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«Maëstro» ou l’art de faire danser les eaux

5 mai 2016

Texte principal du billet

Que diriez-vous de prendre le contrôle de la fontaine de la place des Festivals? Et bien, votre vœu est exaucé! Du 5 au 29 mai, vous pouvez diriger un orchestre réinventé sur des airs classiques connus grâce à l’installation interactive Maëstro. Vous n’avez qu’à saisir la baguette de chef et… à vous laisser aller! Plus vous y mettez du cœur, plus les jets devant vous se donneront en spectacle. Avez-vous ce qu’il faut pour prendre part à ce concert poétique?

Nous avons rencontré les concepteurs et codirecteurs artistiques d’ATOMIC3, Félix Dagenais et Louis-Xavier Gagnon-Lebrun, qui nous en disent un peu plus sur leur œuvre interactif de retour pour une deuxième année dans le Quartier des spectacles.

Comment est née Maëstro?

Félix Dagenais : En 2013, le Partenariat du Quartier des spectacles nous a approchés pour concevoir un système de contrôle des fontaines de la place des Festivals. L’idée était de permettre à des concepteurs et des artistes d’utiliser ce système pour interagir avec la fontaine.

Louis-Xavier Gagnon-Lebrun : Nous avons conçu un prototype où les jets étaient contrôlés par les touches d’un piano ou l’intensité de la voix. Plus la voix était forte, plus le jet montait. C’était amusant! Le Partenariat y a vu un potentiel et, en 2014, nous a demandé de concevoir une installation participative pour le grand public.

Qu’est-ce qui vous a mené vers le concept de chef d’orchestre?

F.D. : L’idée du piano était intéressante, mais il y avait un délai entre le son du clavier et la réaction du jet contrôlé par une pompe. Ce n’est pas possible d’avoir une réaction instantanée avec le système de fontaine. Nous voulions que les gens aient un plus grand sentiment de contrôle sur la fontaine. Nous avons alors pensé au chef d’orchestre.

L.-X.G.-L. : En faisant des recherches, nous sommes tombés sur la vidéo d’un jeune 5 ans qui s’amuse à diriger une pièce de Wagner avec énormément d’énergie et de passion. C’est ça que nous voulions susciter chez les participants. Nous voulions que les gens s’expriment et aient du plaisir comme ce garçon!


Comment fonctionne l’installation Maëstro?

F.D. : Le participant tient dans ses mains une baguette sur lequel il y a des capteurs et se positionne devant le lutrin muni d’une caméra. Elle reconnaît l’ampleur des gestes et transmet les informations au système de contrôle de la fontaine et c’est ce qui permet d’interagir avec les jets. Plus la personne est expressive dans ses mouvements, plus la hauteur des jets et le volume de la musique seront amplifiés.

L.-X.G.-L. : Chacune des pièces de musique classique proposée est associée à une chorégraphie de la fontaine. Les jets centraux sont très importants, il s’agit de l’orchestre. Les autres, au nord et sud de la place, agissent comme un chœur et viennent ponctuer la chorégraphie. Pour Les Toréadors, extrait de Carmen de Bizet, par exemple, nous avons séparé les jets en deux groupes qui se répondent au rythme de la musique. Les gens ont vraiment l’impression de contrôler un orchestre de jets d’eau!


Qu’est-ce qui vous a surpris après la première édition, l’an dernier?

F.D. : Nous étions étonnés de voir à quel point les gens endossaient le rôle de chef d’orchestre. Quand ils se retrouvaient au lutrin, ils se laissaient emporter et c’était très beau à voir! Et tant d’enfants se sont amusés et ont découvert la musique classique. C’était très gratifiant de les voir utiliser instinctivement l’installation.

L.-X.G.-L. : Nous nous sommes aussi rendu compte que Maëstro est plaisante autant pour les personnes qui performent que pour celles qui regardent. Même si vous n’avez pas envie de monter derrière le lutrin, vous pouvez pleinement apprécier le spectacle!

Est-ce que l’enthousiasme du public vous a inspiré à apporter des modifications à l’expérience de Maëstro, pour la présente édition?

F.D. : Absolument, nous avons continué à enrichir l’expérience! Nous avons donc poussé l’interactivité un peu plus loin en isolant le jet central de la fontaine. Pour qu’il atteigne son paroxysme – une hauteur de 10 mètres –, l’apprenti-chef doit garder un certain degré d’intensité. Il y a aussi un tapis sur lequel les gens peuvent sauter afin d’ajouter une ponctuation musicale, par exemple une cymbale et un jet d’eau surprise jailli.

L.-X.G.-L. : Nous avons aussi une nouvelle pièce au répertoire. Le Can-Can d’Offenbach s’ajoute ainsi aux œuvres Les Toréadors de Bizet, la Symphonie no5 de Beethoven et la Valse des fleurs tirée de Casse-Noisette de Tchaïkovski. Ce sont toutes des pièces que le public connaît bien. Tout le monde peut ainsi anticiper les mouvements.

Quels défis avez-vous dû surmonter en cours de route?

L.-X.G.-L. : Travailler avec la fontaine a effectivement apporté son lot de défis! Gérer les délais de réaction des jets tout en offrant une expérience intéressante au public, c’est du sport! Plusieurs idées ont dû être écartées parce que le délai entre la commande et la réaction était trop grand. Il faut vivre avec ces contraintes et les utiliser à notre avantage. C’est ainsi que nous devenons créatifs.

F.D. : Le grand défi avec une installation interactive est en effet de composer avec le degré de participation de chacun des utilisateurs. Cette année, nous avons donc choisi d’ajouter des niveaux de difficulté. Il y a un animateur pour Maëstro et il peut donc ajuster le niveau de difficulté selon la personne qui se trouve aux commandes. Tout le monde a alors le sentiment de contrôler pleinement les jets de la fontaine, même les tout-petits!

MAËSTRO
Du 5 au 26 mai
Sur la place des Festivals

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