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À qui la rue?

3 mai 2012

Texte principal du billet

par Félix Larose

Vers les dix heures, la manifestation emprunte l'avenue du Président Kennedy. Entre la faculté des sciences de l'UQAM et la Place des Arts, les étudiants se jettent comme des gamins en récréation sur les 21 Balançoires de Mouna Andraos et Mellissa Mongiat. Sur une voie, sur le terre-plein, puis sur l'autre voie, les étudiants scandent en cœur. "À qui la rue? À nous la rue!"

Ce qui est vrai pour les manifestants l’est aussi pour les artistes, et depuis la bombe Banksy, les créatifs de l’urbain ont développé un langage propre pour se réapproprier l’espace public.

« Dans la rue, tout me semble écrit. La ville est une architecture d’écriture » écrivait Le Clézio.

Aujourd’hui, on tricote des habits aux bornes fontaines, on fait du jardinage illégal, et on peint en trompe-l’œil n’importe quel item qui s’y prête. D’autres anonymes, de par le monde, ont décidé d’accrocher des balançoires, les installant tantôt sous un panneau publicitaire, tantôt sous la structure d'un pont.

"Quand tu essaies de cibler des problématiques sociales et de remettre certains comportements en question, la galerie n'est pas toujours un lieu idéal ", précise Mouna Andraos. S'abstenant bien de prendre position dans le conflit étudiant, toute enseignante qu'elle est, elle se dit toutefois heureuse de voir les gens s'unir pour faire bouger les choses.

C'est que la prémisse de cette installation, légère et ludique à en décrocher un sourire aux lèvres du premier ministre Harper, cadre fort bien avec le contexte d’un mouvement comme celui des carrés rouges.

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En collaboration avec Luc-Alain Giraldeau, professeur et chercheur spécialisé en étude du comportement animal, les deux créatrices ont voulu travailler l’idée de la coopération dans cette œuvre récemment acquise pour de bon par le Quartier des Spectacles. "L'idée, c'est que les gens peuvent accomplir plus ensemble que chacun individuellement."

Les balançoires en mouvement produisent des sons qui, lorsqu’activés par plusieurs personnes en même temps, composent une musique. En y ajoutant des lumières sous les fesses, l’appel devient irrésistible, tout comme le besoin d’entamer la discussion avec les voisins de palettes.

Certaines oeuvres sont couchées sur la toile. Encadrées comme des reliques, il faut connaître leur langage pour les comprendre. 21 balançoires est une pièce aussi vivante que ceux qui s’y lance, aussi vraie que la rue elle-même. Elle existe en nous par nous, le peuple anonyme qui se découvre le temps d’une bonne swing.

Les 21 balançoires seront en place jusqu’au 3 Juin.

Vous pouvez aussi contribuer vos photos ou vidéos sur Twitter, Instagram, Youtube ou Flickr en utilisant le mot-clic #21b. Les images ainsi partagées se retrouvent sur le microsite des 21 Balançoires!

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