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De la page blanche au Quartier des spectacles : récit de la genèse du projet d’aménagement
2 mai 2013
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Texte principal du billet
Vous vous rappelez, il y a quatre ans, nous inaugurions la place des Festivals? C’était le début d’un des plus grands projets d’aménagement du centre-ville de Montréal. Depuis, il y a eu la promenade des Artistes, Le Parterre et la transformation d’une partie de la rue Sainte-Catherine. Et viendra au cours des prochaines années l’esplanade Clark. Derrière ces réalisations, il y a Daoust Lestage, une firme qui regroupe des architectes, des urbanistes, des architectes de paysage et des designers industriels.
Nous prenons prétexte des Journées Portes Ouvertes Design Montréal – qui vous proposent de « voir où naissent les idées » – pour vous présenter ceux qui ont imaginé l’aménagement du secteur Place des Arts du Quartier des spectacles. Ils en ont dessiné la première ébauche et ont conçu l’ensemble des places publiques, en passant par le mobilier urbain jusqu’au dernier boulon. Ils ont depuis remporté de nombreux prix, dont la médaille du gouverneur général en architecture.
Vous pourrez les rencontrer lors de visites commentées du Quartier dans le cadre des Journées Portes Ouvertes Design, le dimanche 5 mai, à partir de midi.
Rencontre avec Réal Lestage, urbaniste et associé chez Daoust Lestage
Les 4 et 5 mai, profitez des Journées Portes Ouvertes Design Montréal pour découvrir des architectes et des designers qui contribuent, de par leur talent, au statut de ville UNESCO de design de Montréal. Nombre d’entre eux sont associés au Quartier des spectacles ! Pour connaître le programme complet.Réal Lestage et Renée Daoust de Daoust Lestage. Photo : Marie-Joëlle Corneau
Comment se déroule le développement d’un projet d’envergure comme le Quartier des spectacles ?
Nous avons été sélectionnés, dans le cadre d’un appel d’offres, sur la base d’autres projets que nous avions réalisés comme la Promenade Samuel-de Champlain à Québec et le Quartier international à Montréal.
Souvent, les gens ont de la difficulté à concevoir qu’il y a derrière de tels projets un créateur avec son crayon et sa page blanche. Mais c’est bel et bien le cas et c’est comme ça que tout a commencé pour le Quartier des spectacles.
En suivant les objectifs et les besoins identifiés, nous avons imaginé ce projet en créant d’abord les espaces publics et en les nommant, pour ensuite créer tout le mobilier urbain.
Quels étaient les objectifs et besoins exprimés pour le Quartier des spectacles ?
Il fallait garantir l’ancrage des festivals au centre-ville et consolider la vocation culturelle du Quartier. Jusqu’alors, les événements, comme le Festival international de Jazz de Montréal, utilisaient les différents terrains vacants. Mais la vitalité du marché immobilier entraînait peu à peu la disparition de ces terrains.
Place des festivals. Photo avant : Daoust Lestage. Photo après : Stephan Poulin.
Promenade des artistes. Photo avant : Daoust Lestage. Photo après : Stephan Poulin.
Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Depuis 30 ans, notre pratique du design urbain et de l'architecture, nous a emmenés dans tous nos voyages à constamment jauger l'espace public. C’est la somme de nos expériences qui nous a inspirés. Car il n’y avait pas ailleurs de modèle à suivre. C’est la première fois qu’une intervention aussi intégrée dans un milieu urbain visant la création d'espaces extérieurs pour la tenue de grands événements était entreprise. Montréal est unique en ce sens et c’est ce qui contribue à son positionnement localement et internationalement.
Photo : Mattera Joly.
Est-ce que ce projet présentait des contraintes particulières ?
Des contraintes énormes ! Les espaces publics doivent être aptes à recevoir une quantité importante de personnes pour être propices aux grands rassemblements, mais doivent également être agréables à fréquenter en tout temps.
Cela a exigé beaucoup d’ingéniosité et d’innovation. Par exemple, les fontaines ont dû être intégrées à même le sol, sans bassin d’eau apparent [il se trouve sous la place des Festivals], car on doit pouvoir les éteindre pour qu’un spectacle puisse commencer quinze minutes plus tard.
Ensuite, les vitrines habitées, qui abritent désormais la Brasserie T ! et le F Bar, ont une conception qui se rapproche de celle d’un sous-marin, tellement tout a été pensé et conçu pour un très petit espace. Leur forme étroite et allongée a nécessité l’installation de la cuisine au sous-sol. Ces restaurants ont été les premiers jalons pour créer une destination et donner de la vie au lieu.
Vitrine habitée
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le Quartier des spectacles ?
Je compare le type d'intervention que nous faisons à une greffe. Comme lors d'une greffe d'organe, il y a un rejet possible. Or, ici, la greffe a pris. Les gens se sont approprié ces nouveaux espaces publics, qu’on pense à la foule qui se presse actuellement aux 21 Balançoires, ou alors à celle qu’on retrouve les beaux soirs d’été autour des fontaines de la place des Festivals.
Les grands événements se déroulent désormais dans un grand théâtre extérieur qui offre aux producteurs des conditions de diffusion exceptionnelles, ce qui se traduit par une expérience bonifiée pour les festivaliers.
Aussi, nous nous réjouissons que l’espace public soit devenu un catalyseur de développement périphérique : de nombreux projets immobiliers ont vu le jour depuis et l’on sent une véritable effervescence dans ce Quartier.
Je suis aussi convaincu que nous avons fait les bons choix, notamment pour les mégastructures. Ces grands luminaires parviennent à créer une voûte virtuelle et sont à mon avis des éléments signature du Quartier.
Photo : Stephan Poulin.
Ces mégastructures ont suscité leur lot de réactions…
En effet, certains les aiment d'autres non. Ce qui m’importe, c'est qu'on en parle. Lorsqu’on travaille à l’échelle de la ville, il y a beaucoup de gens qui gravitent autour des projets. L'important est que le créateur puisse les écouter, mais aussi se faire une idée et aller au bout de cette idée. Il est impossible de faire l'unanimité. Et je fais cette analogie pour l’expliquer : si, par exemple, nous décidons pour un projet X que la couleur choisie sera le rouge. D’autres préféreraient plutôt le jaune, le bleu ou alors l’orange. En mettant tout cela ensemble, nous obtiendrons du brun. Un résultat qui ne plaît finalement à personne. C’est pourquoi le créateur doit être au service de ses idées et donner la ligne directrice.
Et qu’imaginez-vous pour la future esplanade Clark?
L’esplanade sera une grande place publique complémentaire à la place des Festivals. Il est proposé, dans le cadre de l’aménagement, de construire une patinoire et un pavillon de service. Cet aménagement fait l’objet d’un exercice de planification. La date du début des travaux n’est pas encore déterminée.
Pour terminer, quand vous pensez au Quartier des spectacles, quelle image vous vient en tête?
La place des Festivals, avec ses mégastructures, qui est désormais inscrite dans l'imaginaire collectif.
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