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Maison théâtre : le grand théâtre des petits
14 février 2014
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Texte principal du billet
Depuis maintenant 30 ans, la Maison Théâtre séduit le public montréalais. Mais pas n’importe lequel : les enfants, «de la couche au duvet», au dire de son président et directeur général. Et quelques parents se font même prendre au jeu et deviennent des fidèles de l’institution de la rue Ontario. Seul diffuseur spécialisé en théâtre jeune public à Montréal, la Maison Théâtre permet à de nombreux jeunes de découvrir et d’apprécier cet art.
Rencontre avec Alain Grégoire, président et directeur général de la Maison Théâtre.
Alain Grégoire. Photo : Agnieszka Stalkoper
Comment se porte la création québécoise en théâtre jeune public ?
La Maison Théâtre a la chance d’avoir accès à une des plus riches productions en théâtre jeune public au monde. Je reviens de France, où je suis allé au Momix, le festival international jeune public de Kingersheim, et j’ai pu constater encore une fois à quel point le théâtre d’ici est apprécié.
Par quoi se caractérise la création québécoise par rapport aux productions d’ailleurs?
On se permet ici d’aborder des thèmes qui ne le sont pas nécessairement ailleurs. Il y a moins de tabous, on se met moins de limites. Notre théâtre se démarque aussi par une interprétation de très grande qualité. Il y a une émotion dans le jeu qu’on ne retrouve pas partout.
Photo : Groupe Arcop
Comment parvenez-vous à faire apprécier le théâtre aux jeunes?
Nous faisons en sorte de donner des clés aux enfants afin de les aider à décoder le théâtre, qui est une forme d’art moins accessible que le cinéma, par exemple. Notre rôle est d’accompagner l’enfant et de lui permettre d’exprimer ce qu’il a aimé et ce qu’il a moins aimé. Notre équipe d’animateurs est là pour aiguiser leur sens critique. Certains des enfants qui viennent ici sont des spectateurs plus aguerris que plusieurs adultes que je connais.
La demande est-elle grande à Montréal?
Oui. Il y a une volonté de donner aux enfants un accès à l’art, même chez les parents qui ne fréquentent pas les lieux culturels. Beaucoup de parents découvrent d’ailleurs le théâtre en voulant y exposer leurs enfants.
Signe de votre succès, la Maison Théâtre sera bientôt dotée d’une deuxième salle.
C’est un projet que nous avons depuis le début : avoir une scène secondaire à géométrie variable pour présenter des spectacles plus intimes ou plus expérimentaux. Nous sommes très heureux que le projet aboutisse enfin. Le théâtre jeune public a grand besoin d’une petite salle. Elle sera construite d’ici 2017 à l’angle des rues Ontario et Hôtel-de-Ville.
Que faut-il surveiller d’ici la fin de la saison?
Photo : Jérémie Battaglia
Pinocchio (du 14 février au 2 mars pour les 5 à 10 ans), un grand succès de la compagnie Tout à Trac, qui fait des petits bijoux avec les classiques.
Photo : Robert Etcheverry
DynamO Théâtre présentera le délirant Le grand méchant loup en mars (du 12 au 30 mars pour les 6-12 ans).
Photo : Suzane O’Neill
L’Arrière-scène proposera Les mains de mon père (du 2 au 19 avril pour les 7-12 ans).
Photo : Pierre Larue
La saison se terminera avec Une histoire dont le héros est un chameau et dont le sujet est la vie (du 8 au 25 mai pour les 4-9 ans), un spectacle de marionnettes philosophique des Amis de Chiffon.
L’accès égalitaire au théâtre semble être une priorité de la Maison Théâtre. Vous proposez plusieurs programmes en ce sens.
En effet. Nous sommes situés en face du plus grand complexe d’habitations à loyer modique au Canada : les habitations Jeanne-Mance, qui compte 2 000 résidents, 70 ethnies et 500 jeunes de moins de 18 ans. Depuis quelques années, beaucoup de ces enfants viennent à la Maison Théâtre où ils reçoivent de l’aide au devoir avec une personne spécialisée suivie d’ateliers de théâtre.
Avec les maisons de la culture, nous offrons aussi depuis 20 ans le programme Découvertes théâtrales, qui permet à des enfants de voir quatre spectacles par année dont deux chez nous. Environ 2 500 enfants en bénéficient.
Avec le programme Destination théâtre, nous permettons à des enfants de joueur un rôle de transmetteur. Les enfants des nouveaux arrivants apprennent le français assez rapidement, mais ce n’est pas toujours le cas de leurs parents. Ce programme vise à amener les parents au théâtre. Les enfants ayant vu la pièce, ils préparent leurs parents à la pièce qu’ils verront.
Vous faites partie d’un regroupement qui réclame une politique du théâtre professionnel pour les jeunes publics. Pourquoi ?
Il y a un grand problème de reconnaissance qui se traduit entre autres par un prix de vente des billets beaucoup plus bas que pour les spectacles de théâtre pour adultes. Pourtant, le comédien dans une production jeune public travaille dans les mêmes conditions que son collègue qui joue dans une pièce pour adultes et il a les mêmes factures à payer. La compagnie qui construit le décor ne bénéficie pas non plus de rabais sur son matériel. Bref, le théâtre jeunesse a des coûts d’adultes mais des revenus d’enfants. Bien sûr, nous recevons des subventions – comme les autres théâtres –, mais elles ne sont pas plus élevées pour compenser ce manque à gagner. Nous pensons que les pouvoirs publics devraient investir davantage, parce que notre théâtre influence le développement de notre jeunesse et la société dans laquelle nous vivons.
Quelle image vous vient en tête quand vous pensez au Quartier des spectacles?
Nous nous sommes installés ici en 1984, car nous voulions jouer dans la cour des grands parce que nous savions que nous étions plus petits. C’est important pour nous d’être dans le Quartier, dans le cœur culturel de Montréal, pour ne pas être isolés.
Publié le 14 février
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