afrique entame son rallye-expo 2016 avec Inspiration africaine qui met en vedette deux peintres africains installés au Québec. Les toiles de Khaled Laggoune nous plongent dans la ville d’Alger et dans le Sahara algérien. Chilles Kaoumé s’inspire quant à lui des bidonvilles, des scènes urbaines africaines, mais aussi canadiennes.

Film

AVEC PRESQUE RIEN

Maison du développement durable
9 février, 12 h 15 – Gratuit

Avec presque rien, ils créent des objets. Avec presque rien, ils font de la musique. Avec presque rien, ils créent des discours saisissants. Avec ce documentaire, lauréat du prix Développement durable du festival Vues d’Afrique 2015, le réalisateur malgache Nantenaina Lova a posé sa caméra sur son pays d’origine et en a ramené des images d’une grande beauté.

Musique

SPECTACLES AU BALCON

Plusieurs dates

La nouvelle salle du Quartier des spectacles, Le Balcon, dédie février au Mois de l’histoire des Noirs. Pas moins de huit spectacles sont proposés, dont les déjà classiques soirées années 1960, Motown ou disco (5, 12, 20 et 27 février). La mémoire de la reine de la salsa cubaine Celia Cruz (11 février) est célébrée et, pour la Saint-Valentin, Dawn Tyler Watson propose une soirée jazz et soul (13 février). James Correa s’attaque au soul des Stevie Wonder et Marvin Gaye (19 février) et la salsa, le merengue et la bachata sont à l’honneur avec The Cuban Martinez Band (26 février).


Mois de l’histoire des Noirs

Jusqu’au 29 février


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