Réinventer le MAC : entre enracinement québécois et avant-garde mondiale

entrevue avec
Stéphan La Roche
Directeur général, Musée d’art contemporain de Montréal
Entrevue

Rendu, façade du nouveau MAC

publication
16 septembre 2025
mise à jour
16 septembre 2025
temps de lecture
4 minutes
Un texte de
Philippe Couture

À Montréal, l’art contemporain a son phare. Et ce phare, après plusieurs années de travaux, brillera de nouveau en 2028, au cœur du Quartier des spectacles. Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) poursuit une transformation majeure : un bâtiment repensé, un musée réinventé, une mission réaffirmée. À sa tête depuis 2024, Stéphan La Roche entend guider ce renouveau avec une vision claire : puiser dans les racines québécoises du MAC tout en l’ouvrant largement sur le monde. Rencontre avec un directeur général qui rêve d’un musée vivant, décloisonné et profondément ancré dans sa ville.

Que vous inspire votre arrivée au MAC ?

Je suis très heureux de poursuivre mon parcours dans une institution muséale québécoise. Après avoir dirigé le Musée de la civilisation, revenir dans le milieu de l’art contemporain me ramène à mes premières passions, celles que j’ai nourries en tant que président – directeur général du Conseil des arts et des lettres du Québec, entre autres. J’ai toujours eu une passion pour l’art contemporain et les arts visuels, et je me sens donc bien outillé pour mener cette nouvelle mission.

Qu’apportez-vous de votre expérience passée ?

J’ai beaucoup appris à Québec, notamment l’importance de développer des réseaux internationaux. Nos institutions muséales doivent dialoguer avec le reste du monde, collaborer avec des artistes et des partenaires étrangers. Cela ouvre une fenêtre sur ce qui se fait ailleurs et permet d’innover ici. En même temps, je suis très heureux de revenir à Montréal, une ville interculturelle, vibrante, aux artistes brillants et avant-gardistes.

Quelle est votre vision pour le futur du MAC ?

À sa fondation, le MAC avait entre autres été pensé pour valoriser les artistes contemporains québécois, et je veux m’ancrer fortement dans cette mission première. Notre collection est riche, notre scène artistique locale est foisonnante, et il est essentiel de lui donner toute la place qu’elle mérite. J’accorde aussi une importance particulière aux peuples autochtones : leur art est en pleine effervescence et nous devons en être le reflet. Le MAC doit aussi rester une vitrine pour les formes d’art les plus innovantes venues d’ailleurs. Pour moi, ces deux axes — local et international — doivent dialoguer en permanence. Je résume ma vision par une formule : « Savoir d’où on vient pour déterminer où l’on va pour le futur. »

Rendu, intérieur du nouveau MAC
Rendu, extérieur du nouveau MAC
Rendu, façade du nouveau MAC

Pouvez-vous nous parler de la transformation architecturale ?

Les travaux vont offrir au musée une nouvelle enveloppe de verre spectaculaire. Le bâtiment sera beaucoup plus ouvert sur la ville, connecté au tissu urbain et aux espaces publics du Quartier des spectacles. Le MAC ne sera plus un lieu fermé, mais un musée en dialogue avec la rue, accueillant et vivant.

Quelle place accorderez-vous aux artistes émergents ?

Une place essentielle. Je veux qu’ils puissent dialoguer avec les grands noms et faire entrer leur travail dans la conversation collective. Le MAC a toujours eu un ADN interdisciplinaire — c’est l’un des premiers musées en Amérique du Nord à avoir accueilli en résidence des artistes en arts vivants. Aujourd’hui, je crois plus que jamais qu’un musée d’art visuel doit être décloisonné, sans barrière avec les autres formes d’art. Il doit devenir un lieu de création autant que de diffusion.

À quoi ressemblera la première année après la réouverture ?

Je souhaite la consacrer à la redécouverte de nos fondations. La première année sera centrée sur nos collections québécoises et sur les artistes d’ici. Ensuite, dans la première ou la deuxième saison qui suivra, nous ouvrirons davantage aux grandes avant-gardes internationales. En somme, nous commencerons par « savoir d’où l’on vient » avant de plonger pleinement dans l’avenir.

Avec passion et lucidité, Stéphan La Roche trace un cap : faire du MAC un musée enraciné et audacieux, fidèle à son histoire, mais ouvert à toutes les innovations du présent. Rendez-vous en 2028 pour voir ce phare de l’art contemporain briller de nouveau au cœur de Montréal.

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