Contenu

La Ligue Nationale d'Improvisation a 40 ans et toujours son mordant !

27 avril 2018

Texte principal du billet

La Ligue Nationale d’Improvisation (LNI) célèbre cette année, ses 40 ans! C’est en octobre 1977 à Montréal, que s’est joué le tout premier match d’improvisation de la ligue. Création québécoise, elle rayonne aujourd’hui partout à travers le monde.

En pleine saison régulière au Club Soda, nous avons rencontré le directeur artistique et joueur vétéran François-Étienne Paré pour parler de cet anniversaire et faire un bilan de santé de la plus sportive de nos traditions théâtrales !

La LNI à 40 ans, comment se porte la ligue?

La ligue connait une belle maturité et sur le plan artistique le spectacle a évolué. Pour cette nouvelle saison, on a revu la mise en scène. C’est subtil pour le spectateur, mais nous avons amélioré la sonorisation, l’éclairage, l’habillage et les résultats sont concluants! Je pense que c’est ce qu’on appelle le démon du midi…C’est sain pour une organisation d’avoir une réflexion artistique. C’est ce qui a mené à ces changements et à l’intégration des ateliers de formation continue et des laboratoires de création.

Quel est le principal défi de cette remise en question?

Essayer d’innover en gardant la même mise en scène, c’est-à-dire sans dénaturer le spectacle. On joue toujours dans une patinoire avec un arbitre et un vote du public, les règles n’ont presque pas changé depuis 1977, mais le jeu lui, a évolué. On a aussi mis sur pied d’autres initiatives ayant une forme différente, comme la série « La LNI s’attaque aux classiques » où on se consacre à un auteur tel que Molière, Shakespeare, Michel Tremblay ou Robert Lepage. On décortique son œuvre et on essaie de reproduire ses codes et manières de faire en improvisant. Les comédiens en ressortent avec de nouveaux outils qu’ils peuvent par la suite utiliser en saison régulière.

L’improvisation québécoise a fait des petits à l’international?

Oui, dès le début des années 80, la formule a été reprise en France, en Belgique et en Suisse. Aujourd’hui, on estime que l’improvisation est jouée dans 30 pays et en 8 langues différentes. Cette année s’est jouée la première coupe africaine d’improvisation en République démocratique du Congo. Et ça continue à se développer !

La LNI est une référence à l’international, mais elle n’encadre pas la pratique. Les ligues sont autonomes. Nous aimerions créer un Comité international des ligues d’impro, qui chapeauterait les grandes rencontres internationales et qui surveillerait l’évolution du jeu. C’est un rêve qu’on chérit depuis longtemps, mais qui n’est toujours pas une réalité.

Quel est l’impact de la LNI sur le paysage culturel québécois?

La façon de travailler des acteurs québécois a changé depuis l’invention du match d’improvisation. Les jeunes y jouent dans toutes les écoles secondaires, collégiales et universitaires. Ce qui donne un bagage intéressant à ceux qui décident de poursuivre en théâtre, car ils sont allumés sur le plan créatif et ne sont jamais pris au dépourvu.

Il y a aussi un petit côté rebel qui apporte un dynamisme, puisqu’on est parfois jugé comme post-adolescent. Au Québec, 70 spectacles d’improvisation sont joués chaque semaine en ligue adulte. C’est au-delà de l’adolescence!

Cela semble plus difficile de prendre sa retraite pour un improvisateur que pour un hockeyeur ?

Parce qu’on peut même jouer avec les genoux finis! C’est ce qui démarque la LNI des autres ligues d’ailleurs, on y retrouve des joueurs de tous âges. L’an passé, Réal Bossé, le joueur le plus âgé de la ligue, était dans la même équipe que Pierre-Luc Funk, le joueur le plus jeune. C’est une belle richesse!

Comment fait-on pour se renouveler en tant que vétéran?

Il faut se nourrir de culture de toute sorte, théâtre, cinéma, littérature… Notre rôle se transforme au fil des années et il faut l’accepter. Les improvisateurs ont des cycles entrecoupés de doutes. C’est à ces moments qu’il faut se redéfinir par rapport au jeu et évoluer. Développer de nouveaux personnages, nouveaux univers qui feront que le public continuera à nous apprécier.

Où voyez-vous la LNI à 50 ans?

J’aimerais que la LNI soit reconnue et soutenue par le gouvernement. Qu’on soit un organisme fédérateur et qu’on veille à la santé de l’improvisation au Québec et dans le monde.


LA VISION DE LA JEUNESSE

La comédienne Marie-Ève Morency est une jeune joueuse au sein de la LNI, où elle évolue depuis 3 ans.

Comment as-tu accédé à la LNI?

J’ai commencé à improviser au Cégep Lionel-Groulx. J’ai ensuite joué à la Semi-Lustrée, à la CIA et à la LIM (Ligue d’Improvisation Montréalaise), où le tiers des joueurs sont aussi dans la LNI. J’ai tissé des liens avec eux et on m'a invitée à remplacer quelques fois dans la grande ligue. C’était un rêve qui devenait réalité, comme il n’y a que quatre joueurs par équipe, ça me semblait inaccessible. Jusqu'au jour où François-Étienne Paré a appelé mon agente pour m’inviter à joindre officiellement la ligue. C’est la preuve qu’il ne faut jamais cesser d’y croire et ce fût une belle leçon de vie pour moi.

Comment prend-on sa place dans la LNI?

On m’a laissé ma place. Il y a une volonté des joueurs de bâtir ensemble, autant avec ses coéquipiers qu’avec les joueurs de l’équipe adverse. Patrick Huard et moi sommes entrés dans la LNI en même temps. Il était beaucoup plus connu que moi, mais on avait la même crainte en devenant joueur régulier, nous nous sommes donc soutenus. La LNI est intergénérationnelle et chacun de ses joueurs a un bagage différent. C’est ce qui fait son charme.

Comment te prépares-tu avant un match?

Lorsque je joue, je dois être en pleine forme pour m’assurer d’avoir la plus grande vivacité d’esprit possible. Mon rituel comprend 100 sauts sur place, c’est ma superstition, comme les sportifs qui portent toujours les mêmes bas! Je ne suis pas la seule qui en a une… quelques joueurs ne mettent jamais leur chandail avant d’entrer sur scène et Pierre-Luc Funk écoute toujours la même chanson du rappeur américain Eminem!

THÉÂTRE DE LA LNI
La LNI : 40 ans de théâtre spontané
Jusqu'au 3 juin 2018

Retour à la liste des billets