La LNI : 45 ans d'improvisation incomparable

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Le Théâtre de la LNI, véritable fleuron de la culture québécoise, fêtera à l’automne son 45^e anniversaire et promet de souligner l’heureux événement en proposant une programmation faste s’adressant autant au grand public qu’aux amateurs chevronnés. Rencontre avec le directeur artistique du Théâtre de la LNI, François-Étienne Paré, afin d’en savoir un peu plus sur cette institution unique et sur ses projets pour l’année en cours.

POUVEZ-VOUS NOUS DÉCRIRE LE THÉÂTRE DE LA LNI EN QUELQUES MOTS ?

J’aime bien présenter le Théâtre de la LNI comme un laboratoire visant à faire avancer la pratique de l’improvisation théâtrale. Notre mission est triple et se décline ainsi : création, recherche et transmission. Pour beaucoup, la LNI est une compagnie phare et la Saison de la Coupe Charade, qui a lieu au Club Soda, est toujours très populaire. Mais nous offrons également des activités de formations et nous produisons plus que jamais des types de spectacles différents.

45 ANS APRÈS SA CRÉATION, QU’EST-CE QUI DISTINGUE VOTRE COMPAGNIE ?

Disons tout d’abord que le monde des arts au Québec a bien changé depuis la création du Théâtre de la LNI en 1977 et que nous ne sommes plus les seuls à faire de l’impro… À certains moments de l’année à Montréal, il est possible d’assister à 32 spectacles d’improvisation ! Dans ce contexte, le Théâtre de la LNI doit assumer son rôle de meneur et mettre la barre toujours plus haute. Nous sommes toujours les pionniers de l’improvisation et notre slogan – Réaliser l’impossible – exprime notre soif constante de nouveaux défis.

À QUOI PEUT-ON S’ATTENDRE DE LA PROGRAMMATION EN 2022 ?

Outre la Saison de la Coupe Charade, nous avons déjà cinq productions importantes et innovantes en cours : Focalisation zéro, La LNI s’attaque aux classiques, La LNI s’attaque au cinéma, La LNI tue la une ! – Actualités improvisées et La LNI en tournée. Et c’est sans parler de deux productions en développement dont l’esprit évoque celui des pionniers de l’improvisation : L’Usine de théâtre potentiel et Projet Cygnus. Nous sommes aussi en train de réfléchir à la façon de célébrer notre 45^e anniversaire.

QUE DIRE DE LA SAISON DE LA COUPE CHARADE ?

Il s’agit du spectacle original de la compagnie, celui qui fait courir les foules et qui galvanise les artistes. Les spectacles de la Coupe Charade sont caractérisés par leur énergie et leur effervescence indescriptibles. On constate un état de communion entre les artistes et les spectateurs présents. À ma connaissance, il n’y a pas d’autre spectacle d’art vivant où le public peut se prononcer en tout temps sur la performance en cours. Les spectateurs ont en effet le droit de lancer des claques (protèges-bottes) sur la scène s’ils ne sont pas satisfaits ou en désaccord avec le déroulement de l’improvisation. Pour l’avoir vécu en tant que comédien, je peux vous dire que ce type d’intervention est assez radical… Mais c’est de bonne guerre ; non seulement ça témoigne de la passion du public, mais ça nous oblige à nous dépasser !

POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE FOCALISATION ZÉRO ?

On peut dire que notre incapacité à présenter des spectacles en salle pendant la pandémie nous a poussés à innover. Focalisation zéro est né du désir de voir des comédiens réagir face à la caméra aux indications d’une voix hors-champs. Avec cette initiative, on s’éloigne de l’improvisation originale et on perd la sensation de communion avec le public. Mais en confiant la rédaction de la voix hors-champs à des auteurs et autrices reconnues, on permet aux artistes d’improviser sur la base de textes élaborés, ce qui n’était pas possible auparavant. Robert Gravel, fondateur de la LNI avec Yvon Leduc, était conscient de ce problème. Mais il disait : « On va gagner en vitalité ce qu’on perd en écriture. » Eh bien, avec Focalisation zéro, nous avons l’impression d’avoir réuni le meilleur des deux mondes. Une première saison de neuf épisodes est accessible au public et une deuxième saison est déjà prévue.

EN TERMINANT, POUVEZ-VOUS MESURER LE CHEMIN PARCOURU EN 45 ANS D’IMPROVISATION ?

C’est émouvant de penser qu’il y a 45 ans, les fondateurs de la LNI ont inventé le match d’impro et ses codes, établi sa mise en scène et ses règles, sans savoir pour autant ce que ça allait donner. Heureusement, le public a suivi et l’improvisation a vite gagné en popularité. Avant 2015, le Théâtre de la LNI n’avait pas développé d’autre types de production, mais il répond depuis quelques années à une volonté d’évolution. Ce n’est pas un hasard si l’improvisation se rapproche aujourd’hui à la fois du théâtre et du cinéma ou se décline dans l’univers numérique. Certains de ces nouveaux types de productions s’adressent peut-être à un public plus averti, mais ils contribuent à repousser les limites de notre art et à le faire rayonner. Chose certaine, le milieu de l’improvisation était rendu là et, à en juger par son dynamisme actuel, il n’a pas fini d’évoluer !