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Avec le Jour des 8 soleils, le Quartier des spectacles devient un musée à ciel ouvert

7 février 2013

Texte principal du billet

Chaque année, le Partenariat du Quartier des spectacles organise un concours pour la création d’expériences immersives hivernales présentées dans le cadre de l’événement Luminothérapie.

Rencontre avec Pascal Grandmaison, lauréat du volet 2 du concours consistant en la réalisation d’un concept de vidéoprojections architecturales diffusées sur huit façades du Quartier et assurant une connectivité entre elles autour du thème luminothérapie. Son œuvre y est présentée jusqu’au 2 mars. L’occasion de découvrir un des artistes québécois en art visuel parmi les plus novateurs et les plus présents à l’international!

Le Jour des 8 soleils entraîne les visiteurs dans un parcours poétique à travers huit façades du Quartier, sur les traces d’un personnage invisible en quête de cette lumière qui l’intrigue et le fascine. L’expérience visuelle peut être enrichie par l’écoute d’une trame sonore et narrative à télécharger sur un téléphone portable.

Le parcours débute à la place Émilie-Gamelin, se poursuit à la Grande Bibliothèque, au clocher de l'UQAM, au cégep du Vieux-Montréal, au Centre de design de l'UQAM, à la place de la Paix, au métro Saint-Laurent, pour se terminer au pavillon Président-Kennedy.

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Crédit photo Luminothérapie: Martine Doyon, Partenariat du Quartier des spectacles

Pourquoi avoir participé à ce concours?

J’ai tout de suite été tenté par l’idée d’interpréter mon travail dans un contexte urbain, sur les murs de la ville. C’était l’occasion d’amener dans l’espace public l’univers des galeries et des musées, où mes œuvres sont normalement exposées.

Il est très rare que nous ayons la chance de travailler à cette échelle-là : à l’échelle de la ville. Ce concours permet en effet à des artistes de vivre une expérience exceptionnelle de création. Si ces équipements [projecteurs] n’étaient pas déjà en place et mis à notre disposition, ce projet serait tout à fait irréalisable d’un point de vue financier.

Par ailleurs, alors que l’image est utilisée aujourd’hui surtout pour nous vendre des choses et nous transmettre de l’information « utile », je trouve que ce projet, qui vise la diffusion de contenu artistique détaché d’une certaine forme utilitaire, est intéressant.  C’est une façon de ramener le spectateur vers une image ouverte et libre de tous les schèmes sociaux qui l’entourent actuellement. La projection devient ainsi un signe urbain qui vient jouer sur la sensibilité et la perception de la ville qu’ont les gens qui l’habitent ou la visitent.

La thématique du concours m’inspirait également. Il y a déjà quelques années que j’ai entrepris des explorations autour de la lumière et j’avais envie de poursuivre ma réflexion.

Comment avez-vous abordé cette thématique?

J’ai eu envie de faire vivre une histoire aux visiteurs sur la lumière et son origine, en la traitant de façon abstraite, en lien avec mon bagage en art visuel et contemporain.

Pour tracer l’univers du projet, j’ai écrit une courte nouvelle mettant en scène quelqu’un qui se promène dans la ville et qui découvre par hasard ces sources lumineuses sur les bâtiments. Je suis donc parti à l’envers;  je me suis mis dans la peau du spectateur pour écrire l’histoire.

J’ai repris l’idée de soleil différé que j’avais utilisé dans un précédent film. Puisque la lumière doit voyager du soleil à la terre, la lumière du jour et l’éclairage qu’on voit sur les choses, ne sont pas du direct, c’est du différé. J’ai donc envisagé la lumière comme un objet de fiction : il y a dans le parcours une accumulation d’indices pour comprendre pourquoi la boule de lumière se promène dans la ville.

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Crédit photo : Martine Doyon, Partenariat du Quartier des spectacles

Ce contexte d’exposition a-t-il présenté des défis particuliers?

Dans un musée ou un cinéma, les conditions d’attention des spectateurs sont optimales, il n’y a presque pas d’interférences. Dans la rue, c’est tout le contraire : il fallait réussir à conjuguer l’œuvre avec l’effervescence urbaine, les lumières et les bruits.

Aussi, il fallait prendre en compte les diverses conditions de réception de l’œuvre : une personne qui passe en voiture ou en vélo ne verra que quelques secondes - l’aspect photographique prenant alors toute son importance – alors qu’à ceux qui font la totalité du parcours accompagnés de la trame sonore, je voulais offrir un film multicouches.

Et il fallait penser à ceux qui allaient voir les projections tous les jours et créer quelque chose qui ne leur donne pas envie d’aller débrancher le projecteur…

Ma proposition est donc une œuvre qui invite à une expérience contemplative et presque méditative, qui ne vient pas surcharger le champ perceptuel des passants. La musique, conçue par Antoine Bédard, contribue grandement à l’effet de bulle recherchée. Les huit variations sur un même thème, composées à partir de huit accords, forment une boucle mathématique en 8 qui a un effet presque subliminal…

Le Jour des 8 soleils est une création de Pascal Grandmaison, en collaboration avec Antoine Bédard, Marie-Claire Blais, Serge Murphy, Simon Guilbault et Pierre Lapointe

Visionnez Les coulisses de Luminothérapie 2012-2013


Découvrez l’univers de Pascal Grandmaison

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