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Les Montréalais invités à prendre la parole
4 septembre 2013
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Texte principal du billet
Pendant les deux prochains mois, le cœur de la ville appartiendra aux citoyens, grâce à Mégaphone, créé par Moment Factory et produit par l’Office national du film (ONF) et le Quartier des spectacles. Lors de cet événement unique, présenté sur la promenade des Artistes, les Montréalais sont invités à prendre le micro et à lancer leurs idées sur leur ville dans une agora du XXIe siècle; leur discours se transformant aussitôt en projections visuelles originales sur l’immense façade du pavillon Président-Kennedy de l’UQAM. Jusqu’au 4 novembre, du mercredi au samedi, à partir de la tombée du jour, des orateurs invités lanceront ainsi la discussion pour inciter les citoyens à prendre à leur tour la parole. L’appel à tous est lancé!
Rencontre avec Étienne Paquette, metteur en scène de Mégaphone et Alexandre Lupien, concepteur technologique chez Moment Factory.
Crédit photo: Marie-Joëlle Corneau
Comment est né Mégaphone?
Étienne Paquette : L’an dernier, l’ONF et le Quartier des spectacles ont lancé un appel à idées pour une installation interactive urbaine qui réconcilierait l’individu et le collectif dans l’espace public. Nous étions alors en plein Printemps érable et nous avons remarqué une volonté de s’exprimer dans la rue, au-delà des médias sociaux.
Parlez-nous du concept de Mégaphone.
Alexandre Lupien : Il y a trois parties. D’abord, sur la Promenade des artistes, nous présentons une galerie audiovisuelle : au moyen d'une scénographie multimédia, nous invitons à découvrir sept grands orateurs qui ont marqué l'espace public de Montréal, dont Pierre Bourgault, Gilles Vigneault et Clémence DesRochers. Toujours sur la Promenade des artistes, on retrouve l’espace de prise de parole. Les gens peuvent s’emparer du Mégaphone pour exprimer leurs idées et écouter ceux qui prennent la parole. Le troisième espace est le mur du pavillon Président-Kennedy de l’UQAM sur lequel on voit des projections interactives, produites par les prises de parole.
Crédit photo: Adrien Williams, Moment Factory
En quoi consistent ces projections?
É.P. : Lorsqu’un orateur prend la parole, des effets graphiques apparaissent en temps réel sur le mur selon la tonalité, l’amplitude et le rythme de sa voix. Il y a aussi, en projection, un écho des paroles prononcées par l’orateur : des mots du discours apparaissent sur le mur.
Et pour cela, vous utilisez la technologie de la reconnaissance vocale.
É.P. : En effet. Au départ, on voulait que toutes les paroles prononcées soient projetées sur le mur. Rapidement, on s’est rendu compte que la technologie de reconnaissance vocale ne nous permettrait pas de faire ça.
A.L. : Nous nous sommes associés avec le Centre recherche informatique de Montréal, expert en reconnaissance vocale, qui se spécialise dans la retranscription en mots de discours spontanés, comme des procès, des entrevues, des commissions d’enquête, pour développer une technologie spécifique pour Mégaphone. Car au Mégaphone, les personnes s’expriment de façon libre. Il nous fallait donc un système de reconnaissance adapté à cette réalité, différent des systèmes qu’on retrouve sur nos téléphones intelligents, par exemple, et qui sont conçus pour recevoir des commandes précises du genre «Appelle Sophie». Il nous fallait un système capable de reconnaître des discours libres où il y a plus de subtilités.
À quoi ressemblera une soirée à Mégaphone?
É.P. : Nous invitons d’abord les gens à venir s’inspirer sur la promenade des Artistes en écoutant des discours d’orateurs qui ont marqué l’espace public québécois, puis à venir sur l’agora, où chaque soir, des invités lanceront le bal. Et en tout temps, nous les invitons à saisir le micro et à lancer leurs idées sur la ville!
A.L. : L’objectif, c’est de faire passer des messages, quels qu’ils soient. Qu’on souhaite faire passer une idée très forte ou simplement dire des mots d’amour. Nous souhaitons quelque chose d’engagé, mais aussi de très ludique.
Crédit photo: Adrien Williams, Moment Factory
Y aura-t-il de la censure?
É.P. : Les gens sont invités à s’exprimer librement s’ils sont capables d’assumer que leur voix soit entendue jusqu’au coin de la rue Jeanne-Mance! Un maître de cérémonie sera par ailleurs sur place pour motiver les gens à prendre la parole.
Il y a donc une certaine responsabilité qui vient avec la prise de parole.
É.P. : Nécessairement et c’est un des aspects fondamentaux de l'installation. Nous n’avons sans doute jamais eu autant de moyens pour nous exprimer, mais souvent nous nous exprimons à distance, parfois de façon dissimulée. Prendre la parole dans la rue, c’est différent. Il faut assumer son discours jusqu’au bout.
Quel est votre souhait pour Mégaphone?
É.P. : Que nous redécouvrions la théâtralité de la prise de parole. Les idées sont des choses incarnées. Je souhaite également que les idées échangées fassent du chemin.
A.L. : Je souhaite que le côté spontané des prises de parole nous amène à entendre des choses nouvelles et inattendues. Je rêve d’un peu de folie…
Crédit photo: Moment Factory
Quelle image vous vient en tête quand vous pensez au Quartier des spectacles?
A.L. : Espace public. Le Quartier des spectacles est l’un des pionniers en Amérique du Nord pour les espaces publics. En un clin d’œil, on peut y développer un festival ou une installation interactive comme Mégaphone.
É.P. : Souci d’originalité, tribune pour les artistes montréalais, dynamisation de l’espace public.
Mégaphone Du 4 septembre au 4 novembre
Publié le 4 septembre
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