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Arts visuels

AMÉLIE JÉRÔME | CORRESPONDANCES

AMÉLIE JÉRÔME | CORRESPONDANCES

Informations sur l’activité

Gratuit !

La galerie Laroche/Joncas est heureuse de présenter l’exposition Correspondances de Amélie Jérôme, la première exposition de l’artiste avec la galerie.

CORRESPONDANCES (ET ÉLOIGNEMENTS)
« Dans la mesure où l’homme est composé de terre, d’eau, d’air et de feu, son corps ressemble à celui de la Terre; comme l’homme a en lui des os comme support et structure à sa chair, la Terre a le roc; comme l’homme a en lui un bassin de sang où ses poumons se gonflent et se vident en respirant, la Terre a sa marée qui monte et descend toutes les six heures, comme si la Terre respirait elle-aussi » (Leonardo, Carnets)

« Si, à l’origine, la nature a créé l’homme, l’homme, à son tour, s’approprie le processus créatif et devient en quelque sorte lui-même surnaturel. » (Robert Pogue Harrison, Forêts)

Dans le poème Correspondances de Baudelaire, la Nature où « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » est un temple qui allume les sens et nous permet de retrouver une identité primordiale qui nous lie à part entière avec elle. Mais le concept archaïque de forêts et sommets de montagnes qui sont le reflet d’un équilibre originel disparu est lui-même désuet, et celui d’une nature inviolée trouve difficilement sa place à notre époque post-biologique et marchandisée. Ayant nous-mêmes créé ce mythe romantique d’une nature préservée, pouvons-nous considérer la Nature comme un concept de notre propre invention?

Les brouillards, tourbillons, strates rocheuses et nuages entrelacés qu’évoquent les peintures d’Amélie Jérôme nous présentent un aspect différent de la Nature où la force de ses implacables éléments s’expérimente en silence. La Nature est ici une force créative, un moteur productif qui nous entraîne dans sa turbulente activité; elle est un pouvoir qui nous est à la fois inaccessible et façonné par notre intervention. Ces formes qu’a peintes Jérôme ne représentent jamais des objets précis que l’on pourrait quantifier, construire ou posséder, mais laissent plutôt deviner des forces de transformation telles que le courant, l’érosion ou la réaction chimique. Notre perception se transforme elle aussi devant ces « lieux » ambigus qui renient la plupart des références au paysage et à l’habitacle. Abandonnant toute connotation humaine, ces formes attirent notre attention sur d’autres relations possibles.

La façon dont nous imaginons la matière de notre propre corps se confondant avec le reste du monde prouve bien que nous n’avons jamais définitivement rompu avec la Nature. Les peintures de Jérôme mettent en scène ces correspondances entre nos propres corps et un écosystème plus vaste. Elles révèlent une analogie avec l’origine minérale de la vie, mais ce passé s’ouvre aussi sur des possibilités futures d’association et d’engagement. Si notre premier rapport à la Nature – marqué par un historique d’idolâtrie, de dégradation et de destruction – fut difficile et divisé, ces peintures demandent que l’on s’attarde à d’autres sentiments embrouillés de joie, d’anxiété et de vénération. Ces peintures accueillent une nouvelle Nature conçue à travers un incessant processus de rapports et d’associations.

2017-04-01
Quartier des spectacles Montreal, Quebec