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Rien n’arrête le Festival Accès Asie !

14 mai 2020

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Grâce au festival Accès Asie, Montréal est devenue au fil des ans un épicentre nord-américain de la diffusion des cultures orientales. Son directeur artistique Khosro Berahmandi, qui propose cette année une programmation en ligne, raconte 25 ans de festival enfiévré.

Dans le paysage des festivals montréalais, en quoi la mission d’Accès Asie est-elle cruciale ?

« Il y a une quantité impressionnante d’artistes montréalais d’origine asiatique qui produisent des œuvres d’une qualité exceptionnelle. Accès Asie cherche à les faire rayonner à leur juste valeur, tout en créant des ponts avec les cultures occidentales et en favorisant un maximum d’échanges et de dialogues, toutes disciplines confondues. Dans la dernière décennie, Montréal a connu de grosses vagues d’immigration asiatique, qui augmentent chaque fois considérablement le bassin d’artistes exceptionnels à faire connaître aux Québécois. Nous invitons aussi des artistes de l’étranger pour les mettre en relation avec ceux d’ici : c’est d’une extraordinaire richesse. »

À ses débuts, alors qu’Accès Asie s’appelait Festival du patrimoine asiatique de Montréal, les fondateurs souhaitaient pallier à un manque de reconnaissance des artistes asiatiques montréalais.

« Le festival a effectivement été fondé par un groupe d’artistes qui avaient du mal à trouver des lieux pour diffuser leur travail et à attirer l’attention des institutions. Nous étions en 1995 et, malgré une présence de plus en plus affirmée des artistes montréalais d’origine asiatique, leur art demeurait dans l’ombre. Les Montréalais étaient certes ouverts aux autres cultures, mais il y avait une méconnaissance de la part du milieu culturel. Il existait peu d’espaces pour diffuser les productions asiatiques traditionnelles, encore moins pour l’art contemporain. Ces artistes ont ressenti le besoin de créer leur propre plateforme pour diffuser leur travail. Ils se sont inspirés de festivals du même genre aux États-Unis pendant le mois de mai, le mois du patrimoine asiatique. »

Il s’agissait aussi de combattre les stéréotypes et le racisme associés aux cultures asiatiques. Est-ce encore nécessaire en 2020 ?

« Aujourd’hui, les immigrants asiatiques souffrent probablement moins des préjugés qu’il y a 25 ans, mais nous ne sommes jamais à l’abri de la xénophobie et des ravages que causent la méconnaissance de l’autre. En ces temps de COVID-19, on a bien vu que le racisme à l’égard des Asiatiques peut resurgir là où on ne l’attendait pas. À travers notre mandat, je pense qu’on contribue à faire diminuer ce racisme, en cultivant des échanges interculturels de plus en plus foisonnants. »

Quand vous pensez à l’évolution du festival, de quoi êtes-vous le plus fier ?

« On en a parcouru, du chemin ! Aujourd’hui, en plus du festival, on a développé un volet de diffusion dans différentes régions du Québec, appelé Fleur de lys, Fleur de thé, dans lequel se créent des liens entre artistes montréalais d’origine asiatique et artistes locaux en Estrie ou en Gaspésie, par exemple. Nos liens avec le reste du Canada se sont aussi développés – et je dois dire que les artistes du ROC sont jaloux de l’effervescence culturelle montréalaise de laquelle jouissent nos artistes. L’un des temps forts du festival a été le Symposium du Mois du patrimoine artistique, qui a rassemblé il y a dix ans des artistes venus des quatre coins du Canada. Nous répéterons l’expérience cette année, dans une édition en ligne. Elle permettra aux artistes de la génération actuelle, souvent des gens nés au Canada de parents asiatiques, de connecter mieux avec leurs origines ancestrales. »

Quel est votre meilleur souvenir du festival ?

« En 2016, 600 personnes sont venues au vernissage de l’exposition photo de Bayar Balgantseren, un artiste de la Mongolie très peu connu de ce côté-ci de l’océan. On a été surpris de cette affluence, alors que la communauté mongole montréalaise est somme toute modeste. C’était extraordinaire de voir que notre festival réussissait à ce point à créer des ponts entre les cultures. Pour nous, c’est devenu de plus en plus important au fil des ans de représenter des cultures asiatiques moins présentes à Montréal, comme celles de la Mongolie ou de l’Afghanistan. »

Cette année, vous avez fait le choix d'offrir une programmation en ligne malgré l’annulation de l’édition physique. Un défi ?

« Indéniablement. La crise de la COVID-19 s’est déclarée à seulement quelques semaines de notre événement. Nous étions prêts et n’aurions jamais envisagé de tout annuler. Nous relevons le défi grâce à l’enthousiasme des artistes qui ont proposé prestement des déclinaisons numériques de leur travail. Les œuvres présentées en ligne ont été pré-enregistrées pour un maximum de qualité sonore et visuelle. Cela permet aussi de prolonger la durée de vie de chaque œuvre présentée. On a voulu conserver l’effet d’un temps fort de culture asiatique pendant le mois de mai, avec de nouvelles mises en ligne chaque semaine, mais chaque événement reste disponible jusqu’à la fin du mois pour consultation ultérieure. »

LES SUGGESTIONS DE KOSHRO BERAHMANDI

Concert de Kyra Shaughnessy et Sakay Ottawa
Le 21 mai

« Je suis très fier de ce concert osant un dialogue entre la chanson Atikamekw de Sakay Ottawa et les chants folk de Kyra Shaughnessy, aux influences indiennes affirmées. »

Mix électro live LayLit
Le 22 mai

« Il sera possible de se déhancher dans son salon au son d’une performance live de ces DJS libanais qui célèbrent la diversité musicale des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord et de leurs diasporas. »

Cérémonie traditionnelle du thé
Le 24 mai

« L’art culinaire n’est pas souvent présenté au festival, mais quand nous avons rencontré le maître de thé Han Le, nous n’avons pas hésité à l’inviter à proposer une cérémonie du thé virtuelle, où il nous initiera aux traditions de la Chine, du Vietnam et du Japon. »

Spectacles de Giri Kedaton et PAMANA Ng LuzViMinda
Le 31 mai

« J’aime beaucoup ces artistes proposant de la musique indonésienne et des danses folkloriques. Ils nous proposent une vidéo inédite que j’ai très hâte vous faire découvrir. »

Festival Accès Asie
Jusqu'au 31 mai 2020

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