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Luminothérapie : des roues géantes pour retomber en enfance avec «Loop»

9 décembre 2016

Texte principal du billet

Loop, c’est son petit nom. Mais les deux concepteurs parlent plutôt de cette oeuvre d’art comme « des roues » ou « des machines ». Pas étonnant quand on sait que l’un d’eux se dit chanceux, à 36 ans, de gagner sa vie en faisant des Lego et que l’autre rêvait d’en faire le design lorsqu’il était gamin. Peu importe comment vous l’appellerez, cette installation interactive lumineuse et sonore sera au centre de la septième édition de Luminothérapie, qui illumine la place des Festivals jusqu’au 29 janvier.

Le concept? Treize zootropes lumineux et musicaux dans lesquels vous pouvez monter et que vous actionnez grâce à un mécanisme. À l’intérieur, vous y verrez, comme dans un mini dessin animé, des images tirées de contes pour enfants.

Rencontre avec les concepteurs et créateurs de Loop : Jonathan Villeneuve, artiste patenteux, et Olivier Girouard, compositeur et directeur d’Ekumen.


Comment vous est venue l’idée de Loop?

Olivier Girouard : Jonathan revenait de Berlin, où il avait visité le Musée des technologies. Il y a vu toute sorte d’inventions mécaniques, dont le zootrope, cette roue inventée avant le cinéma qui anime des images. Puis, au fil de nos recherches, nous avons décidé de la placer en position verticale. Nous avons donc amalgamé trois éléments mécaniques : la draisine à levier (ce petit chariot à actionner sur rail popularisé dans Bugs Bunny), la boîte à musique et le zootrope. Nous avons trouvé l’idée et conceptualisé le projet une semaine avant le dépôt des candidatures!

Jonathan Villeneuve : Notre invention me fait penser à la Chimère, cette bibitte mythologique à trois têtes née d’une fusion de divers univers. J’aime cette machine hybride une peu inclassable. Est-ce un jeu? Un objet de projection? Un luminaire? En regardant les éditions précédentes de Luminothérapie, nous avons constaté que les installations participatives, mais aussi collaboratives où il y a une action concertée des participants pour arriver à un résultat sont parmi les projets qui avaient le mieux fonctionné – à nos yeux – et nous croyons, auprès du public.


À tout ça s’arrime une trame narrative qui s’inspire des contes classiques et pour enfants...

O.G. : Nous avons choisi de travailler avec les zootropes et l’idée de l’animation nous est venue. Nous avons approché la boîte de design Ottoblix, avec qui j’avais déjà travaillé, qui s’est chargée des visuels et de la trame narrative. Ils ont conçu de courtes boucles de quelques secondes qui évoquent des thèmes ou des personnages du conte. C’est plus figuratif que narratif.

Vous êtes le duo à la base de ce projet, mais Loop a mobilisé une équipe importante.

O.G. : Il y a environ cinquante personnes qui ont travaillé avec nous à la réalisation de Loop au cours des six derniers mois. C’est impressionnant! Plusieurs ont déjà travaillé sur Luminothérapie. Ils savent donc ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Nous nous sommes servis des forces et de l’expertise de chacun. C’est primordial dans ce type de projet.

J.V. : Loop n’est pas l’œuvre d’une personne, mais bien d’une équipe. Travailler en équipe, c’est beaucoup de négociation, mais étonnamment, nous avons fait très peu de compromis sur le contenu. L’oeuvre dessinée est très semblable au résultat final.

Quels défis ont été les plus difficiles à surmonter?

J.V. : L’échéancier! Faire tout ça en six mois, c’est tout un défi!

O.G. : La mécanique a pris beaucoup de place, car elle est complexe, mais il y a toujours moyen de résoudre les défis techniques.

J.V. : Les défis humains sont plus importants. Gérer 50 personnes qui pensent différemment, ça, c’est du travail!

Créer pour l’espace public, qu’est-ce que ça change dans votre approche ou la conception d’une installation?

J.V. : La place des Festivals fait partie du réseau des grandes places publiques mondiales. Sortir des galeries et des musées permet de penser autrement et de rejoindre un public différent. Ces gens-là veulent être happés, dans leur quotidien, par quelque chose qui sort de l’ordinaire. Notre travail est de leur offrir quelque chose qui a du sens tout en les étonnant.

O.G. : J’avais déjà travaillé dans l’espace public, mais pour un public plus ciblé – théâtre déambulant, performances de rue. Avec Luminothérapie, l’oeuvre a beaucoup plus d’ampleur. Habituellement, je travaille dans l’urgence et je peux trouver des solutions jusqu’à la dernière minute. C’était un peu différent avec une machine du genre; il fallait tout prévoir et être très rigoureux à chacune des étapes de conception pour répondre aux problèmes liés à l’utilisation dans l’espace public – les intempéries, la sécurité, la résistance des matériaux.

Maintenant que Loop est créée et offerte aux Montréalais, que souhaitez-vous pour votre installation?

O.G. : Nous en parlons comme une œuvre d’art, mais d’autres la décrivent comme un manège. L’électricien parle quant à lui d’un luminaire! Tout le monde a raison. Certains visiteurs voudront y monter, « crinquer » la poignée, avoir du plaisir avec l’installation. D’autres vont préférer la regarder de loin. Plein de possibilités d’émerveillement!

J.V. : Nous sommes allés au bout de notre vision. Maintenant, nous voulons découvrir comment les gens vont la recevoir, l’aborder. Ça peut devenir complètement autre chose que ce que nous avions en tête, en fait! Et c’est ce qui est intéressant. Nous voulons voir comment chaque personne pourra relier l’expérience à sa propre vie.


Découvrez les coulisses de la création de Loop en visionnant les capsules vidéo.


Luminothérapie
Place des Festivals
Du 8 décembre au 29 janvier
Inauguration publique le 7 décembre

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