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Une envoûtante baleine lumineuse trône sur la place des Festivals

9 décembre 2021

Texte principal du billet

L’avez-vous vue ? La place des Festivals accueille une immense baleine lumineuse de cinq tonnes – de laquelle on doit s’approcher avec précaution – dans le cadre de la 12e édition de Luminothérapie. L’artiste autrichien Mathias Gmachl offre à Montréal cette œuvre intitulée Écho - le chant de l’inconnu. Une installation sculpturale, lumineuse et sonore qui vise entre autres à sensibiliser à la problématique de l’extinction des espèces marines, nous dit le créateur.

Avec ses courbes voluptueuses et son aura lumineuse, elle vous attirera irrémédiablement. Les sons mystérieux qu’elle diffuse sont envoûtants – une bande-son directement créée à partir d’enregistrements sous-marins. Mais, attention, cette magnifique baleine de 17 mètres de long, une réplique d’une baleine bleue d’un an, vous invite à la regarder à distance. Si vous vous approchez trop près d’elle, ses lumières s’éteignent et ses sons énigmatiques s’interrompent. Symbole puissant d’une faune et d’une flore menacées par l’invasion humaine.

« Nous avons en quelque sorte dessiné un cercle imaginaire autour de la baleine, explique Mathias Gmachl. Cette ligne indique une limite, une distance que nos activités doivent respecter pour ne pas perturber l’espace de la baleine. Elle nous invite à agir afin de réduire l’impact de nos activités quotidiennes sur la nature et l’environnement, en nous faisant prendre conscience de sa fragilité. L’interaction avec l’espace vital du mammifère marin doit rester respectueuse. »

Un artiste au profil singulier

Depuis 2003, Mathias Gmachl crée des œuvres au confluent de l’art visuel, de l’art numérique, de l’art sonore, de l’architecture et de l’écologie. Il fabrique des expériences interactives visuellement percutantes qui invitent à réfléchir à notre responsabilité collective devant le désastre écologique, et à penser l’avenir différemment. Son approche privilégiée est d’explorer le rôle de l’art et du design dans l’espace public, en travaillant la plupart du temps en espace extérieur ou dans des lieux non traditionnels, hors de la galerie, du musée et du studio.

Avec le groupe farmersmanual, il s’intéresse aussi à la réinvention du concert de musique, muté sous ses soins en expérience esthétique interdisciplinaire et profondément interactive. « Je suis autant designer que chercheur ou musicien », explique-t-il.

Une œuvre ancrée dans l’urgence d’agir

« Il nous reste 10 ans pour faire passer nos systèmes politiques et économiques mondiaux d’un modèle d’abus et de négligence à un modèle de respect et de régénération, affirme l’artiste. Avec Écho - le chant de l’inconnu, j’essaie d’apporter une petite contribution à ce processus en sensibilisant les gens et en créant un espace pour recadrer le récit. »

D’abord symbole des espèces marines en voie d’extinction, la baleine d’Écho a une portée plus large et raconte l’ensemble de l’« écologie océanique » mise à mal, sinon offre une représentation de « l’ensemble des milieux de vie sur lesquels l’humain agit de manière bien souvent néfaste ». « Cette œuvre est une méditation sur notre traitement irrespectueux de toute vie sur Terre. Les baleines sont d’ailleurs souvent utilisées comme symbole de la nécessaire transition écologique que nous poursuivons. Les enregistrements de leurs chants nous attirent dans leur monde énigmatique et ont alimenté les premières campagnes environnementales », rappelle Mathias Gmachl.

Sons et lumières

C’est probablement d’abord en raison de ses sonorités que vous serez attirés par la baleine de la place des Festivals. L’artiste nous apprend que « l’œuvre présente plusieurs heures de paysages sonores océaniques énigmatiques enregistrés par Jana Winderen, une artiste et exploratrice sonore de premier plan. Les enregistrements sont réalisés à l’aide d’hydrophones (microphones sous-marins) dans des endroits éloignés et non perturbés, révélant la beauté acoustique étrangère du monde marin ».

Non seulement ces chants sous-marins ont une grande valeur esthétique, mais ils sensibilisent aux dangers de la pollution sonore marine engrangée par l’activité humaine, qui parasitent la communication entre les baleines. « Comme le son voyage beaucoup plus loin que la lumière sous l’eau, il joue un rôle important dans la survie de la vie marine. Les animaux marins ne peuvent voir qu’à quelques dizaines de mètres tout au plus, mais ils peuvent entendre à travers des bassins océaniques entiers. La pollution sonore marine constitue donc une menace sérieuse pour la survie des habitants des océans et pour l’ensemble de l’écologie océanique. Et, contrairement à de nombreux autres domaines d’activité humaine, la pollution sonore peut être arrêtée instantanément, sans effets persistants à long terme. Il est urgent d’agir. »

Écho - le chant de l’inconnu se construit aussi sur une trame lumineuse aux teintes rouges et dorées, représentant un soleil couchant sur l’océan. « Ce spectacle naturel nous incite à nous arrêter et à apprécier la beauté de notre environnement, expose Mathias Gmachl. Le rouge est la couleur de la séduction et de l’invitation, mais aussi celle de l’avertissement et du danger. »

Créée en pleine pandémie, l’œuvre en a subi les inconvénients, mais s’inscrit avec acuité dans le nouveau monde que nous laisse le virus. « La pandémie a rendu la communication, la collaboration et la fabrication de l’œuvre plus difficiles, explique l’artiste. Mais, d’un autre côté, l’expérience de la pandémie a également rendu le sujet de l’œuvre plus urgent et opportun. »

ÉCHO - LE CHANT DE L’INCONNU

Présentée dans le cadre de Luminothérapie, 12e édition
Du 2 décembre 2021 au 6 février 2022
Du lundi au jeudi : 12 h à 22 h
Du vendredi au dimanche : 10 h à 23 h

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Crédits

Conception et réalisation : Mathias Gmachl
Remerciements : Jana Winderen, Roosa Tulvio, James Fox, Jon Wozencroft et James Solly
Une coproduction du Partenariat du Quartier des spectacles, de MuseumsQuartier Wien (Vienne, Autriche) et de LAC Lugano Arte e Cultura (Lugano, Suisse)

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