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21 BALANÇOIRES musicales d'Andraos et Mongiat sur la promenade des Artistes

18 avril 2011

Texte principal du billet

21 BALANÇOIRES est un exercice de coopération musicale, à mi-chemin entre le mobilier et le jeu. Cet instrument collectif a été créé par les artistes-designers Mouna Andraos et Melissa Mongiat, les récipiendaires de la Bourse Phyllis-Lambert 2010, bien connues dans le domaine des nouveaux médias. Luc-Alain Giraldeau, professeur de comportement animal à la Faculté des Sciences de l’UQAM, a également participé à la conception.

Par Marie-Pierre Bouchard

D’abord, il faut savoir que 21 BALANÇOIRES est situé sur la promenade des Artistes. Ce nouvel espace urbain relie la place des Festivals au Parterre, le long de Maisonneuve et de Président-Kennedy. Longtemps, cet endroit se situait en plein coeur de ce que les Montréalais s’amusaient à appeler le «chantier des spectacles»! Ce printemps, on assiste enfin au rétablissement des communications sur cet axe très achalandé, et c’est l’occasion pour les Montréalais de se l’approprier.

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La promenade des Artistes, c'est la place #2 sur cette carte

Sur la promenade des Artistes, les 21 BALANÇOIRES seront disponibles pour les passants qui souhaitent se prêter à une expérience coopérative musicale, à la fois ludique et poétique, pour le simple plaisir de la chose.

Intrigant? Définitivement. Invitant? Absolument! À quelques jours de la première, je me suis entretenue avec les deux designers de 21 BALANÇOIRES.

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Crédit photo | Varial Studios

***

Comment s’est élaboré le concept?

Mouna Andraos (M.A.) : Il y a la Place des Arts d’un côté, et le Pavillon des Sciences de l’UQAM de l’autre. C’était la situation idéale pour faire un pont entre les arts et les sciences.

Melissa Mongiat (M.M.) : La première question à se poser lorsqu’on travaille avec l’environnement urbain et son contexte, c’est: qui circule ici? Des étudiants, des professeurs de sciences, les gens qui travaillent à la Place des Arts, et le grand public.

M.A.: On s’est directement inspiré des sept structures érigées sur la promenade (qu’on appelle les vitrines événements). Celles-ci serviront notamment comme kiosques pour les festivals ou comme lieux d’exposition.

M.M.: Ces vitrines ont été le point de départ. Nous avons voulu jouer avec ce nouveau mobilier urbain, l’utiliser de manière surprenante!

Qu’est-ce qui vous a inspiré l’idée des balançoires?

M.M.: Il y a, de par le monde, tout un mouvement autour des balançoires. C’est une manière pacifique de s’approprier l’espace public. Ça se voit un peu partout dans les grandes villes, maintenant. Quand on a vu les vitrines, on a eu envie d’y d’accrocher des balançoires afin d’offrir une opportunité ludique aux passants, entre deux corridors de trafic.

Comment fonctionnent les 21 BALANÇOIRES?

M.M.: Chaque balançoire représente un instrument à découvrir. Selon la manière de se balancer, on déclenche différentes notes.

M.A.: Pour faire de la musique, il faudra être plus qu’un. Et pour faire évoluer cette musique, il faudra communiquer avec son voisin d’une manière ou d’une autre!

M.M.: Il devra nécessairement y avoir une forme d’entente entre les gens, par le regard, par les réactions, par l’ajustement... Ce que les gens vont entendre va dépendre de ce que tout le monde va y faire. Et c’est là que, pour nous, c’est fascinant: on est en plein centre-ville, les passants ne se connaissent pas, et on a hâte de voir comment ils vont réagir et coopérer!

Le professeur Luc-Alain Giraldeau, qui étudie le phénomène de la coopération chez les animaux, s’est porté volontaire pour travailler avec vous. En quoi ses connaissances de biologiste se sont-elles concrétisées dans le projet 21 BALANÇOIRES?

M.M.: Mouna et moi travaillons en environnement interactif: dans un espace public, on installe des instruments étranges que les gens ne connaissent pas, et on essaie de voir comment ils vont apprendre à s’en servir intuitivement, grâce aux indices qu’on leur donne. Il y a des chevauchements entre notre démarche artistique et la pratique de Luc-Alain. On partage la même vision de la coopération, du jeu, de l’apprentissage.

M.A.: Lorsqu’un biologiste souhaite apprendre quelque chose à un animal, il lui donne des indices au fur et à mesure qu’il se rapproche de la compréhension. On a trouvé des liens très drôles entre les méthodologies que lui développe avec les animaux, et le travail que nous on fait avec le public humain!

M.M.: À la base, se sont des patterns de comportements. Et nous, on joue avec les comportements des gens: on pique leur curiosité, et on leur donne des indices pour comprendre comment utiliser ce qu’on leur propose.

M.A.: Luc-Alain a vu, dans notre désir de créer des projets de groupe, des parallèles avec ses travaux sur la coopération chez les animaux qui forment des sociétés. Ceux-ci coopèrent, car ils sont plus fort en groupe. On a voulu démontrer comment un groupe d’individus peut travailler ensemble pour créer quelque chose de plus grand que s’ils travaillaient individuellement. Ici, la musique sera le fruit de cette coopération.

Et à quoi ressemblera cette musique?

M.A.: On a opté pour un son plutôt classique, car on pense que ça plaira au grand public. C’est aussi un clin d’oeil à l’OSM, qui aura bientôt pignon sur la Promenade. On aimait l’idée d’équilibrer notre installation très high-tech avec une sonorité classique.

M.M.: Le compositeur Radwan Ghazi-Moumneh a fait un extraordinaire travail de mise en musique. Il a littéralement créé un nouvel instrument, c’est lui qui donne la clé aux gens!

Quels effets croyez-vous que les 21 BALANÇOIRES procureront aux gens?

M.M.: J’espère qu’ils se laisseront prendre par la magie du spectacle qui prendra vie grâce à leur participation.

M.A.: Et la réflexion que ça suscitera chez les gens, comme quoi si on peut travailler ensemble dans ce contexte-là pour créer quelque chose de beau, ce serait peut-être le cas dans beaucoup d’autres contextes où on aurait intérêt à se regrouper pour mieux construire...

M.M.: Je pense aussi que 21 BALANÇOIRES peut améliorer le tissu social au Centre-ville. La coopération, c’est un besoin, dans tous les domaines! Il y a des tas de conférences à travers le monde, où il est démontré que les gens ont intérêt à travailler ensemble pour arriver à différentes fins. Nous, on trouvait intéressant d’appliquer le concept de coopération concrètement, mais d’une manière complètement poétique...

M.A.: Maintenant, on a hâte de voir si les gens vont se jeter à l’eau!

***

C’est avec enthousiasme que j’irai faire l’essai de 21 BALANÇOIRES lors du dévoilement de cet instrument de musique de 30 000 pi2 sur la promenade des Artistes, ce jeudi dès 17 h 30. Dès lors, les balançoires seront à la disposition du public tous les jours de 10 h à 23 h jusqu’au 23 mai.

Montréalais, on s’y retrouve pour une petite séance coopérative de jeu et de musique? C’est un rendez-vous!

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