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Leçon de programmation musicale avec les Francofolies de Montréal

15 juin 2015

Texte principal du billet

Comment réussit-on à créer une programmation de festival attirante pour le grand public et inspirante pour les artistes? Après 27 éditions, les Francofolies de Montréal ont certainement eu la chance d’approfondir la question! Pour Laurent Saulnier, le Vice-président programmation et production de l’événement, il faut d’abord se mettre en mode découverte. Et, écouter. Puis, il ne faut jamais cesser d’échanger avec les interprètes et les musiciens pour continuer à les accompagner au fil de leur carrière. Bref, il faut aimer les artistes.

Rencontre avec Laurent Saulnier, Vice-président programmation et production pour les Francofolies de Montréal.


Comment se porte la scène musicale francophone et comment cela influence-t-il la vitalité des Francofolies?

Depuis 27 ans, nous réussissons à présenter un festival de haut calibre. Pour nous, c’est assurément un signe que la scène musicale va bien! Il y a un renouvellement constant d’artistes de talent et de jeunes qui viennent ainsi se greffer aux vieux routiers. Ce mélange est intéressant pour les Francofolies. Par exemple, il peut arriver que nous présentions dans une même soirée la chanteuse Juliette Gréco, Kevin Parent, un musicien ayant 20 ans de métier ou des débutants comme Philippe Brach. Nous aimons retrouver les artistes fidèles du festival. Ils arrivent avec un nouveau disque, de nouveaux projets et c’est un immense plaisir de les accueillir à chaque occasion. Afin de renouveler le bassin d’artistes, nous écoutons tous les nouveaux albums qui sortent, nous assistons à plusieurs concerts. Cette réalité musicale, nous permet de dresser la meilleure programmation qui soit en trouvant un équilibre entre les générations et les genres musicaux.

Comment les Francofolies de Montréal se différencient-elles des événements du genre en Europe, comme à La Rochelle, en France, ou à Spa, en Belgique?

Nous sommes les seuls à proposer une programmation 100 % francophone. Ailleurs, certains groupes font des spectacles en anglais. Nous ne pouvons pas – et ne voulons pas – aller dans cette direction. Ce n’est pas notre mission et le public ne souhaite pas, pour la grande majorité, entendre chanter dans une autre langue lors d’un festival dédié à la musique francophone! Ensuite, les Francofolies de Montréal portent une attention toute particulière aux découvertes musicales, aux jeunes artistes qui démarrent. Nous voulons donner un coup de main à ces artistes-là, de la même façon qu’ils nous donnent un coup de main en jouant aux Francos. L’échange avec les artistes, puis avec le public, c’est essentiel pour nous.

Le hip-hop occupe une place importante dans la programmation. Qu’est-ce qui explique cette histoire d’amour avec le genre?

Ça fait longtemps que nous travaillons avec la communauté hip-hop et que nous lui donnons la place qui lui est due. Nous sommes de loin le festival généraliste proposant le plus de hip-hop. En Europe francophone, durant quelques années, ce sont les artistes hip-hop qui offraient les projets musicaux les plus intéressants; pensons à IAM, à Oxmo Puccino, à Grand corps malade. À mes yeux, c’est ce style qui a assuré la survie de la musique francophone et si le public jeune, les 12-25 ans, écoute de la musique en français aujourd’hui, c’est grâce au hip-hop. Au Québec, pendant longtemps, le hip-hop n’a pas été considéré à sa juste valeur. Cette année, avec le spectacle de Koriass donné vendredi soir sur la place des Festivals, c’était la première fois qu’un artiste 100 % hip-hop jouait sur la grande scène. C’est assez révélateur de l’évolution du genre. Présenter du hip-hop pour un grand événement extérieur gratuit, ce n’est plus une exception à la règle! Koriass, nous l’avons vu grandir aux Francos, il a fait son chemin et il était rendu à cette étape de sa carrière. Jusqu’à la clôture des Francofolies, il sera possible de voir en spectacle extérieur gratuit plusieurs autres artistes hip-hop : Monk.e (16 juin), Boogat (16 juin), Alaclair Ensemble (17 juin), JP Manova (18 et 19 juin) et Samian (18 juin). Nous assumons et sommes super contents !

Auriez-vous des exemples d’artistes que les Francofolies ont vu grandir et comment les accompagnez-vous?

Prenons trois grands du festival : Éric Lapointe, Kevin Parent et Pierre Lapointe. La première fois qu’ils ont joué aux Francofolies, ils offraient un spectacle extérieur gratuit suite à la sortie de leur premier album. Ils ont grandi avec le festival. À chaque étape de leur carrière, ils viennent nous voir. Par exemple, depuis une dizaine d’années, nous avons accompagné Pierre Lapointe dans la création de plusieurs productions et concerts originaux. C’est difficile de dire non aux idées nouvelles que nous apporte un artiste aussi talentueux que lui! Il y a ces trois artistes, mais nous aurions pu en nommer beaucoup d’autres, de là l’importance d’accorder de l’attention aux découvertes. Chaque année, il y a de 20 à 30 artistes et groupes qui présentent leur premier spectacle officiel pendant les Francos. Du lot, il y en a qui auront une carrière fructueuse. Je ne peux pas prédire lesquels, car en plus d’un coup de pouce des Francofolies, beaucoup d’autres facteurs expliquent le développement et la longévité d’une carrière. Par contre, le pari est drôlement intéressant! Puis, dans 20 ans, nous serons fiers d’affirmer que nous avons été les premiers à les avoir!

> Francofolies de Montréal

Jusqu’au 20 juin

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