Une porte unique sur le monde de l’intelligence artificielle pour les créateurs

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Pour la première fois, l’Office national du film du Canada, le Partenariat du Quartier des spectacles, Element AI, Google AI et le Conseil des Arts de Montréal s’associent pour offrir à un artiste ou à un collectif de Montréal l’occasion de participer à Art & IA, une résidence artistique en recherche/création et intelligence artificielle. Cette résidence, qui durera d’avril à octobre 2019, est assortie d’un budget de 50 000 $ et de 200 heures d’accompagnement d’experts en IA et vise au développement du prototype d’une œuvre dédiée à l’espace public exploitant le potentiel de l’IA.

Parrainée par le musicien et cofondateur de Reimagine.AI David Usher et la sociologue et réalisatrice Sandra Rodriguez, cette initiative vise à rapprocher le monde de l’art de celui de l’intelligence artificielle, afin de permettre aux artistes de profiter des incroyables possibilités de ce champ en pleine expansion. Par la même occasion, chercheurs et développeurs aussi bénéficieront des avantages d’une approche créative résolument originale.

Rencontre avec les deux parrains afin d’en savoir plus à propos de cette résidence et à qui cet appel s’adresse.

On entend de plus en plus parler d’intelligence artificielle, mais de quoi s’agit-il précisément ?

Sandra Rodriguez (SR) : L’intelligence artificielle englobe une panoplie de développements technologiques récents. Ce n'est pas une, mais un ensemble de technologies et de théories, qui se basent sur des données pour amener un « ordinateur » à effectuer des tâches inspirées du cerveau humain. L'IA ne reproduit pas l’intelligence humaine, elle s'en inspire.

David Usher (DU) : L’intelligence artificielle est un tout nouveau média qui commence seulement à prendre forme mais cet outil technologique sophistiqué s’avère déjà très prometteur et riche en possibilités de toutes sortes.

Quel est le but de cette résidence offerte aux artistes ?

DU : Créer à l’aide de l’intelligence artificielle est encore très onéreux et difficile à comprendre si on n’a pas la chance de travailler dans le domaine. La résidence proposée est une occasion en or pour les artistes de se familiariser avec ces technologies et d’en explorer les ressorts. En travaillant de concert avec des chercheurs chevronnés en intelligence artificielle, ils pourront découvrir ce qu’il est possible de faire en respectant certaines contraintes de temps et d’argent en plus d’avoir accès à la fine pointe des derniers développements en matière d’intelligence artificielle.

SR : L’un des problèmes lorsqu’on fait valoir l'apport créatif de l’IA aux artistes, c’est qu’on réduit trop souvent le travail artistique à la connaissance de l’histoire de l’art du passé, qu’on pourrait fournir comme données à une machine pour qu’elle produise une nouvelle œuvre. Créer, c’est bien plus que ça! L’objectif de la résidence ce n’est pas d’encourager la reproduction, mais bien la création. Le rôle de l’artiste est de pousser les conventions, de donner à voir le monde autrement. C’est en ce sens que je crois que les artistes peuvent aider à développer l’IA et à penser de nouveaux usages et applications.

À qui s’adresse cette résidence et en quoi est-elle aussi intéressante pour les chercheurs ?

SR : J’espère vraiment que l’initiative pourra attirer autant des artistes ayant travaillé avec l’intelligence artificielle que ceux n’ayant jamais exploré cet outil. Cette initiative vise à ouvrir les portes au maximum et à convier les créateurs de tous les horizons : art visuel et numérique, musique, arts de la scène, danse... Et ne pas oublier que la résidence n’est pas seulement pour les artistes, c’est tout autant une chance pour les développeurs et les chercheurs.

DU : En effet ! À mon avis, les chercheurs et les développeurs vont largement profiter de l’expertise des artistes, car ceux-ci vont leur offrir de nouveaux points de vue sur leur travail et les orienter dans de nouvelles directions. Il y a tant de potentiel encore inexploré. La collaboration des deux univers devrait produire des résultats inattendus !

Les participants sont invités à réfléchir au rôle de l’intelligence artificielle dans le développement des villes de demain et la participation citoyenne. En quoi ce thème de travail est important ?

DU : L’intelligence artificielle n’est pas un concept de science-fiction, mais bien une nouvelle réalité qui va influencer la vie urbaine de demain. L’intelligence artificielle pourra modeler les villes de bien des manières. Il est déjà certain que le monde des affaires va l’exploiter à son avantage, alors il est capital que les créateurs aient aussi leur mot à dire dans son utilisation future.

SR : Si l’intelligence artificielle devient partie prenante de notre quotidien, on doit tous pouvoir agir sur son influence. Il faut que les citoyens et les représentants de la société civile amènent leur voix au chapitre. Et ça prend une variété de voix pour y réfléchir. Les artistes peuvent bousculer les idées reçues et stimuler notre imagination. Voilà pourquoi leur regard est le bienvenu sur cette précieuse thématique de la participation citoyenne dans nos villes !

Appel de propositions :

Art & IA : résidence artistique en recherche / création et intelligence artificielle