Quand les monstres envahissent le Quartier des spectacles

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Et si on vous disait qu’il existe un monde parallèle peuplée d’étranges monstres auquel on peut accéder ? C’est ce que propose La vie secrète des Monstres, une œuvre immersive présentée à la sortie du Métro Saint-Laurent. À mi-chemin entre le jeu vidéo et la réalité mixte, cette création unique et gratuite qui s’adresse à toute la famille promet des expériences étonnantes ! Rencontre avec Jean-Philippe Desjardins, directeur et co-fondateur de l’entreprise Wallrus Creative Technologies, qui est à l’origine du projet.

Quelle est la genèse du projet ?

À l’origine, quand nous avons fondé Wallrus, mes partenaires Émile, Jasmine et moi-même, nous voulions faire du cinéma. Mais nous nous sommes plutôt tournés vers le Web et au cours des dix dernières années, nous avons fait notre place dans le milieu sans jamais toutefois perdre l’envie de revenir à la création. La vie secrète des monstres était l’occasion pour nous de renouer avec notre fibre artistique et de redevenir des créateurs. Ce qui nous intéresse avec la technologie, c’est de raconter des histoires.

Pourquoi avoir choisi le thème des monstres et quelles ont été vos sources d’inspiration ?

Les monstres sont un objet de fascination et l’incarnation même du fantastique. Une grande part de notre inspiration vient des films de Hayao Miyasaki, comme Princesse Mononoke, où abondent toutes sortes de créatures merveilleuses. Sur le plan esthétique, un artiste comme Odilon Redon qui, à la fin du 19^e siècle et au début du 20^e siècle, peignait notamment des araignées à visage humain ou souriant nous a également influencé. Et pour nous, l’univers des monstres a toujours eu un petit côté steampunk attirant. Alors quand on s’est rendu compte qu’en utilisant la technologie, on pouvait permettre aux gens d’avoir des interactions avec des créatures d’un autre monde, on s’est dit qu’on avait la base d’un projet susceptible de plaire à toute la famille.

Quel a été le processus de création ?

Il s’est écoulé environ quatre ans entre la conception et la réalisation du projet. On peut dire qu’il s’agit d’un projet de longue haleine et c’était également un processus d’apprentissage pour nous, puisqu’il s’agit de notre première réalisation dans l’espace public. Au total, une cinquantaine de personnes ont travaillé sur le projet.

Quelles sont les différentes technologies utilisées ?

La vie secrète des monstres intègre des éléments de jeu vidéo, de vidéo mapping et de réalité mixte. Pour réaliser un tel projet, le recours à différents logiciels et à différentes technologies s’imposait, à commencer par la 5G qui permet aux spectateurs de se servir de leur appareil comme d’une fenêtre sur l’univers des monstres. Pour cette expérience, nous avons fait un scan géomatique des abords du métro Saint-Laurent et nous avons développé l’univers des monstres grâce au moteur de jeu vidéo Unreal Engine. C’est le edge computing qui nous permet de savoir en temps réel dans quelle direction les gens orientent leur appareil mobile. Enfin, pour animer le Kyfo, nous avons employé un algorithme de machine learning ou apprentissage automatique, qui est une sous-catégorie de l’intelligence artificielle.

À quel genre d’expérience le public peut-il s’attendre ?

L’expérience a réellement été conçue pour être vécue en famille, afin que les enfants puissent participer et que les parents partagent leur émerveillement. Elle se décline en deux volets. D’une part, il y a la découverte de l’univers parallèle peuplé de monstres inconnus que l’on peut observer avec son téléphone. D’autre part, il y a le Monstroscope, une structure qui permet d’entrer en communication avec le Kyfo, un être mystérieux qui opère une station de train aérien et dont l’image est projetée sur la façade aux abords de la station de métro St-Laurent. Le Kyfo est de nature sympathique mais il s’exprime dans une langue plutôt incompréhensible. Selon ce qu’on lui dit, il peut connaître différentes émotions et reproduire des sons.

Quelles leçons tirez-vous de cette expérience de création ?

En tant que créateur, on se rend compte qu’en 2023, on est tout le temps en compétition avec un écran. À la maison, entre la télévision, l’ordinateur, le téléphone intelligent et la tablette, il est extrêmement difficile d’obtenir et de garder l’attention des gens. D’où l’idée de proposer une œuvre spécialement conçue pour l’espace public et suscitant l’engagement du public. Il y aura d’ailleurs des médiateurs costumés sur le site aux abords du métro Saint-Laurent qui offriront de l’assistance aux gens sur place. Évidemment, nous avons très hâte de découvrir la réaction des gens à ce premier projet d’art exploitant le potentiel de la 5G au Canada. Pour nous, il s’agit d’une première incursion dans ce domaine, mais nous n’excluons pas la possibilité d’amener, à l’avenir, ce type de création dans les musées.