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Parcours Numérique : des expériences urbaines poétiques et ludiques
31 mai 2012
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Texte principal du billet
par Aurélie Besson
Le temps du Parcours Numérique, le Quartier des spectacles se transforme en galerie géante à ciel ouvert pour les arts numériques. Encore une fois les montréalais peuvent se laisser surprendre dans les rues de la capitale du multimédia par des projections, sonores ou interactives.
Le projet Parcours Numérique est accessible dès la tombée de la nuit depuis le 17 mai jusqu’au 3 juin et présente huit œuvres, dans l’espace public, d’artistes québécois et internationaux. Le long de cet itinéraire, les façades se transforment en jeux collaboratifs, en écrans de cinéma géants et interactifs, ou bien encore en tableaux poétiques ou d’échanges. L’évènement est organisé dans le cadre de la première Biennale Internationale d’Art Numérique de Montréal, par le Quartier des spectacles, en collaboration avec Elektra et Mutek.
La plupart des installations sont à la fois ludiques et poétiques comme c’est le cas de A Portée de Souffle, de Jean Dubois et Chloé Lefebvre. Située à la Vitrine de la place des Arts, cette projection interactive présente les visages de profil des deux artistes, face à face. Ils mâchent du chewing-gum. Un numéro de téléphone s’affiche en bas de l’image et le public est invité à le composer avec son téléphone portable. Lorsque le spectateur obtient la ligne, il doit souffler dans le combiné pour interagir avec l’œuvre. Les deux artistes gonflent alors à l’unisson une bulle de gomme. En fonction de la force et de la durée du souffle du spectateur, la bulle grossit ou se réduit et peut finir par éclater. La simultanéité entre l’image et l’intensité du souffle qu’il produit est bluffante. La relation à l’œuvre est vécue corporellement par le spectateur, l’image devenant comme une extension de ses poumons. Au delà de la perception visuelle, l’œuvre est ressentie à travers l’effort et parfois la peine au sein même de sa cage thoracique. L’utilisation de son téléphone portable pour produire une extension de son propre corps au sein de l’image crée un lien fort et une correspondance entre sa bulle privée et l’espace public.
De même, 21 Obstacles de Daily Tous les Jours participe à cette dimension. Avec son téléphone cellulaire le public peut envoyer de courts messages permettant de lancer au sein de la projection une balle qui va interférer avec un système d’obstacles géométriques en déplacement. La projection, au graphisme coloré et très ludique, présente ce qui s’apparente à une machine à boules géante et fantastique. L’ensemble d’obstacles est orchestré par le mouvement des 21 Balançoires installées devant la projection. L’œuvre est ainsi actualisée par la collaboration du public à plusieurs niveaux. Le spectateur peut prendre part à un jeu collectif, à échelle urbaine, où il vient interférer dans un système révélé tour à tour comme organisé puis chaotique.
L’installation Epiphaneia de l’artiste turc Refik Anadol joue sur les dimensions architecturales particulières du bâtiment du Centre de design de l’UQAM. L’auteur du projet travaille habituellement avec le mapping et c’est avec ce procédé qu’il déconstruit et reconstruit des espaces architecturaux sur des façades ou dans des performances audiovisuelles. Dans ce travail, les surfaces sont éclatées et les divers fragments sont alors chorégraphiés afin de développer différents niveaux de perspective et de mises en profondeur. À travers différents tableaux animés et sonores, l’installation propose des reconstructions d’espaces 2D ou 3D.
Dans une autre démarche, le projet Tempêtes de Yan Breuleux permet d’amener, par une approche artistique, des sujets de société d’envergure, au sein de l’espace public. Dans son installation, située au coin Bleury et Ste-Catherine, des questions sur l’écologie sont illustrées par des animations, reprenant les quatre éléments, et des citations de philosophes, scientifiques, artistes ou théoriciens célèbres. Le public peut intervenir en direct en envoyant des commentaires. La possibilité pour le spectateur de participer ouvertement dans la discussion lui ouvre un espace où acquérir une place citoyenne à l’inverse de l’espace public qui trop souvent attribue l’individu à un rôle de simple consommateur.
L'espace urbain est habituellement très sollicité principalement dans un objectif économique. L’affichage de textes, de signes, d’images fixes ou mouvantes, de type publicitaire, informationnel, directionnel ou locatif, investit l’environnement qui nous entoure. Dans le cadre des propositions de Parcours Numérique, l’espace public se manifeste comme un environnement poétique, ludique ou critique. À travers des œuvres monumentales, le public peut découvrir des propositions esthétiques, architecturales, réflexives ou engageantes révélant un espace urbain hors du commun.
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