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Le 30e FIFA : l’art décortiqué

15 mars 2012

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par Anne Laguë

C’est le 30e Festival international du film sur l’art (FIFA) qui débute aujourd’hui.

Le trentième? Déjà?

Il faut dire que je ne suis pas la Montréalaise la plus au fait de la scène artistique. Et que, jusqu’à mon entretien téléphonique avec le président du FIFA, j’étais complètement ignare de ce concept : un film sur l’art, pensais-je, c’est tout une mise en abyme, non? C’est un peu comme regarder à la télé quelqu’un qui regarde la télé. Non?

Non.

René Rozon est le président-fondateur de ce festival qui anime la ville, chaque année depuis 30 ans. Il porte à bout de bras cet événement qui a connu, à ses débuts, ses années d’incertitude, tant sur le plan du financement – qui constitue toujours la plus grande difficulté des diffuseurs culturels, selon lui - que de la participation. Dorénavant, néanmoins, 35 000 personnes se déplacent pour voir les films projetés dans neuf salles du Quartier des spectacles ou aux alentours.

L’un des buts du film sur l’art, m’explique M. Rozon, est d’accroître la connaissance et l’appréciation de l’art par un médium apprivoisé du public. « Le film est plus accessible pour des gens qui ne vont pas nécessairement au musée ou dans une galerie d’art. Ils sont en contact direct avec l’artiste, mais sans intervenir. Il y a une forme de recul psychologique face à l’écran. Cela rend l’art et l’artiste beaucoup plus accessibles. »

Et le spectateur en apprend beaucoup. « Si je ne comprends pas, par exemple, l’art contemporain, je peux tomber sur un film dans lequel l’artiste explique vraiment son concept, illustre M. Rozon. Je réalise que ses gestes sont justifiés, qu’il y a une pensée derrière ça. La communion se fait plus facilement que si j’étais devant une œuvre que je ne sais pas comment interpréter. »

Ainsi, les quelque 230 films à la grille horaire, provenant de partout dans le monde, plongent les spectateurs dans l’univers de la peinture, de l’architecture, du cirque, de la danse, de la bande dessinée, alouette. Plus précisément, les films à l’horaire peuvent faire découvrir des figures importantes d’une discipline ou démystifier une œuvre en particulier. Par exemple, Chercher Noise, de Daniel Robillard et Stéphan Doe, montre le chanteur et ancien Cowboy Fringant domlebo durant l’enregistrement de dix chansons, réalisées par l’auteur-compositeur-interprète Dany Placard.

CHERCHER NOISE (bande annonce) par CHERCHER NOISE sur Vimeo.

Dans Cinéma d’horreur : Apocalypse, virus et zombies, de Luc Lagier, nous avons droit à un cours de film d’épouvante, en compagnie de certains des meilleurs spécialistes du genre.

Parmi les événements gratuits offerts par le FIFA, notons le film-anniversaire Une idée folle – Un hommage au FIFA, réalisé par le Français Alain Fleischer, qui souhaite rendre son dû à l’événement, devenu le plus important du genre au monde. Le mercredi 21 mars à 18 h, au Musée des beaux-arts de Montréal, la rumeur veut que le président-fondateur René Rozon découvrira le film en même temps que le public.

Un président qui regarde à l’écran un film-hommage à son événement qui fait rayonner Montréal partout dans le monde depuis 30 ans, est-ce qu’on peut appeler tout ça une mise en abyme?

Non. C’est la récompense méritée pour la valorisation de l’œuvre de milliers de travailleurs de l’art et du cinéma. Voilà ce que c’est.

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