Contenu

Entre les rangs : un champ de lumière en plein centre-ville

12 décembre 2013

Texte principal du billet

Depuis quatre ans dans le Quartier des spectacles, Luminothérapie donne une bonne dose de réconfort et d’émerveillement aux Montréalais et aux visiteurs grâce à des installations artistiques et interactives grandioses. Cet hiver, sur la place des Festivals, c’est au tour de la firme Kanva d’éclairer le quotidien des passants avec Entre les rangs, une métaphore sur le champ de blé, qui scintillera jusqu’au 2 février.

Rencontre avec Rami Bebawi, cofondateur de Kanva et concepteur d’Entre les rangs en collaboration avec Udo Design, Boris Dempsey & Pierre Fournier, Patrick Watson et Côté Jardin.

Boyce_Cindy_QDS_04_5749-788x525.jpg Rami Bebawi. Photo : Cindy Boyce

Comment a germé l’idée d’Entre les rangs?

Dans tout projet du genre, il faut s’inspirer du site et non imposer une idée à un site. Pour nous, la place des Festivals est un lieu remarquable. C’est un lieu long et étroit, vide en hiver, en plein milieu de la ville, qui nous a fait penser aux rangs établis par le régime seigneurial, en Nouvelle-France, et qui divisaient les lots de terre. Nous avons trouvé intéressant le lien avec l’agriculture, le champ et les saisons.

Entre les rangs, c’est quoi exactement?

Nous avons voulu profiter des phénomènes naturels du site, tel le vent. Entre les rangs s’est donc imposé comme un champ lumineux balayé par le vent. Ce sont 28 500 tiges flexibles de différentes hauteurs coiffées d’un réflecteur sur 25 000 pi2 qui créent différents parcours. À ce champ tout blanc, nous avons intégré le point rouge, un clin d’œil à la signature du Quartier des spectacles, qui aide à donner de la profondeur à l’œuvre. Différents éléments d’éclairage balayent doucement le site pour recréer le lever ou le coucher du soleil, par exemple. Le but est de plonger les gens dans un univers extra-urbain. C’est une parenthèse dans la ville.

Pour y parvenir, vous avez ajouté une trame sonore signée Patrick Watson.

Oui, Patrick est quasi voisin de notre atelier et il a vu notre maquette alors que nous réalisions des tests. Il a trouvé le projet intéressant. Quand est venu le temps de travailler à la trame sonore, il s’est tout de suite porté volontaire. Il a donc créé une composition qui met de l’avant les cordes, en référence aux tiges qui se balancent. Vingt haut-parleurs sur le site projettent la musique qui est régulée par le vent. C’est-à-dire que la musique monte d’un cran quand le vent souffle plus fort. Avec les tiges qui créent aussi des sons en se cognant les unes aux autres, cela se transforme parfois en une tempête sensorielle.

Boyce_Cindy_QDS_22_5929-788x525.jpg Patrick Watson, concepteur musical d'Entre les rangs. Photo : Cindy Boyce

Est-ce votre première installation du genre? Kanva est à la base une firme d’architecture n’est-ce pas?

C’est la première de cette ampleur. Mais depuis quelques années, nous aimons mêler art et architecture. Il y a un contraste intéressant entre l’architecture, faite pour durer, et l’art, qui prend parfois une forme éphémère, surtout dans des installations comme Entre les rangs. Ces projets nous permettent d’ouvrir nos œillères, de penser plus librement. Ça nous permet aussi d’expérimenter. Pour Entre les rangs, nous avons beaucoup travaillé sur la lumière avec Udo Design. Ça va certainement influencer nos prochains projets d’architecture.

Pourquoi avez-vous décidé de soumettre une idée pour le concours Luminothérapie?

C’est un concept que nous trouvons particulièrement intéressant. La thématique est simple, mais offre une grande liberté. Ce genre de projet nous permet également de travailler de concert avec des gens de différentes disciplines, ce qui est extrêmement nourrissant. Que ce soit pour l’éclairage, la musique ou l’installation, il faut laisser la place aux artisans qui ont le savoir-faire pour s’assurer d’une collaboration positive. À la base, notre idée, ce n’est qu’une tige! L’équipe l’a portée à un autre niveau.

Par ailleurs, le fait de pouvoir exposer le public à une œuvre est un grand privilège. Offrir une telle plateforme comme terrain de jeu aux créateurs est précieux. Mais aussi, pouvoir offrir et rendre accessible l'art contemporain au grand public est encore plus important. Transformer un objet du quotidien, un réflecteur, en champs lumineux nous permet de percevoir la réalité de façon différente. Comprendre la référence historique qui a donné forme à l'installation permet au public de s'approprier davantage l'oeuvre.

Entre-les-rangs-place-des-Festivals--credit-photo-Cindy-Boyce-3 Entre les rangs. Photo : Cindy Boyce

Comment Entre les rangs aura un impact sur les passants, justement?

Je prends plaisir à m’asseoir près de l’œuvre pour observer les gens. D’abord, ils prennent des photos et ensuite, ils s’engouffrent dans les chemins, les mains dans les poches. Ils sont dans un univers paisible. Avec les tiges, c’est comme s’ils étaient protégés.

Quelle image vous vient en tête quand vous pensez au Quartier des spectacles?

Le Quartier des spectacles, c’est un bouillonnement de créativité, d’art, de lumière. Il y a là une volonté de s’occuper de sa ville et de la faire rayonner.

Luminothérapie Kanva

Publié le 12 décembre 2013

Retour à la liste des billets