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Musée à ciel ouvert : 8 nouvelles murales dans le Quartier des spectacles

28 octobre 2014

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Après avoir réalisé plus de 60 murales à Montréal dont une vingtaine dans le Quartier des spectacles, l’organisme MU peut déjà se vanter d’avoir rempli sa mission d’embellir la ville et de déclencher des transformations sociales sur les lieux de ses interventions. Mais MU n’a pas l’intention de s’arrêter là. Sa directrice rêve d’une ville aux 100 murales et de transformer Montréal, une murale à la fois. Huit nouvelles murales ont d’ailleurs été inaugurées la semaine dernière sur l’avenue Savoie - aussi appelé l’allée des bouquinistes - située derrière la Grande Bibliothèque.

Rencontre avec Elizabeth-Ann Doyle, cofondatrice et directrice générale et artistique de MU.

Comment la création d’une murale devient-elle un catalyseur de mobilisation locale?

Prenons l’exemple des Habitations Jeanne-Mance, où nous avons réalisé pas moins de 12 murales. Il y a 10 ans, on peut dire que c’était un HLM qu’on préférait contourner plutôt que traverser… Aujourd’hui, c’est un lieu résidentiel qui se démarque et que l’on reconnaît. Même les autobus de touristes s’y arrêtent pour des prises de photos! Il y a moins de déchets, moins de vandalisme… Il y a eu un changement de perception et les œuvres d’art ont contribué à cela. La beauté attire la beauté. Nos murales sont souvent le début d’une série de gestes d’embellissement. Nous suscitons de la fierté chez les résidents qui prennent ensuite le lieu en charge. Partout où nous intervenons, nous invitons les acteurs locaux (résidents, commerçants, propriétaires) à s’impliquer.

En quoi les projets de MU se différencient-ils des autres murales?

Nous nous inscrivons dans une démarche d’art social, où des valeurs telles que l’éducation, l’inclusion et le développement durable sont au cœur de notre mission. MU est un organisme de bienfaisance qui comporte un volet éducatif lié à sa mission. Nous offrons des ateliers d’art mural pour les jeunes de 13 à 17 ans qui visent plusieurs objectifs : persévérance scolaire, expression artistique, impact citoyen dans l’espace public, découverte des métiers artistiques… Pour chaque murale qui est créée dans l’espace public, nous en réalisons une autre dans un centre communautaire, une maison de jeunes ou un camp de jour. Nous offrons aussi des emplois rémunérés à une douzaine d’étudiants en arts chaque été.

Quel est votre souhait pour l’art mural à Montréal?

Montréal n’est pas la ville dans le monde où l’on compte le plus de murales. Philadelphie et Lyon, pour ne nommer que celles-là, sont loin devant. Mais au Canada, nous pourrions facilement devenir la capitale de la murale. Montréal est reconnue comme étant la ville aux 100 clochers; j’aimerais qu’on parle de la ville aux 100 murales! Nous avons largement dépassé ce nombre si l’on compte toutes les initiatives – légales ou non – dans la métropole. Mais j’aimerais que MU atteigne le chiffre des 100 murales réalisées. C’est mon objectif de legs pour Montréal. Surtout à l’approche de 2017 [fin du plan d’action Montréal métropole culturelle et 375e anniversaire de la ville]. J’aimerais que les murales soient reconnues parmi les nombreuses signatures de notre ville. Notre culture ne passe pas que par les lieux de diffusion. Il faut aussi avoir des œuvres pérennes dans l’espace public que les gens peuvent apprécier au quotidien. Le Quartier des spectacles réussit bien cet équilibre d’ailleurs. On se demande souvent quoi faire avant un spectacle. Pourquoi ne pas faire un parcours d’art public?

Quelles sont vos murales «coup de cœur» dans le Quartier des spectacles?

D’abord, l’ensemble des 12 murales (6 peintes, 6 en mosaïque) des Habitations Jeanne-Mance. Nous avons travaillé avec les résidents et nous avons véritablement réussi à changer positivement ce secteur.

Ensuite, la murale du TNM. Parce qu’elle est très belle et, surtout, innovante, grâce à son éclairage qui lui permet d’avoir une vie la nuit. J’aimerais d’ailleurs qu’on éclaire davantage nos murales.

Finalement, l’œuvre sur Paul-Émile Borduas sur la place éponyme (ancienne ruelle Émery). C’est la toute première murale de la série Hommage aux bâtisseurs culturels montréalais qui compte maintenant 10 œuvres. Elle a été un vecteur de changement important dans le Quartier latin. Ce passage était insécurisant et très souvent vandalisé. La murale a permis plusieurs interventions de revitalisation (requalification, changement du mobilier urbain et de l’éclairage, autorisation d’aménager des terrasses). Cela démontre que nos projets fonctionnent.

Et vous venez de faire une intervention majeure sur l’avenue Savoie (entre la rue Ontario et le boulevard de Maisonneuve) qu’on appelle aussi l’allée des bouquinistes…

Nous venons de créer une nouvelle collection : Mur à mots, qui compte huit murales. L’objectif est encore le même : revitaliser le secteur, changer les perceptions, animer la rue et créer un passage plus intéressant et moins inquiétant dans le pôle est du Quartier des spectacles, qui devient de plus en plus une destination en soi. Les huit murales, réalisées par onze artistes de la relève, rendent hommage à la littérature. Il y a des clins d’œil, entre autres, à Joséphine Bacon, et Rumi, alors que Dany Laferrière fait maintenant partie de la collection des Bâtisseurs culturels.

mumtl.org

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