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Un petit pas pour l'homme, un petit pas de plus pour l'humanité

2 septembre 2011

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C'est jeudi dernier que la promenade des Artistes du Quartier des spectacles de Montréal était baptisée par l'exposition supraterrestre de Guy Laliberté, fondateur du Cirque du Soleil et premier touriste québécois dans l'espace. Faites place à Gaïa.

Par Joëlle Robillard
En juin 2009, lorsque Guy Laliberté a annoncé qu'il embarquerait à bord de la fusée russe Soyouz pour une balade de 12 jours dans l'espace, il  fit certes plus d'un envieux. Quel être humain « normal » peut se permettre d'accomplir des rêves aussi grands (valant quelques 35 millions de dollars)? Eh bien aux grands hommes les grands moyens, cet ancien clown de rue s'est fait, par la même occasion, porteur d'un enjeu planétaire : la préservation de l'eau. Par le biais de l'art et au profit de l'organisme de sensibilisation ONE DROP, dont il est le fondateur, il rassemble les photos qu'il a prises durant son voyage  (clichés saisis à plus de 350 km du globe), et en fait un livre d'art. Soixante des photographies de ce livre son installées en format géant tout au long de la promenade des Artistes, se transformant en chemin de la découverte de la Terre.

Ouvrage artistique, création scientifique ou projet à caractère social? La réelle utilité de cette aventure pourrait en rendre quelques-uns septiques, mais devant les spectateurs émus et en écoutant s'enthousiasmer Guy Laliberté, le doute laisse place à l'admiration.

Le premier public de l'exposition semble unanime face aux images de la Terre qu'il arrive à peine à discerner (est-ce un cratère, une belette ou une marre d'eau?). « Je pourrais regarder ça pendant des heures, à cause du détail, du mouvement », explique un homme face au golfe de la Californie qui apparaît sous la fluidité des nuages. « Ça semble avoir été travaillé au pinceau, les contours, les traits sont incroyables », s'exclame une autre observatrice devant un second tableau. Rappelant les toiles fougueuses d'André Masson ou de Jackson Pollock  (Kazakhstan, bord du lac Tengiz, Désert du Sahara au Soudan) ou les tableaux aux lignes organiques et géométriques de Jean Arp (Bassin Qaidan, Chine), le globe terrestre nous apparaît comme une véritable œuvre d'art.

C'est justement en constatant la réaction de ses proches, lorsqu'il leur a présenté ses photos, que Guy Laliberté s'est mis à penser au projet. « L'émotivité que les gens avaient m'a donné un peu plus de courage pour partager ça. », dit-il, visiblement nerveux du résultat d'un travail de longue haleine qui donnera le ton, espère-t-il, à une collectivité active pour la préservation des ressources terrestres. « Il faut prendre conscience qu'on est 7 milliards de personnes et que nous n'avons pas tous les mêmes privilèges. », ajoute-t-il en assurant que tant les entreprises que les individus devraient déployer des efforts vis-à-vis des enjeux environnementaux.

S'il a eu l'extraordinaire avantage de flotter parmi les étoiles, il a aussi eu l'intelligence d'en faire profiter une bonne cause. Qui plus est, l'exposition, en première mondiale ici à Montréal, redore le Quartier des spectacles de couleurs éclatantes et d'un caractère éducatif. Chaque image est accompagnée d'une explication historique, sociale et environnementale. Pour l'éveil d'une conscience poétique et humaine: bonne balade! Jusqu'au 10 octobre 2011.

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