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Le génie de Norman McLaren célébré dans le Quartier des spectacles

11 avril 2014

Texte principal du billet

Norman McLaren est l’un des plus grands cinéastes d’animation au monde. Picasso aurait dit en voyant un de ces films : « Enfin quelque chose de nouveau dans l’art du dessin ! ». Pourtant, tous ne connaissent pas son œuvre. Pour souligner le 100e anniversaire de sa naissance, l’Office national du film du Canada (ONF) et le Partenariat du Quartier des spectacles ont donc décidé de lui faire une grande place au cœur de la ville. Du 11 avril au 1er juin, sept façades de vidéoprojection du Quartier seront animées par des créations contemporaines inspirées de son œuvre et une huitième présentera un survol de ses films phares.

Parmi ses sept lieux, quatre présentent des films lauréats d’un concours international (voir encadré) et trois, se font le théâtre d’œuvres interactives majeures signées par des artistes montréalais.

Rencontre avec les artistes derrière ces œuvres interactives: le cinéaste d’animation Theodore Ushev avec Iregular, les artistes multidisciplinaires Melissa Mongiat et Mouna Andraos de Daily tous les jours et le musicien et DJ Kid Koala avec Mike Wozniewski de Hololabs.

PR-HommagesNorman

Mélissa Mongiat, Mouna Andraos, Theodore Ushev, Mike Wozniewski, Daniel Iregui, Kid Koala. Photo : Pedro Ruiz

Diagonales Le Pigeon

Diagonales. Photo : Le Pigeon

Diagonales Theodore Ushev et Iregular Inspirée des films Lignes verticales (1960), Lignes horizontales (1962) et Synchromie (1971) Grande Bibliothèque

Quel est le concept de Diagonales?

Nous avons créé un monolithe, une sorte d’intelligence artificielle à la 2001, l’Odyssée de l’espace. Installé devant la Grande Bibliothèque, les gens peuvent le gratter, le toucher, le frapper pour activer les projections et le son. À la blague, je dis que c’est un peu le cerveau de McLaren, car il permettra de générer sans fin des combinaisons de sons et d’images uniques. McLaren grattait ses pellicules pour créer ses films; le public pourra gratter le monolithe pour créer à son tour.

Diagonales est une œuvre monumentale…

Pour symboliser le génie de McLaren, nous voulions présenter une œuvre énorme. La structure en acier brut pèse 1 tonne et mesure trois mètres de haut. Les projections se font sur deux façades de la Grande Bibliothèque. C’était important pour nous de faire ressentir l’énergie qu’il y a à l’intérieur du lieu, de faire sortir ce dynamisme à l’extérieur, avec l’œuvre.

Que représente Norman McLaren pour vous?

Theodore : Je suis cinéaste à l’ONF et nous ressentons toujours son influence. Il a tout dicté. Son apport est extraordinaire. Pas seulement pour ceux qui font de l’animation, mais pour tous les cinéastes. C’est un grand honneur de pouvoir lui rendre hommage de la sorte.

McLarena Martine Doyon

McLarena. Photo : Martine Doyon

McLarena Melissa Mongiat et Mouna Andraos de Daily tous les jours Inspirée par le film Canon (1964) Abords du métro Saint-Laurent

Pourquoi avoir choisi le film Canon réalisé par McLaren et Grant Munro?

Dans Canon, on découvre par l’image le principe du canon musical. La troisième partie du film, où l’on voit Munro faire des mouvements qui sont répétés, nous a fascinées. Cela nous a donné l’idée de permettre au public de reproduire la chorégraphie sous le principe du téléphone arabe.

Dans McLarena, vous conviez donc les gens à une grande chorégraphie interactive en canon?

Tout à fait. Nous voulons recréer, dans la rue, le film Canon avec le public! Un studio d’enregistrement a été aménagé dans un conteneur qui est installé aux abords du métro Saint-Laurent. En résultera une sorte de Macarena, d’où le nom de notre œuvre. La première personne à entrer dans la danse reproduira la chorégraphie de Grant Munro. La suivante imitera les gestes de la personne qui l’a précédée et ainsi de suite. Nous avons souhaité jouer avec la notion d’erreur, qui est présente dans le travail de McLaren. Mais l’extrait montrant la chorégraphie originale sera régulièrement intégré dans la boucle afin que la danse initiale ne soit pas complètement dénaturée.

Vous avez par ailleurs réaménagé les abords du métro Saint-Laurent.

Oui. Nous avons souhaité créer un îlot de convivialité, en ayant un peu en tête ce que nous avons réussi à faire sur la promenade des Artistes avec les 21 Balançoires. Il y aura une petite terrasse afin que les gens puissent regarder l’œuvre confortablement. Le métro Saint-Laurent est un lieu de passage, qui avait besoin d’un peu d’amour. Il fallait trouver une façon pour que les gens choisissent de s’y arrêter.

Phonophotopia Martine Doyon

Phonophotopia. Photo : Martine Doyon

Phonophotopia Kid Koala et Mike Wozniewski de Hololabs Inspirée par le film Dots (1940) Théâtre Maisonneuve

Comment fonctionne Phonophotopia?

Mike Wozniewki : Le principe est de créer des sons avec des images, comme le faisait McLaren. Le public est invité à déposer des objets sur un convoyeur  qui symbolise la bande d’un film, lequel est situé sur l’Esplanade de la Place des Arts. Ces objets voyagent sur cette surface roulante jusqu’à un senseur qui déclenche une note. Une image est aussitôt projetée sur la façade du Théâtre Maisonneuve. L’endroit où l’objet est placé sur le tapis roulant, le nombre d’objets et leur couleur déterminent les notes qui seront entendues. Le public pourra ainsi s’amuser à « contrôler » les sons et les images. Nous souhaitions que la chose soit très expérimentale pour le public.

Pourquoi avez-vous choisi Dots comme inspiration?

Kid Koala : Avec ce film, McLaren a exploré la notion de son optique. C’était encore très expérimental et il a été un pionnier dans le domaine. En grattant la pellicule, il a découvert qu’il pouvait influencer non seulement l’image, mais également le son. Comme j’utilise le scratch en tant que D.J., cela me parlait vraiment.

Vous avez composé la trame sonore. Comment se différencie-t-elle de vos œuvres habituelles?

Kid Koala : Je suis habitué à faire danser les foules dans les clubs! Cette fois, je créais une pièce pour ma première installation d’art public en plein centre-ville. J’ai voulu composer quelque chose de calme, d’atmosphérique, de méditatif. C’était important pour moi de ne pas agacer les gens.

montage 4 facades

Photos : Martine Doyon

Quatre œuvres internationales

À la suite d’un concours international lancé par l’ONF et le Quartier des spectacles, quatre œuvres ont été choisies pour être projetées dans le cadre de l’événement McLaren Mur à mur : Color.rythmetic de Christo Guelov (Espagne) à la place de la Paix, The Baby Birds of Norman McLaren de Mirai Mizue (Japon) au Centre de design de l’UQAM, Co existence de Léna Babadjian (France) au cégep du Vieux Montréal et Dix anagrammes autour de Norman McLaren de Delphine Burrus (France) au clocher de l’UQAM. Par ailleurs, sur le pavillon Président-Kennedy de l’UQAM, Panorama présentera des extraits de neuf œuvres phares de McLaren.

 

McLaren Mur à mur Du 11 avril au 1er juin

Publié le 11 avril

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