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Une vidéoprojection pour donner une voix aux plus démunis

8 octobre 2014

Texte principal du billet

Afin de donner la parole aux sans-abri de Montréal, l’artiste polonais Krzysztof Wodiczko présente, dans le cadre de La Biennale de Montréal 2014, l’œuvre de vidéoprojection Homeless Projection : Place des Arts. Son projet artistique met de l’avant 25 itinérants qui fréquentent la Mission St. Michael et le Quartier des spectacles. Ils se raconteront tous les soirs sur la surface du Théâtre Maisonneuve.

Rencontre avec l’artiste Krzysztof Wodiczko et le directeur de la Mission St. Michael, George Greene.

Comment est né le projet Homeless Projection?

Krzysztof Wodiczko : J’ai été surpris d’apprendre que l’itinérance était un problème marqué à Montréal. Dans mon travail, j’ai l’habitude d’exposer des situations, de donner la chance aux personnes marginalisées de faire valoir leurs points de vue ou tout simplement d’être visibles. Homeless Projection souhaite faire en sorte que les sans-abri soient vus comme des humains. Ils vivent seulement dans des conditions différentes que la majorité d’entre nous. Et personne n’est à l’abri de se retrouver dans cette situation. Mon projet donne l’occasion à ces personnes de se livrer, de s’ouvrir, de nous dire la vérité sur leur vie. À travers l’art nous les écoutons et les regardons. Habituellement, ce sont les itinérants qui nous regardent, souvent depuis le sol, donc vers le haut. J’ai voulu inverser la situation, en les mettant en hauteur. Nous sommes en bas et devons lever le regard vers eux. Mon œuvre ne vise pas à résoudre ces problèmes complexes de société, mais vise plutôt à contribuer à une prise de conscience.

George Greene : On m’a présenté le projet en janvier en m’expliquant qu’on souhaitait montrer à la société que les sans-abri en font partie intégrante. Je ne pouvais qu’être d’accord avec cette idée.

Comment les sans-abri ont-ils réagi au projet?

K.W. : Nous les avons visités à plusieurs reprises. C’était impossible, dans le contexte, de les rencontrer une seule fois et de leur braquer un micro dans le visage. Il fallait établir un climat de confiance. Ce n’était pas une entrevue, mais une conversation. Après plusieurs rencontres et un long processus d’écoute, nous sommes allés en studio [au Centre Phi] pour capter le tout sur vidéo. Plusieurs nous ont dit que cela avait été une sorte de thérapie pour eux.

G.G. : Ils étaient tous très heureux de parler de leur vie. Krzysztof a été capable de leur redonner de la fierté. Ils se sont sentis écoutés.

Est-ce que l’art est primordial pour s’attaquer aux problèmes de marginalisation?

K.W. : De plus en plus. On peut toujours investir de l’argent, mais la clé, c’est de communiquer, de partager des expériences. Et ça passe souvent par les arts. Toute thérapie devrait être un mélange de médecine et d’art. Les 25 sans-abri que l’on voit dans Homeless Projection sont devenus des coartistes avec moi. Ce sont eux qui sont à la base de l’œuvre. Ils réfléchissent, ils s’ouvrent, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Ils témoignent et parlent de leur expérience dans l’espace public. C’est ça, la base de la démocratie. De pouvoir dire sa vérité en public, même si ça peut paraître inapproprié.

G.G. : Ce projet a vraiment été un cadeau pour la Mission St. Michael. Pour combattre la faim, nous avons la nourriture. Mais la culture nous permet de toucher l’âme des hommes et des femmes. C’est absolument essentiel de nos jours.

Homeless Projection : Place des Arts
Krzysztof Wodiczko
Du 8 octobre au 23 novembre

Une coproduction du Musée d’art contemporain de Montréal, du Quartier des spectacles et du Centre PHI, en collaboration avec la St. Michael’s Mission. Présentée dans le cadre de la Biennale de Montréal.

Dans le cadre de La Biennale de Montréal 2014,

L’AVENIR (LOOKING FORWARD)

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