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Gravitation, l’œuvre générative qui illumine le Quartier des spectacles

11 janvier 2024

Texte principal du billet

Jusqu’au 10 mars 2024, Luminothérapie bat son plein et pare le Quartier des spectacles de mille couleurs féériques. Parmi les œuvres exposées, la vidéoprojection Gravitation, se basant sur les données météorologiques des dernières 24 heures, y est présentée en première mondiale. Rencontre avec les créateurs, l’artiste visuelle Céline Bellehumeur, alias Féline B, et le programmateur Samuel Tremblay, du studio Rodeo FX, afin d’en savoir plus sur cette œuvre futuriste.

Un texte de Sébastien Tétrault

Gravitation apporte un élément de science-fiction dans le Quartier des spectacles. Était-ce l’objectif initial ?

Féline B : J’ai voulu créer une ambiance et je me suis en effet inspirée de l’esthétique des films rétrofuturistes et du cinéma de science-fiction. Cela faisait déjà partie de ma démarche artistique dans laquelle je crée des environnements fictifs et imaginaires. J’ai donc suivi mon processus ordinaire en travaillant autour du thème de Luminothérapie, le cosmos, sans dénaturer ma pratique. J’ai vraiment eu beaucoup de liberté pour ce qui est de la réalisation de cette œuvre.

Le projet a-t-il beaucoup évolué entre l’idéation et le déploiement final ?

Samuel Tremblay : Au tout début, il n’était question ni d’espace ni de gravitation. Nous avions l’intention d’utiliser les compositions de Féline B pour en faire une projection. Le thème de l’œuvre s’est imposé au fil de nos discussions, quand Céline et nous avons commencé à parler du cosmos et à évoquer l’idée d’une transition entre une forme chaotique et une forme ordonnée de l’espace.

F.B : Oui, le processus s’est fait de façon fluide. J’ai l’impression que le résultat final est fidèle à notre premier remue-méninge chez Rodeo FX. Nous avons trouvé rapidement les idées principales et lors du dernier test à la mi-novembre, j’étais surprise de constater à quelle vitesse notre travail avait pris forme et pris vie. Le résultat est fidèle à ce que j’espérais et à ce que souhaitais !

S.T : J’ai l’impression qu’une nouvelle œuvre s’est créée lors du processus et même si on ne s’y attendait pas, je dirais que c’est venu tout seul. Pour moi, c’est un peu ça la surprise du projet.

Pouvez-vous décrire brièvement l’expérience que Gravitation réserve au public ?

S.T : Gravitation est une projection d’une durée de six minutes où l’on voit une transition constante entre l’ordre et le chaos. Ce qui est fascinant, c’est que les éléments qui entretiennent le chaos finissent par rétablir l’ordre. Le passage soudain des éléments mouvants de l’arrière-plan à l’avant-plan modifie la perspective de l’œuvre et crée un effet de surprise auprès des spectateurs.

Comment l’avez-vous mise au point ?

S.T : Il s’agissait pour nous d’une première expérience de travail avec le contenu « authentique » d’un artiste. Nous avons donc dû passer par plusieurs étapes : du matriciel au vectoriel, au 3D, à l’animation, au génératif, à la grosse projection. Gravitation a été constituée à partir des créations de Féline B, mais c’est aussi une œuvre générative qui tient compte des données recueillies quotidiennement par des stations météorologiques, situées à l’esplanade Tranquille et sur la place des Festivals. Ces données sont compressées et influencent la couleur de l’œuvre, le mouvement de ses éléments et même l’oscillement de sa perspective. Ainsi, même si l’œuvre est présentée en boucle tout au long de la journée, elle évolue en permanence et chacun de ses visionnements sera différent.

C’est donc ce qu’on appelle une œuvre générative ?

S.T : Une œuvre générative est généralement créée grâce à l’intelligence artificielle. Dans le cas de Gravitation, il s’agit plutôt d’une œuvre semi-générative puisque nous nous sommes basés sur les créations de Féline B pour la créer. Nous avons transféré les images qu’elle a créées dans un univers 3D, puis nous avons utilisé le logiciel Touch Designer pour mettre au point les algorithmes dont nous avions besoin. Bien sûr, nous utilisons des données issues des conditions météorologiques pour moduler la présentation finale, mais nous conservons une bonne partie du contrôle créatif.

Quels ont été les défis du projet ?

F.B : Mon premier défi a été d’adapter mes compositions de façon harmonieuse à un gabarit architectural très précis et original. Car la façade du pavillon Président-Kennedy de l’UQAM est atypique avec ses nombreuses fenêtres de forme allongée… La couleur occupe aussi une place importante dans mes compositions. Pour ce projet, j’ai dû créer une variété de couleurs intéressante à partir de trois palettes différentes, une froide, une chaude et une tiède, ce qui n’était pas évident…

S.T : Pour ma part, j’ai trouvé complexe la transition de l’infiniment petit à l’infiniment grand. On travaille sur de petits écrans de 14-15 pouces qui ne donnent pas du tout la même impression qu’une projection monumentale. Ainsi les compositions, comme les mouvements en général, sont difficiles à « sentir » avant qu’on arrive sur les lieux. C’est pourquoi nous avons fait beaucoup de tests. Heureusement, un logiciel comme Touch Designer nous permettait d’effectuer des retouches en temps réel, ce qui nous a permis de réaliser une co-création très rapide.

F.B : J’ai l’habitude de travailler en peinture sur toile et sur papier et je n’utilise le numérique que pour élaborer des esquisses préparatoires. Quand je pense à la simplicité extrême des esquisses de cette œuvre-ci, je peux dire que l’équipe de Rodeo FX a vraiment fait un travail incroyable pour rendre l’œuvre vivante ! La collaboration s’est super bien passée. Nos compétences spécifiques se sont bien complétées à travers toutes les étapes du projet.

Gravitation

Dans le cadre de la 14e édition de Luminothérapie

Jusqu’au 10 mars 2024
Sur les façades du Pavillon Président-Kennedy de l’UQAM et l’Édifice WILDER – Espace Danse

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