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HUMANORIUM : Incursion dans l’étrange 

4 octobre 2017

Texte principal du billet

Alors que l’automne déploie toute sa gamme de couleurs, l’art actuel s’expose dans le Quartier des spectacles, dans un cadre festif et insolite! Du 5 au 15 octobre, on peut savourer aux Jardins Gamelin l’ambiance particulière des fêtes foraines du 19e et du 20e siècle tout en découvrant des œuvres célébrant le côté sombre et étrange de l’être humain. Présentée pour la première fois à Montréal par EXMURO arts publics, HUMANORIUM s’inscrit dans le parcours d’art participatif KM3.

Vincent Roy, directeur général et artistique de l’organisme et commissaire de ce rendez-vous avec Ève Cadieux, nous parle de cet événement intriguant.

D’où vient l’idée d’un tel projet, à mi-chemin entre le freak show et l’exposition itinérante ?

À l’origine d’HUMANORIUM, il y a une sortie effectuée avec ma fille il y a quelques années, dans une exposition agricole itinérante où nous avons visité la maison hantée qui était en très mauvais état ! Nous avons par contre pu voir l’envers du décor et nous avons alors eu envie de réinventer cette maison des horreurs et d’utiliser ce cadre pour une exposition en art actuel. Au sein d’EXMURO arts publics, nous cherchons toujours de nouvelles façons d’exposer l’art public et de monter des expositions d’art itinérantes. HUMANORIUM a donc vu le jour à Québec, l’été dernier.

Humanorium, présenté à Québec à l'été 2016

Quels types d’œuvres cherchiez-vous à exposer ?

Nous cherchions des œuvres qui portaient un regard sur la beauté et les failles de l’être humain, et qui étaient susceptibles de s’adapter à des structures issues de la tradition des fêtes foraines : le musée de la mort, le freak show, etc. L’idée était de présenter des œuvres actuelles, dont certaines ont déjà été exposées dans des musées, mais sous une forme plus ancienne et expérimentale. C’est d’ailleurs dans cet esprit que nous avons inclus des œuvres comme le Stand de tir de Marc Séguin, Sirenomena de Dgino Cantin, et La Machine à vue d’Eruoma Awashish et de Nicolas Lévesque.

À ce propos, parlez-nous des œuvres présentées à HUMANORIUM – l’étrange fête foraine ?

Il y a une dizaine d’œuvres allant de la photographie, à la sculpture en passant par l’installation. On trouvera, un carrousel constitué de paniers d’épicerie dans lequel les passagers tiennent en quelque sorte le rôle de marchandises, signé par BGL. Le Musée de la mort permet d’apprécier le travail du Torontois Jack Burman, qui photographie les restes humains et leur préservation, depuis plus de trente ans. Dans La Chambre des curiosités 1, le sculpteur Dgino Cantin expose des représentations d’être étranges et de créatures imaginaires. Le Petit acousmonium plonge le spectateur dans le vaste univers sonore d’Érick Orion. Le sculpteur Louis Fortier incite à la réflexion avec La Chambre des curiosités 2 où le spectateur se retrouve scruté par les œuvres exposées. Enfin, le Théâtre Rude Ingénierie met le spectateur face à une machine qui cherche à communiquer avec lui.

L’exposition joue donc sur la fine frontière entre le beau et le laid…

En effet, et c’est un thème récurrent dans l’histoire de l’art et de l’humanité. La beauté comme la laideur nous fascinent depuis toujours. C’est d’ailleurs ce que reflète le travail de l’artiste multidisciplinaire catalan Joan Fontcuberta, spécialiste de l’étrange qui circule sur Internet (le véritable freak show d’aujourd’hui), qui présente dans Le Freak show des exemples d’inconnus qui modifient volontairement leur apparence et développent de nouvelles identités. C’est un paradoxe bien humain. Nous sommes beaux, mais nous sommes aussi laids à l’intérieur et on peut également faire valoir que chacun a son côté sombre, son petit côté freak… Ceci dit, nous ne voulions ni choquer pour choquer, ni nous complaire dans le ludique, mais plutôt poser un regard critique sur l’être humain, sur la mort, sur la beauté, finalement sur ce qui est étrange… ou non!

Qu’est-ce qui vous incite à monter des expositions d’art public actuel déjantées ?

J’ai tendance à penser que les gens ont besoin de se faire brasser un petit peu, de temps en temps, et HUMANORIUM est loin de nous présenter la beauté d’un monde idéal. C’est aussi une façon de dépasser le cercle habituel des connaisseurs d’art et de séduire un public qui n’a peut-être jamais vu d’art actuel. D’ailleurs, les artistes contactés ont tous apprécié la formule proposée et ont accepté d’emblée. Je pense que les spectateurs seront surpris, car ce qu’ils verront n’est ni faux ni théâtral. Des médiateurs se trouvent sur place pour parler aux visiteurs des œuvres exposées pour démystifier la démarche artistique des créateurs. Au final, on veut surtout que les gens se disent qu’ils ont vécu une expérience stimulante et enrichissante dans une exposition d’art actuel.

HUMANORIUM
Du 5 au 15 octobre
Place Émilie-Gamelin

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