35 ans à craquer pour les Francos

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Le fameux festival consacré à la musique francophone célèbre cette année son 35^e anniversaire et réserve encore une fois bien des surprises au public montréalais. La programmation de cette édition, qui se tiendra du 14 au 22 juin, réunit plus d’une centaine d’artistes locaux et internationaux et propose 150 spectacles au centre-ville. C’est l’occasion de voir sur scène quelques-uns de ses chanteurs préférés et de découvrir les vedettes de demain.

Petit survol de cette 35^e édition avec le directeur de la programmation Maurin Auxéméry.

Texte de Sébastien Tétrault

Que représente cette 35^e édition à vos yeux ?

Dans la vie, quand un individu a 35 ans, on peut dire qu’il a acquis une belle expérience. Je dirais que c’est la même chose pour le festival qui a évolué depuis ses débuts, changeant de formule, d’espace géographique et temporel. Aujourd’hui, les Francos ouvrent en quelque sorte la saison des festivals estivaux à Montréal. L’édition actuelle sera consacrée à Guy Latraverse, co-fondateur - avec Jean-Louis Foulquier et Alain Simard - du festival en 1989 et qui nous a quitté en octobre dernier. En tant qu’impresario bien connu des deux côtés de l’Atlantique, Guy Latraverse a joué un rôle important dans les débuts des Francos en faisant notamment le pont entre la France et le Québec.

Parlant de grands disparus, l'édition actuelle rendra aussi hommage à Jean-Pierre Ferland...

Évidemment, cet hommage qui aura lieu le 18 juin, n’était pas prévu. Les Francos ne devaient pas présenter de spectacle extérieur ce jour-là, mais comment ne pas souligner la contribution de ce géant à la musique québécoise ? Nous avons dû réagir très vite et c’est un effort commun qui nous a permis d’organiser ce spectacle en un temps record. Grâce à la collaboration de tout le monde, nous allons donc souligner le départ de ce monument et son héritage dans le cadre du spectacle Les petits rois, mis en scène par Ariane Moffatt. Je pense que Jean-Pierre Ferland, par le biais de son album Jaune notamment, a inspiré beaucoup de vocations. Et c’est cette génération d’artistes qui a grandi en écoutant sa musique, les Karkwa, Ariane Roy, Hubert Lenoir, Marie-Pierre Arthur, etc. qui célébrera son héritage, non pas dans une salle de quelques centaines de places mais sur la scène principale, devant des milliers de personnes.

Outre cet hommage amplement mérité, quels sont les autres événements phares du festival ?

Il y en a beaucoup mais si je dois me limiter à deux événements seulement, je mentionnerais le spectacle extérieur Ambiance R&B, le 22 juin, avec Corneille et une pléthore d’excellents artistes locaux et internationaux. Cet événement, qui clôturera en grand les Francos, célèbre une musique influente qui n’a pas toujours eu bonne presse au Québec et qui mérite d’être reconnue et appréciée à sa juste valeur. Un autre moment clé est Le roy, la rose et le lou(p), présenté le 15 juin au MTelus. Ce spectacle créé initialement aux Francos, en 2022, par Ariane Roy, Thierry Larose et Lou-Adrianne Cassidy, témoigne de l’immense talent et de l’ingéniosité de cette génération d’artistes. Il rappelle également, par son esprit, de grands moments de l’histoire de la musique québécoise.

Quels artistes êtes-vous particulièrement fiers de présenter au public des Francos cette année ?

D’emblée, je vais mentionner le retour de Karkwa sur la scène principale, le 20 juin. Il faut aussi souligner le retour de Zaho de Sagazan. Elle s’est produite l’an dernier à l’extérieur, devant un petit parterre. La voici qui revient le 22 juin présenter un spectacle dans un MTelus qui affiche déjà complet… Je pense que le public sera ravi de découvrir Meryl, le 19 juin. Cette artiste de la Martinique, étoile montante de la scène rap et R&B française, chante aussi en créole martiniquais, ce qui est important pour le festival qui vise à faire rayonner la francophonie sous toutes ses facettes. Je pense que le chanteur et rappeur franco-camerounais Yamê, qui se produira avec Anaïs MVA le 15 juin, au Club Soda, fera également belle impression. Sinon, je dois mentionner le spectacle 50 ans en cavale de Pierre Flynn qui, accompagné par un quatuor à cordes, se présentera le 16 juin à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Enfin nous sommes ravis d’accueillir à nouveau Marie-Annick Lépine, dont le spectacle, l’an dernier, avait été troublé par la pluie. Sa présence cette année est importante à plus d’un titre et je suis persuadé que le public lui réservera un accueil plus que chaleureux.

Que conseillez-vous à ceux qui souhaitent profiter au maximum des Francos ?

Je vous conseille de repérer un spectacle en consultant la programmation et de vous présenter à l’avance pour déambuler sur le site et vous imprégner de son atmosphère. Les Francos s’adressent aux curieux, curieuses et il est bon de se promener entre les scènes pour se laisser surprendre simplement. Vous pourriez découvrir ainsi la nouvelle Angèle ou la nouvelle Zaho de Sagazan qui, comme tant d’autres artistes, ont donné leurs premières prestations aux Francos sur des scènes extérieures, devant de petites foules. Qui sait ?

Selon vous, à quoi ressembleront les Francos dans 35 ans ?

Je ne sais pas si je serai toujours là dans 35 ans, mais je ne me fais aucun souci pour les Francos. Je pense qu’année après année, le festival contribue à inspirer les nouvelles générations, à leur donner envie d’écrire et de chanter en français et à leur montrer que tout est possible. Pour moi, cela ne fait aucun doute. Tant qu’il y aura ici des artistes qui chantent en français, les Francos seront là pour les mettre en valeur et faire vibrer le cœur de l’été montréalais.