25 ans de festival MUTEK : l'âge des lettres de noblesse

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Associer musique électronique et art numérique dans une programmation de performances qui vont au-delà de l’habituel Dj set festif : c’est l’idée géniale qu’a eue Alain Mongeau en créant MUTEK en 2009. Voici notre abécédaire MUTEK brossant un portrait des bases de l’événement ainsi que de son édition 2024, en converstation avec son directeur-fondateur Alain Mongeau.

Un texte de Philippe Couture

A pour Avant-garde

À l’époque de la fondation du festival, Montréal peinait encore à développer une scène de musique électronique aussi foisonnante que celles des capitales européennes. Époque révolue entre autres grâce à MUTEK, où la rencontre avant-gardiste entre deux disciplines-sœurs, la musique techno et les pratiques numériques immersives, a permis de les faire toutes deux rayonner dans une parfaite émulation.

«MUTEK se distingue par sa volonté d'explorer les interactions entre technologie, musique et arts visuels, explique Alain Mongeau. Le festival présente des performances immersives et des projets transdisciplinaires qui englobent une dimension visuelle forte. À la fin de la décennnie 2000, on a par exemple été les premiers à diffuser beaucoup d’œuvres de mapping. Aujourd’hui, elles sont omniprésentes partout dans le monde. Au fil du temps, ce que le festival a aussi permis est d’élargir le regard sur les musiques électroniques et sur les façons de les recevoir – elles ne doivent pas être uniquement considérées comme des musiques nocturnes et peuvent faire l’objet d’expériences se rapprochant du concert ou de l’œuvre d’art totale. Le monde de la nuit l’avait bien sûr déjà démontré. Notre festival en a rajouté en variant les contextes de représentation.»

D pour DJ

Le festival MUTEK a toujours autant valorisé les DJ sets (qui reposent sur le mixage de morceaux prééexistants) que les «live sets» (qui reposent sur la création de la musique en temps réel). L’art de la musique électronique est ainsi représenté sous toutes ses formes. «Cette année, on a 8 DJ sets et 80 live sets, précise Alain Mongeau. On fait d’ailleurs un clin d’œil à certains artistes qui ont accompagné le festival au fil des décennies, en les réinvitant cette année dans des formules performatives diverses. C’est le cas de Mathew Johnson, un artiste canadien installé à Berlin, qui nous promet une expérience mémorable.»

G pour Gratuit

Cette année, l’Esplanade Tranquille est l’hôte d’une série de performances gratuites réunies sous le titre «Experience». De l’Expérience 1 avec Mathew Johnson jusqu’à l’Expérience 6 avec les artistes Ribambel, Persuasion, Flabbergast et Virginia, la scène extérieure est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir de grands noms de la scène électro et de la créativité numérique.

MUTEK installe aussi pour la première fois sur la rue Ste-Catherine un «Village numérique» qui déploie sur le bitume 23 installations d’art numérique. «Le Québec est particulièrement reconnu à l’international en art numérique, car nous disposons ici de nombreux studios à la fine pointe des technologies et d’une communauté vibrante d’artistes numériques, indique Alain Mongeau. C’est pourquoi ce parcours déambulatoire met de l’avant une majorité d’artistes québécois.»

T pour Tendances

Le Village numérique ainsi que les performances en direct offriront au public un aperçu assez complet des tendances actuelles en créativité numérique. «L’intelligence artificielle, évidemment, est l’un des grands moteurs artistiques des artistes de notre époque, explique Alain Mongeau. Les évolutions de la réalité virtuelle et augmentée sont aussi à surveiller. Il y a également de plus en plus de liens féconds entre musique électronique et univers du jeu vidéo : cela crée des innovations que nous mettons entre autres en lumière dans la programmation 2025. À MUTEK, on se réjouit aussi des discours récents du Ministre de la Culture Mathieu Lacombe, qui semble sincère lorsqu’il dit vouloir faire de la créativité numérique l’une des ses trois grandes priorités. On sait qu’on aura un rôle important à jouer pour que le Québec continue de s’y démarquer.»

U pour Utopie

« Utopie ou oblivion : créer des futurs technologiques centrés sur l'Humain·e. » C’est le thème du Forum Mutek, le rassemblement international et le marché d’idées sur la culture numérique, l'art, la technologie et la société, qui se tient en parallèle de MUTEK pour une 10^e année consécutive. 90 experts internationaux viennent y discuter de perspectives critiques sur le rôle de la technologie dans la pratique artistique.