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MAC : 50 ans et encore dans le vent
25 août 2014
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Texte principal du billet
Saviez-vous que la collection du Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) compte 7 600 œuvres, mais que seulement 1,5 % peut être exposé, faute d’espace? Avec l’exposition La Beauté du geste, qui retrace les 50 ans de l’établissement et qui est encore à l’affiche jusqu’au 7 septembre, plusieurs pièces ont été sorties de la réserve pour le plus grand plaisir des visiteurs. Puis, dès la fin d’octobre, toutes les salles du MAC feront place à la Biennale de Montréal, qui mettra en lumière les réflexions d’artistes d’ici et d’ailleurs.
Rencontre avec John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du MAC.
Quels moments de l’histoire du MAC vous ont marqué?
Il y a 30 ans, je suis entré au MAC pour la première fois. J’y ai vu une performance de Tim Clarke, qui enseigne aujourd’hui à Concordia. Même si j’étais jeune, je m’en souviens encore. Ensuite, il y a eu l’exposition du grand artiste vidéographique Bill Viola et celle de Gary Hill, et celle de Shirin Neshat.
L’histoire du musée a été marquée par des dons et des acquisitions importantes. J’ai en mémoire une acquisition très courageuse qu’a faite le MAC il y a quelques années, celle de This Situation du grand Tino Sehgal. C’était courageux puisque l’œuvre n’est pas matérielle : elle consiste en six personnes qui interagissent avec les visiteurs en leur posant des questions. C’est une rupture assez radicale avec l’objet que nous sommes habitués d’admirer en galerie.
Vous parliez des dons. Ils sont au cœur de l’exposition La Beauté du geste, qui a cours au musée en ce moment…
Tout à fait. Pour le 50e anniversaire du musée, nous voulions souligner l’apport des donateurs. Plus de 40 % de notre collection provient de dons. La création du musée, en 1964, a d’ailleurs été rendue possible grâce à de généreux donateurs. L’exposition présente donc 200 œuvres données. Dans une salle, 50 œuvres sont exposées, une pour chaque année d’existence du MAC. Pour les autres salles, la conservatrice Josée Bélisle a choisi d’autres œuvres, sans contrainte chronologique, qui cohabitent bien ensemble.
Quels sont vos coups de cœur parmi les œuvres exposées?
Il y a plusieurs œuvres remarquables et marquantes, comme la photographie Self Portrait With Skeleton, de Marina Abramovic, une grande artiste qui connaît beaucoup de succès actuellement. Il y a aussi La Voie lactée, cette fameuse photo de Geneviève Cadieux qui orne le musée et qui montre les lèvres de sa mère. Une image toute simple mais qui résonne et qui est devenu un symbole de Montréal. On retrouve aussi dans l’expo le peintre québécois Pierre Dorion, qui crée des images magnifiques entre la photo et la peinture. C’est très poétique. L’installation Pulse Room du Québécois d’origine mexicaine Rafael Lozano-Hemmer m’apparaît également incontournable. Le visiteur place ses mains sur un capteur qui lit ses fréquences cardiaques et les transmet aux 300 ampoules suspendues au plafond. Finalement, l’œuvre 1911, de Charles Sanderson, est belle et forte. Elle consiste en un écran qui fait défiler les 40 millions de mots que comptait l’édition papier de l’encyclopédie Britannica de 1911. Il faudrait 30 ans pour voir défiler tous les mots.
Pour la première fois cette année, le MAC s’associe avec la Biennale de Montréal. À quoi faut-il s’attendre ?
En jumelant nos forces à celles de la Biennale de Montréal, nous sommes confiants que l’événement deviendra un incontournable de la rentrée. Le MAC d’ailleurs réserve toutes ses salles pour la présentation de BNLMTL 2014 qui mettra en valeur le travail de 50 artistes – dont 16 sont québécois – sur le thème L’avenir (looking forward).
Pour BNLMTL 2014, le Musée d’art contemporain coproduit également une œuvre de vidéo projection avec le Quartier des spectacles. De quoi s’agit-il?
C’est l’artiste international basé à New York, Krzystof Wodiczko, qui a créé pour l’occasion l’œuvre Homeless Projection : Place des Arts; celle-ci sera présentée à l’extérieur, sur le Théâtre Maisonneuve, du 8 octobre au 22 novembre. Wodiczko s’est intéressé au Quartier des spectacles et à ses environs. Il a voulu interroger les sans-abris du secteur, pour connaître leurs histoires et leurs réalités. Ce sont ces témoignages qui seront projetés.
Et le samedi 11 octobre, à l’intérieur du Théâtre Maisonneuve, il y aura aussi un événement à ne pas manquer : superposition, de l’artiste japonais Ryoji Ikeda! Deux artistes partageront la scène et s’inspireront du concept de superposition de la physique quantique, voulant que plusieurs choses peuvent agir en même temps, même si l’on n’en perçoit qu’une seule. Ce sera présenté sur 21 écrans et nos sens seront sollicités pendant 65 minutes!
Le MAC a des projets de transformation…
J’ai parfois l’impression que le MAC peut paraître froid. C’est peut-être à cause de son architecture et c’est pour ça que le projet de métamorphose est si important. Notre projet d’agrandissement, très souhaité, visera la conversion de nos réserves en salles d’exposition. Le gouvernement québécois a confirmé les fonds pour les rénovations, mais nous tentons toujours de voir comment le fédéral pourra assurer sa participation. Nous ne voulons pas tout changer, mais nous souhaitons améliorer nos espaces. Un musée doit être accueillant, souriant, excitant. En ce moment, c’est difficile pour certains de trouver l’entrée! Le musée est situé à un coin hyper stratégique, au cœur d’un complexe culturel unique au Canada, nous souhaitons accueillir le plus grand nombre de visiteurs et les initier à l’art contemporain. L’art contemporain est important pour notre société, il fait réfléchir et sait émouvoir, il faut trouver des moyens de le rendre encore plus accessible. Par ailleurs, il faut un équilibre entre des œuvres facilement accessibles et d’autres qui demandent un peu plus de travail de la part du spectateur. Il faut trouver le juste milieu, il faut provoquer des rencontres, des surprises…
Quelle image vous vient en tête quand vous pensez au Quartier des spectacles?
Le quadrilatère de la Place des Arts, dont nous faisons partie, est exceptionnel. De voir quelque chose d’encore plus grand, qui englobe toutes les formes d’art, ça me remplit de joie.
Jusqu’au 7 septembre
Du 22 octobre 2014 au 4 janvier 2015
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