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Le documentaire, loin d’être ennuyeux!

14 novembre 2013

Texte principal du billet

Jusqu’au 24 novembre, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) battent leur plein. En plus d’une programmation riche en courts et longs métrages, le festival propose des discussions, des concerts et une installation interactive au cœur du Quartier des spectacles. Sans compter la venue de Gael Garcia Bernal!

Rencontre avec Roxanne Sayegh, directrice générale des RIDM

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Les RIDM ont accueilli près de 40 000 festivaliers l’an dernier. Qu’avez-vous fait pour faire connaître le festival davantage?

Nous sommes plus présents tout au long de l’année avec différentes activités. Par exemple, tous les mois à l’Excentris, de gros films sont présentés en première montréalaise. Nous allons également dans les écoles : de septembre à juin nous projetons dans une quarantaine d’établissements. Puis, l’été, nous travaillons avec Cinéma sous les étoiles pour présenter des films dans les parcs.

Cette année, pour le festival, nous avons aussi travaillé fort. Nous recevons un invité spécial, Gael Garcia Bernal, qui est très impliqué dans le milieu du documentaire et connu pour son engagement social. Il viendra présenter Who is Dayani Cristal ?, un film qui traite de l’immigration latino-américaine clandestine aux États-Unis qu’il a produit et dans lequel il joue aussi.

Nous essayons de briser le mythe voulant que le documentaire soit un genre ennuyant et réservé aux intellos. C’est un genre passionnant qui rejoint le public de façon beaucoup plus directe que les fictions, car on y traite des vraies choses.

Nous souhaitons aussi faire du festival une expérience qui va au-delà des films projetés. Nous présentons ainsi une vingtaine de concerts de groupes montréalais émergents, en partenariat avec M pour Montréal et Pop Montréal entre autres.

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Gael García Bernal

Pour la première fois, vous présentez aussi une installation interactive en plein air dans le Quartier des spectacles…

Oui, c’est une autre façon de faire connaître les RIDM. Au coin de Saint-Laurent et de Maisonneuve, les festivaliers peuvent apprécier Les Pédaliers à images (jusqu’au 24 novembre, de 17 h à 23 h). À l’aide d’un des six pédaliers, les gens activent la projection de courts métrages sur grand écran. Vingt-quatre films peuvent être visionnés. La vitesse de projection dépend de la vitesse de la personne qui pédale. Ça apporte une réflexion sur le temps et le mouvement, deux concepts à la base du cinéma. L’endroit est près de tous les lieux du festival : la Cinémathèque québécoise, le Cinéma du Parc, l’Excentris, notre Quartier général (coin Saint-Urbain et Sherbrooke) et le Monument-National. Ça crée un écosystème où les gens se déplacent à pied d’un point à l’autre.

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Les Pédaliers à images. Photo : Mimi Zhou, RIDM

La programmation étant très imposante, quelles sont les clés pour s’y retrouver?

J’incite les gens à aller voir les films où les cinéastes sont présents. C’est ce qui fait la force des festivals : la rencontre entre les créateurs et le public. Je propose aussi d’essayer différents types d’activités : une projection, un concert, une conférence, l’installation des Pédaliers à images.

Il y a aussi trois rétrospectives à ne pas manquer. Premièrement celle sur Marcel Ophuls, cinéaste franco-allemand, une légende du cinéma documentaire, qui nous fait l’honneur, à 86 ans, d’être avec nous. Ensuite, il y a celle sur le Sensory Ethnography Lab de Harvard. L’an dernier, leur film Leviathan a jeté par terre le milieu du cinéma. Nous avons eu envie de nous intéresser à cette équipe d’anthropologues qui font du cinéma depuis sept ans. Finalement, la rétrospective sur Strip-tease, une série télé documentaire belge, présentera 16 épisodes tirés d’une collection de près de 900 films.

Ho_tel-Terminus-Marcel-Ophuls-788x529.jpg Hôtel Terminus de Marcel Ophuls a reçu l’Oscar du meilleur film documentaire en 1989.

Leviathan-Lucien-Castaing-Taylor-Ve_re_na-Paravel-788x443.jpg Leviathan de Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel

Strip-tease-01-Marco-Lamensch-788x528.jpg Strip tease 01 de Marco Lamensch

Quelles sont les thématiques qui seront abordées cette année au festival?

Il y a autant de sujets que de films (135 films venant de 43 pays). Beaucoup traitent de sujets d’actualité, comme l’exploitation des ressources naturelles, les droits des autochtones, des femmes et des enfants, les changements climatiques ou de récents conflits. D’autres sont des retours sur l’histoire (colonisation, Seconde Guerre mondiale). Il y a aussi des films plus légers, plus drôles comme des portraits d’artistes inspirants, des films ludiques comme Dusty Stacks of Mom, dans lequel une artiste filme la collection d’affiches musicales de sa mère. L’artiste en question, Jodie Mack, viendra faire une performance karaoké pendant la projection (17 et 19 novembre).

Comment se porte le documentaire québécois?

Il y a de nouveaux regards qui émergent. La génération qui fait des documentaires depuis une trentaine d’années trouve ça davantage difficile que la nouvelle génération, car la quête de financement a beaucoup évolué. Avant, le financement était plus régulier et plus important. Aujourd’hui, il y a beaucoup moins d’argent réservé à ce genre. Les producteurs indiquent qu’ils travaillent avec les mêmes budgets qu’il y a 10 ou 15 ans.

Ça pousse tout le monde à être ingénieux, à penser un réseau de financement alternatif. On fait, entre autres, appel au public à travers des campagnes de financement en ligne. Ça a contribué à l’émergence du web documentaire, du documentaire interactif. Le Canada est l’un des précurseurs dans le domaine. Le festival consacre d’ailleurs un volet aux web docs. Sept films sont présentés en navigation assistée avec les créateurs.

Qui sont les nouveaux talents à suivre au Québec?

Khoa Lê, qui présente Bà Nôi (grand-maman), un portrait sur sa grand-mère au Vietnam. Laura Bari, qui témoigne dans ses films des perceptions singulières d’individus aux corps différents. Dans Ariel, elle présente un homme de 33 ans ayant perdu ses jambes. David Dufresne, webdocumentariste, qui propose Fort McMoney, un portrait de la «ville pollution» de Fort McMurray, en Alberta.

Quelle image vous vient en tête quand vous pensez au Quartier des spectacles?

Une explosion d’activités! C’est un point convergent dans la ville où se concentre une panoplie de talents.

Rencontres internationales du documentaire de Montréal

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